Colère des agriculteurs : le gouvernement « comprend » mais ne fait rien !

manif agriculteurs

Pour la quatrième nuit de suite, depuis le 17 janvier, les agriculteurs ne contiennent plus leur colère et bloquent de nombreux axes routiers. L’A64, entre Toulouse et Saint-Gaudens, l’A62 à l’ouest de Montauban, le péage de Perpignan, un autre blocage au niveau de Tarbes, un autre dans le secteur de Lauterbourg, au nord de l’Alsace… Autant de points de pression sur le secteur routier français afin d’engager un dialogue avec le gouvernement. L’effort n’est pas vain, puisque le président de la République a enjoint les préfets à aller à la rencontre des agriculteurs ; et son Premier ministre, Gabriel Attal, face à sa première crise depuis sa prise de fonction à Matignon, recevra le syndicat FNSEA ainsi que les Jeunes Agriculteurs, ce lundi 22 janvier à 18 heures.

Charges fiscales trop lourdes, normes environnementales trop contraignantes, hausse des coûts de production non répercutée sur les produits en grandes surfaces, interdictions de pesticides permis dans des pays concurrents, projet d’entrée inquiétante de l’Ukraine dans la PAC… Les agriculteurs ne peuvent plus vivre de leur activité. Ils nourrissent le pays mais se meurent. En effet, selon La France agricole, en 2022, un éleveur laitier gagne en moyenne 25.100 euros par an. Ce qui représente moins de 2.100 euros par mois (le SMIC mensuel est fixé 1766,92 bruts).

Le gouvernement sourit aux agriculteurs...

Face à cette détresse, le gouvernement se montre solidaire. La porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot a ainsi déclaré, sur CNews : « La colère des agriculteurs est légitime. » À son tour, le ministre de l’Économie, après avoir annoncé une hausse du coût de l’électricité, confie au 20 Heures de TF1 que les agriculteurs « ont totalement raison d’être en colère ». Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a appelé à répondre à la colère des agriculteurs « de manière puissante »… Gérald Darmanin, quant à lui, affirme qu’il n’est pas prévu d’évacuer l’A64. Le soutien aux agriculteurs par le gouvernement est unanime.

… mais ne leur tend pas la main

Comprendre, c’est bien. Agir, c’est encore mieux. Quelles mesures sont effectivement prises par le gouvernement pour aider ces agriculteurs qui vivent en permanence la corde au cou, inquiets de leur fin de mois ? Si la PAC a pour vocation première de contrôler les prix et les subventions visant à moderniser et à développer l’agriculture – la PAC représente 40 % du budget de l’Union européenne, selon GreenPeace -, il n’en demeure pas moins que ces subventions ne suffissent pas, puisque la plupart des agriculteurs ne peuvent plus se contenter des revenus issus du travail de la terre. Plus d’un agriculteur sur trois est pluriactif. Ce chiffre s’élève à 41 % pour les travailleurs de plus de 40 ans.

À cette détresse financière s’ajoutent des réformes alourdissant les frais des agriculteurs. Parmi elles, la fin de la défiscalisation du gazole non routier. Selon Bruno Le Maire, « nous supprimerons la niche fiscale sur le gazole non routier tout simplement pour faire basculer notre fiscalité d’une fiscalité brune – c’est une fiscalité qui incite à consommer des énergies fossiles, donc c’est mauvais pour le climat – à une fiscalité qui valorise les investissements verts ». Malheureusement, si la transition est requise, peu de solutions sont proposées aux agriculteurs qui se sentent abandonnés.

Pris en étau entre l’indifférence de l’État, l’ingérence étouffante de l’Union européenne et les lobbys écologistes radicaux, antispécistes et végans qui mènent une chasse à l’homme effrénée, entre autres contre les éleveurs, diffusant des documentaires alarmants, maintenant sous l’eau ces éleveurs qui ne parvenaient déjà pas à en sortir la tête, les agriculteurs se dressent. Eux qui nourrissent la France prévoient, s’ils ne sont pas écoutés, de la bloquer.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 24/01/2024 à 14:03.
Raphaelle Claisse
Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

86 commentaires

  1. Je suis écœuré ! Je viens d’écouter les questions posées par des médias à des responsables syndicaux du monde agricole. Quel fossé entre ces questions et les préoccupations des agriculteurs. Nos médias sont déjà à geindre parce-que telle ville serait bloquée, combien de temps, tel marché (Rungis) ne serait pas approvisionné, tels français auraient des difficultés à se rendre à leur travail, etc . Mais que veulent-ils ces français ? Comme le disent les panneaux de ces agriculteurs « manger de la merde » ou manger des produits frais français? Veulent-ils une souveraineté alimentaire française ou dépendre de l’étranger qui nous livre ses produits trafiqués ? Sont-ils disposés à faire quelques sacrifices pour soutenir ce mouvement ou ont-ils déjà sorti leurs mouchoirs ? Les journalistes craignent une augmentation des produits mais n’interrogent surtout pas sur la répartition des marges à l’intérieur de la chaine alimentaire. Ils ne voient que leur portefeuille sans réfléchir sur les raisons de cette misère généralisée. Quelle pauvreté intellectuelle de ce monde médiatique ! Quelle individualisme monstrueux chez beaucoup de français . Peuvent -ils penser collectif un moment ? Cette France guimauve peut-elle se réveiller et accompagner ces agriculteurs ? C’est désespérant de soumission.

  2. C’est normale le gouvernement Français ne défend pas les travailleurs Français et le développement économique de la France ! Il obtempère à l’agenda de l’Union Européenne et du Forum économique de Davos ! Amitiés à tous Hervé de Néoules !

  3. Non ni le gouvernement ni l’opposition parlementaire ne comprend la crise agricole ! L’élément central c’est que chaque année la France perd 7000 agriculteurs. C’est une histoire multimillénaire qui est sur le point de s’achever. Certains veulent une industrie agricole et que des multinationales exploitent les terres du pays, le schéma ultime de la mondialisation que ne désencourage pas Bruxelles et qui séduit les lobbies écologistes car moins il y a d’agriculteurs plus c’est facile pour eux d’être influent. Si la terre de France n’est plus cultivée par les paysans, France n’en sera plus, nous serons un autre pays. C’est une crise existentielle qui couvre, le cri d’un monde rural voué à disparaître puisque certains aimeraient que la campagne soit des résidences secondaires des citadins. Quand une population sent qu’elle va être victime de génocide elle se mobilise et se bat. Quand une population sent qu’on est en train de l’effacer culturellement elle se mobilise et se bat. Le problème c’est que tous les groupes politiques à l’assemblée nationale n’y voient encore une fois qu’un aspect pécunier ou administratif tout au plus, soit par naïveté, soit par volonté cachée d’effacer cette histoire rurale et donc de donner de l’argent pour faire taire ce petit monde qu’on veut se débarrasser…

  4. «  il est urgent de ne rien faire » est la devise de ce gouvernement. Surtout quand il s’agit de se frotter à Bruxelles ou de se fritter avec l Allemagne . Alors Macron et son clone Attal vont laisser pourrir encore un peu , lâcher une aide comme on lâche une petite aumône dans une sébile. Et il faudra en plus dire merci .

  5. Fresneau à traversé la France pour réconforter cette famille deuil, mais part apporter des fleurs et des bougies à il donner quelque gêne de bonne fois à ces agriculteurs qui ne sont pas prêts a se contenter de belles parole qui ne pèsent rien.
    Et pendant que la crise gonfle, Jupiter nous parle de jeux olympiques, le petit à un nouveau jouet qu’il a piqué à hidalgo…
    Plus il attend pire ce sera, maintenant s’il faut qu’il sollicité l’accord de bruxelles nous aurons la preuve que la France n’est plus rien…
    Bruno pourrais abandonner sa taxe sur le carburant agricole, peut être qu’il peut pas rien que pour embêter Attal !

  6. Le problème est le mode d’attribution des aides , il y a quelques années avant le Brexit , j’avais lu , que les plus importants bénéficiaires des aides de Bruxelles , étaient la famille royale d’Angleterre et le prince de Monaco , heureux propriétaires de milliers d’hectares de terres agricoles . On doit trouver en France le même genre de nécessiteux , voir le CV de certains adhérents de la FNSEA.

  7. Concernant les contestations révoltes et manifs ambiantes pour la gravité Les gouvernants craignent surtout d’une part les étudiants d’autre part les agriculteurs , pour ce qui est des agriculteurs nous y sommes. Étant donné qu’ils sont pour la plupart propriétaire de leur bien personne ne les plaint, or il faut vivre à côté et la terre qu’ils possédent est leur employeur. Il travaillent plus que la plupart d’entre nous et actuellement on leur rend la vie de plus en plus difficile. Mal considérés mal rétribués ils font partie des mécontents comme en médecine dans l’enseignement ou ailleurs.
    «  je vous ai compris » ça ne suffit plus.

  8. Non seulement l’état ne fait rien ; n’a jamais rien fait ; et ne fera rien ! La FRANCE n’est plus souveraine ! C’est cette « europe » mortifère qui décide de tout . C’est des « technocrates  » de Bruxelles qui décident et disent aux agriculteurs ,quand ,comment et quoi planter dans leurs champs ! Comment voulez vous que ça marche ? C’est tout bonnement IMPOSSIBLE . Les agriculteurs n’auront rien de Macron et de son 1er ministre ; ce n’est plus eux qui décident ! Et en plus « ils » interdisent aux pêcheurs de ne plus travailler pendant un mois ; soit disant pour sauvegarder les dauphins .!!!! Si ça c’est pas prendre les FRANCAIS pour des demeurés , il faut m’expliquer . Pour les Espagnols pas de problème , eux peuvent continuer !!!!

  9. Nos braves agriculteurs devraient se méfier de la trop puissante FNSEA qui n’est rien d’autre qu’un cheval de Troie de l’Union Européenne qui est directement responsable de la perte de souveraineté alimentaire de la France!

  10. Il ne se passera rien tant qu’on n’ira pas les sortir de leurs palais à coups de fourche sans que les flics réagissent!

  11. Et pourtant, la solution est simple, mais il faut se désolidariser de Bruxelles et faire comme, Il y a 400ans, Sully ministre d’Henri IV qui répétait une phrase devenue célèbre :
    « Labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée, les vraies mines et trésors du Pérou ». Dans ce but, il proclame la liberté du commerce des grains, et abolit un grand nombre de péages qui sont autant de barrières entre les provinces, il ouvre de grandes voies de communication, et il fait creuser plusieurs canaux, notamment le canal de Briare qui relie la Seine à la Loire, commencé en 1604 et terminé en 164216 (il était capitaine des Canaux de France).

    Il va pousser les paysans à produire plus que nécessaire afin de vendre aux autres pays. Pour cela, il décide d’augmenter la surface cultivée en faisant assécher des marais. Afin de les protéger du fisc, il interdit la saisie des instruments de labour et accorde aux paysans une remise sur les arriérés de la taille. Il va aussi faire cesser la dévastation des forêts, étendre la culture de la vigne…
    Voilà ce qu’il faut faire, mais ce pouvoir aura-t-il le courage de le faire.(notamment en virant tous les pseudo-écolos qui hantent les ministères et les collectivités locales en étant constamment sur le dos de nos braves paysans.

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