Churchill, de Gaulle : quel scénario pour Macron ? Et Napoléon, on y a pensé, à Napoléon ?

napoléon sainte-hélène

Il paraît que la Macronie craindrait, en 2022, « un scénario à la Churchill-de Gaulle », rapporte Valeurs actuelles. D’emblée, notons qu’on ne va pas chercher ses références historiques au rayon des seconds couteaux dans ce petit monde. Tout de suite, on tape dans le haut de gamme, le millésimé, tant qu’à faire. Victor Hugo voulait être Chateaubriand ou rien. « Jojo se prenait pour Voltaire/et Pierre pour Casanova./Et moi, moi qui étais le plus fier,/Moi, moi, je me prenais pour moi », chantait Brel. On ne sait pas si Emmanuel Macron se prend pour Churchill, de Gaulle ou pour lui-même ; en revanche, on imagine un peu pour qui il prend les Français.

Mais c’est quoi, au fait, un « scénario à la Churchill-de Gaulle » ? Le « sang et les larmes », c’est fait, en plus light, avec l’évocation des « jours heureux » qui, du reste, tardent à revenir. Le « Je vous ai compris » aussi. Non, ce scénario, c’est celui qui consiste, pour le bon peuple, une fois la guerre gagnée, à remercier, comme on dit pour les domestiques que l’on vire.

Rappels historiques. La guerre à peine terminée, le 5 juillet 1945 se tiennent les élections législatives en Grande-Bretagne. Les premières depuis dix ans. C’est un raz-de-marée du Parti travailliste qui fait campagne sur la promesse d’un État-providence. Winston Churchill est renvoyé à ses études et à sa peinture. Il reviendra aux affaires en 1951.

Quant au général de Gaulle, c’est un peu différent. C’est là, d’ailleurs, que l’on voit que les connaissances historiques de ces gens-là sont assez approximatives. En effet, de Gaulle ne fut pas remercié mais démissionna, en janvier 1946, de ses fonctions de président du gouvernement provisoire de la République française en dénonçant « le régime exclusif des partis ». Le 16 juin de la même année, dans son discours de Bayeux, il traçait les grandes lignes de sa conception de l’organisation politique qu’il voyait pour la France, alors que quelques jours avant, le 2 juin, les Français avaient élu une nouvelle Assemblée constituante qui rédigera, durant cet été 1946, une Constitution consacrant le retour du régime parlementaire. Constitution approuvée par référendum en octobre par 53 % des Français. De Gaulle entamait sa traversée du désert. À l’époque, ça durait longtemps, une traversée du désert : douze ans. Aujourd’hui, tout allant plus vite, cela peut durer quelques mois, à peine. Un bac à sable n’est pas le Sahara.

Ces rappels historiques étant faits, vous allez me dire : mais quel est donc le rapport entre Macron, Churchill et de Gaulle, indépendamment des qualités de visionnaire de notre Président ? La guerre, voyons, la guerre. Car (on vous l’a dit et répété) nous sommes en guerre. Oui, d’accord, mais Churchill et de Gaulle l'avaient gagné, la guerre. Et pour Emmanuel Macron, pour l’instant, c’est pas gagné. D’ailleurs, le haut stratège macronien, auteur de cette évocation du « scénario à la Churchill-de Gaulle », explique bien qu’« il ne faut pas que Macron incarne la crise, pour ne pas se retrouver comme Churchill et de Gaulle après la guerre ». Là, ça va être un peu compliqué. Et, entre nous, on ne peut pas confondre destin et parcours professionnel. À un moment donné, faut souffrir un peu, pour avoir un destin.

Mais puisqu’on parle de souffrance, il est un scénario qui n’a pas encore été évoqué : celui à la Charles X. « Un roi qu’on menace n’a le choix qu’entre le trône et l’échafaud », se serait écrié notre dernier roi sacré . Ce à quoi Talleyrand lui aurait répondu : « Sire, Votre Majesté oublie la chaise de poste ! » Ce fut la chaise de poste. Enfin, en cette année de bicentenaire, bien évidemment, il y a le scénario à la Napoléon…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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