Les chercheurs en connaissent un rayon sur la radicalisation…

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Un certain François Burgat, directeur de recherche au CNRS à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM), a livré dans l’édition de Libération du 28 août son verdict concernant les attentats, après celui de Barcelone, dans un papier intitulé : "Antiterrorisme, où en est-on ?"

Deux facteurs ont vocation, selon lui, à en faire évoluer la fréquence : "les mesures sécuritaires d’une part, et le traitement de fond de la fracture qui nous sépare de leurs auteurs d’autre part" (comprendre : la nature erronée du traitement de fond). Nul doute, à la lecture du papier, que si les torts se situent d’un côté d’un seul, ce ne peut être de celui de l’islam : inutile, donc, d’avancer l’hypothèse saugrenue d’un islam nourrissant en son sein certaines des racines de cette "fracture". Postulat idéologique pur, donc, généralement ancré « à gauche », et dont la composante antiraciste, à défaut d'être de nature expressément religieuse, lui confère néanmoins valeur de « parole incréée », à l’image du célèbre Coran auquel, non plus évidemment, « l’on ne touche pas ». La boucle islamo-antiraciste ainsi bouclée, l’interdiction formelle de tout amalgame entre islam et violence préserve l’infaillibilité islamique, et inversement. Tout déviant subira, par ailleurs, une implacable mise à l’index ad hitlerum.

Cependant que les dépouilles de certains kamikazes sont subrepticement mises en terre dans tel ou tel carré… musulman, voire carrément rapatriées en terre… d’islam, et qu’après chaque boucherie halal subie en milieu urbain, l’infidèle - de préférence le plus laïcard qui soit quoique plus chrétien que le Christ lui-même - s’extasie en larmes, à tendre frénétiquement l’autre joue au bord d’une mer de bougies et dans un orgasmique "Vous n’aurez pas ma haine !" (précédé parfois d’un non moins inénarrable "Même pas peur !"). L’islam, bras ballants, bouche bée et généralement silencieux d'ailleurs, hormis deux pelés ou trois tondus, n’en demande certainement pas tant.

Puis à la catastrophe éditoriale du « fond » s’ajoute, par moments, celle de la « forme », et si la question n’est posée (par les soins de l’auteur) qu’environ en milieu de texte, à savoir "Asphyxions-nous les racines profondes du terrorisme ou les nourrissons-nous ?", l’on se demande, au fond, pourquoi elle l'est, tant la chronique ne semble qu’un exclusif plaidoyer en faveur du second postulat. Fin de la discussion.

Précédant cette noble question, l’auteur en formulait d’ailleurs une autre, livrée ici dans son jus, jugez plutôt : "Que faisons-nous vraiment pour affaiblir l’attractivité du rayon radical des multiples possibilités dont dispose un citoyen musulman pour s’approprier en politique son appartenance religieuse ?" J’ignore si l’auteur a consacré le même temps à concevoir sa phrase que moi à tenter (en vain) de la saisir : faut-il lire « rayon » d’un cercle ou « rayon » fruits et légumes de la supérette ? Au final, penchant pour la première hypothèse et dans un ultime sursaut mental, j’essayai d’estimer l’aire intellectuelle de cette quadrature du cercle, en multipliant son « rayon radical » au carré par pi (3,14 environ), soit r² x π = définitivement trop vaste pour mon cerveau rabougri.

En matière de massacres islamistes, une fois l’hypothèse psychiatrique écartée, à regret comme il se doit, ne subsiste donc que celle du "rayon radical des multiples possibilités". Dormez, les enfants, le CNRS veille et la recherche progresse.

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Silvio Molenaar
Nouvelliste.

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