[Chronique] Remaniement : il faut que rien ne change pour que rien ne bouge

macron

Emmanuel Macron s’est donc amusé à jouer au chat et à la souris avec certains de ses ministres et ministricules pendant quelques jours, dévoilant par là une autre facette de sa charmante personnalité, une forme de sadisme puéril qui s’amuse des angoisses ministérielles. Que faut-il retenir de ce remaniement croupion ? Rien sur le fond. Les grandes lignes de la politique macroniste ne varieront pas. En revanche, certains choix révèlent l’état mental du système de gouvernement de la France, devenue « l’homme malade » de l’Europe qui semble promis, de façon inéluctable, au chaos et à la violence politique. Comme disait Bainville : « Tout cela finira mal ! » Au demeurant, aucune République française n’a bien fini.

Pour sourire, commençons par l’accès au nirvana ministériel de Mme Aurore Bergé, jeune femme à la larme facile et aux dents longues. Pur produit de l’UMP, un temps chouchoutée par Pierre Bédier, figure emblématique d’un certain style de politicien, la jeune femme cherchait frénétiquement un canasson politique lui permettant d’arriver. Macron fut celui-là. La dévotion et la flagornerie envers « Jupiter » ont fini par porter leurs fruits. Tant mieux pour elle. Tant pis pour nous. Ajoutons qu’elle possède une éminente vertu pour le système : une haine viscérale à l’égard du Rassemblement national.

Personne ne regrettera le très wokiste Pap Ndiaye, coup médiatique foireux de la précédente fantaisie présidentielle. Sur le fond, rien ne changera. Le wokisme est un pot-pourri d’idéologies de déconstruction, M. Attal les portera avec un autre style et sous un autre angle. Pour la forme, il insistera sans doute sur l’ordre et la discipline à l’école car l’opinion publique le souhaite. Nos politiciens ont bien retenu les mots de Mirabeau : « Les Français sont comme les lapins, on les attrape par les oreilles. » Grande qualité pour Macron, ce jeune socialiste reconverti à la sauce macroniste est aussi inconditionnel que sa collègue nouvellement arrivée dans le saint des saints gouvernemental. Souvenons-nous du porte-parole qu’il fut, si zélé à nous assener les inepties administratives et gouvernementales durant la crise du Covid. Bref, le changement dans la continuité.

Le nouveau ministre de la Santé est emblématique des vices de la politique française. Tous les commentateurs se sont plu à souligner qu’il s’agissait d’un technocrate de gauche. Voilà qui n’est guère rassurant. La technocratie politicienne gouverne notre pays depuis des décennies. Chacun peut en constater le résultat. Autre « coquetterie » de M. Aurélien Rousseau : il fut communiste dans son jeune temps. Qu’aurions-nous entendu s’il avait été à l’Action française ou au Front national ! Mais dans la nomenklatura politico-médiatique française, avoir été communiste semble quelque chose de charmant et un peu folklorique. Rappelons seulement que les partis communistes ont semé de par le monde charniers et camps de concentration, supprimé toutes les libertés publiques et privé, ruiné des nations entières sur le plan économique, culturel et moral. Le bilan humain des régimes communistes, selon les estimations les plus modestes, s’élève à 100 millions de victimes au XXe siècle et, encore aujourd’hui, la Chine, la Corée du Nord, le Vietnam, le Laos et Cuba subissent ce régime totalitaire inhumain. Ce qui ne gêne aucunement les bonnes consciences de gauche ni celles des libéraux, à partir du moment où il est possible de commercer avec ces dictatures.

La chance du Parti communiste français est que Thorez ne se soit pas emparé du pouvoir en 1947. Si tel avait été le cas, la France aurait connu le même sort que toutes les « démocraties » populaires. Il n’en demeure pas moins que les communistes français ont été les complices intellectuels - et parfois plus, comme l’infâme Boudarel - des crimes innombrables commis par cette autre face du totalitarisme que fut le communisme.

Ce gouvernement, pas vraiment nouveau, indique simplement que Macron n’entend rien changer à sa politique et que le système qui conduit la France à sa perte persiste et signe dans ses errements idéologiques. Les Romains disaient « Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre ». Cet adage antique correspond, hélas, trop bien à notre situation. Les Français auront-ils enfin la force de réagir ?

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Il y a tout de même quelque chose qui bouge … La dette ne cesse d’enfler, le déficit commercial se développe à toute vitesse, l’insécurité explose, l’immigration nous submerge ! Si rien ne bougait, ce ne serait qu’un moindre mal …

  2. Aurore Bergé : « une haine viscérale à l’égard du Rassemblement national. » C’est illustrer son ouverture d’esprit. Il faut plaire à Madame pour obtenir droit de débattre. De la haute diplomatie ! Les communistes ? Leur bras armé, la CGT . Les colleurs d’affiches se souviennent de ses gros bras promptes à la bastonnade. Une autre forme de démocratie. Rien n’a changé si ce n’est qu’ils délèguent.

  3. Jadis…déjà sous la 5ème République….mais c’était jadis…le Président de la République chargeait un Premier Ministre de former son Gouvernement et de le présenter à l’acceptation ou non du Président qui la plupart du temps en acceptait la composition. Aujourd’hui c’est semble-t-il le président lui-même qui forme un gouvernement et le modifie à sa guise. Un premier ministre, et même une première ministre, ne sert rigoureusement à rien en France compte tenu de cette évolution. Mais c’est si flatteur d’être nommé premier ministre ! Voitures, personnels, chauffeurs, logements et tout et tout…l’impression d’être important ! Un rôle de première potiche en somme….mais quel bonheur de se voir si beau en son miroir ! Le penchant vers la dictature est déjà bien prononcé en France !

  4. Pourquoi personne n’accuse-t-il Monsieur Macron de racisme ? La bienpensance, dont lui-même fait partie, devrait crier au racisme après l’éviction de Monsieur Pap Ndiaye ! Mais non, c’est le grand silence, révélateur de l’hypocrisie de ceux qui entendent pourfendre un racisme bien souvent inventé et….c’est un comble…très sélectif.

  5.  » dévoilant par là une autre facette de sa charmante personnalité, une forme de sadisme puéril qui s’amuse des angoisses ministérielles. » Entre 5 et 7 ans, les enfants sont sadiques par nature et leur jeu favori est d’arracher les ailes des mouches. Mais avec l’âge, ils perdent ce défaut et deviennent civilisés. Tous sauf un.
    « La chance du Parti communiste français est que Thorez ne se soit pas emparé du pouvoir en 1947. » La malchance de la France est que ce déserteur, de retour de Moscou en 1945, ait été ministre d’Etat de de Gaulle, favorisant à fond l’infiltration de tous les rouages de l’Etat par des permanents communistes, puis les rendant inamovibles en instaurant le statut des Fonctionnaires. 80 ans après, ils sont toujours en place.

  6. Bonne question : « avoir la force de réagir » ??? indéniablement le pays nécessite des soins de réanimation dont, pour commencer, une piqûre d’optimisme ….pour ‘reconquérir’ sa vitalité : vous l’avez deviné, la création du mouvement ‘Reconquête’ (R. Zemmour) correspond à cette nécessité.

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