Charline Avenel présente ses excuses… et joue les victimes

Capture d’écran
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Charline Avenel, l’ancienne rectrice de l’académie de Versailles mise en cause dans l’affaire du « courrier de la honte » envoyé aux parents de Nicolas qui s’est suicidé après un long harcèlement scolaire, a enfin rompu le silence dans une interview au Parisien Dimanche. Il faut croire que, du côté du gouvernement mais aussi de son nouvel employeur, le groupe Ionis, qui fait dans l’enseignement supérieur privé, on était peu soucieux de voir son nom cité à cette occasion. On lui aura démontré que la politique de l’autruche n’était pas tenable. Le Parisien révèle, en outre, que le même service juridique du rectorat envoyait balader les professeurs qui demandaient son assistance. « Cette énarque de formation a su gérer avec talent des situations de crise », se félicitait le groupe Ionis en saluant l’arrivée de Charline Avenel au poste de directrice générale…

Charline Avenel présente donc ses excuses aux parents de Nicolas et assure ne pas vouloir se défausser, même si la lettre « a été rédigée et signée par la direction des ressources humaines du rectorat » à un moment où elle-même et son adjoint étaient en vacances. Dans les murs du rectorat de Versailles, vrai petit bunker bien à l’abri des élèves agressifs et des parents mécontents, opérait donc un rond-de-cuir sadique ? Il s’agira de l’identifier. S’il n’a fait qu’appliquer des directives, il ne lui arrivera rien. Il doit y en avoir, des directives, puisque « l’académie est très attentive à la protection des enseignants » depuis le drame de Samuel Paty, se justifie Charline Avenel. Tout cela, ce serait presque de la faute de Samuel Paty. Ce n'est pas tout : les parents d’une fillette qui aurait subi des attouchements et qui se plaignaient du manque de réponse de l’institution se sont vus eux aussi menacés de poursuite par le rectorat, assure Le Parisien.

La victime ? Mais c’est elle !

Donc, Charline Avenel contre-attaque. À ceux qui lui reprochent d’être une « technocrate », « loin du terrain », elle rétorque qu’elle a, par exemple, visité les deux écoles incendiées à La Verrière, lors des émeutes. Sûrement plus pittoresque qu’une ordinaire et déprimante salle de classe moisie avec un prof et des élèves à l’intérieur. Ensuite, en matière de harcèlement, « nous nous sommes caractérisés par une politique de prévention, d’écoute et d’action très volontariste » – tu parles, Charles, elle-même cite le chiffre effarant de 600 signalements au cours de l’année écoulée, rien que dans son académie. Enfin, c’est elle la victime, dans cette affaire, « la proie d’une violente campagne de menaces et d’insultes sur les réseaux sociaux ». Pas folle, elle n’a pas appelé le 3020, le numéro dédié qu’elle recommandait aux parents d’élèves victimes de harcèlement : elle a porté plainte.

Beaucoup de gens la critiquent parce qu’elle est une proche d'Emmanuel Macron. Mais c'est faux, selon elle. Admettons, bien que dans une précédente interview au Parisien, elle se laissait présenter sans broncher comme « cette proche d’Emmanuel Macron ». Il n’est pas reproché à Macron d’avoir nommé une amie – on n’en finirait pas – mais d’avoir changé les règles de nomination pour lui permettre d’accéder au rectorat. Nuance.

Gabriel Attal à Versailles

L’interview accordée par Charline Avenel s’explique aussi par l’annonce de la visite du ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, au rectorat de Versailles, ce lundi 25 septembre. Le ton était donné : « Mon rôle, ce n'est pas de défendre à tout prix une institution. » Le genre de déclarations qui collerait des sueurs froides à des bureaucrates habitués à l’irresponsabilité, si elles étaient suivies d’effets. Attal a donc rencontré le successeur de Charline Avenel. Ils ont fait le point : « Sur l’année scolaire 2022-2023, 120 courriers dits "de réprobation" ont été adressés ; 55 d’entre eux semblent poser question. » Pourquoi ont-ils été envoyés ? Un audit le dira peut-être. Pour le reste, l’institution peut dormir tranquille. De Charline Avenel il n’a pas été question, lors de la conférence de presse. Bon à savoir : son successeur, Étienne Champion, est un énarque. De la promotion Léopold Senghor, c’est-à-dire celle d’Emmanuel Macron et de Charline Avenel. L’académie de Versailles est grande mais le monde est petit.

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Le « patron » doit savoir ce qui se passe dans son entreprise, le recteur dans son académie.Je cite Le Monde: » l’énarque assume sa différence, voire la cultive, depuis sa nomination par Emmanuel Macron – tous deux sont issus de la même promotion de l’ENA – à la tête de la plus grande académie de France ». Du coup rien ne nous étonne: ni l’amateurisme et l’incompétence, ni le comportement dans cette affaire. Lamentable.

  2. C’est fou le nombre de « ronds de cuir » qui signent pour leur supérieur hiérarchique même lorsqu’ils sont en vacances. Dans l’Administration, nous avons donc des responsables irresponsables qui ne savent même pas ce que font leurs subordonnés. Autant d’incompétence se doit d’être sanctionnée par une dégradation à un poste à leur hauteur: rond de cuir.

  3. Lorsque j’ai eu connaissance de ce fait, j’ai de suite pensé au jugement et à l’accusation que j’ai reçus par courrier en mars 2022 du Directeur de LA POSTE ! à propos d’un incident survenu le matin même  » action/réaction au top !! » entre moi et un de ses collaborateur comprenez « la factrice » d’une évidente mauvaise foi et incorrection, ce que je n’ai même pas eu le temps de justifier !!
    Comme pour le rectorat, un courrier m’invitant « à faire preuve d’une attitude plus convenable à l’égard de son collaborateur » etc etc mon insatisfaction ayant été manifestée de manière inacceptable !! ben voyons, qu’en savait’il Mr le Directeur ?? rien ! en fin du courrier il souhaitait me rencontrer , ce que j’ai réfuté puisque son jugement était déjà fait !
    Pas très belles les administrations que nous avons !!! et les directives qui sont données à leurs exécutants !!
    Nous payons très cher les manque et défaut d’éducation qui sévissent depuis au moins 3 générations !!!
    Ma mésaventure est bien sûre incomparable, mais les faits sont là ! il y a beaucoup beaucoup à revoir dans nos administrations , quelles qu’elles soient .

  4. Dans l’idéal, concernant les dignitaires des institutions publiques, la REVOCATION des indignes ne devrait être que l’unique solution !

  5. la véritable HONTE , Monsieur le Ministre ATTAL, c’est qu’aucune SANCTION (administrative ou pénale) ne sera mise en place, et…que cette association de budgétivores malfaisants pour le pays aura encore de beaux jours devant elle….

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