Carlos Tavares (Stellantis) : « La France a besoin de migrants. » Vraiment ?

@Alexander Migl/Wikimedia commons
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Carlos Tavares, qui lâchera les rênes de Stellantis (Peugeot, Citroën...) en 2026, remet une pièce dans le juke-box préféré de la gauche qui a tant joué la chanson de l’indispensable migrant. « Si la France doit continuer à accroître sa richesse et le mode de vie de sa population, elle a besoin de migrants », a-t-il lancé, sur LCI, ce dimanche 13 octobre. Stupéfaction...

 

Le Portugais Tavares est un grand patron de l’automobile. Il a fait figure de sauveur avant de se faire rattraper par la crise et les difficultés, ces dernières années. Que vient-il faire, soudain, dans le débat migratoire français ? « C’est un thème dont il ne parle jamais », témoigne, auprès de BV, le journaliste automobile de Challenges Alain-Gabriel Verdevoye, qui le connaît bien et le suit depuis longtemps. A-t-il subi l’influence du MEDEF, grand défenseur de l’immigration en France pour des raisons évidentes de coûts salariaux ? Pour ces patrons, qu’importe le désastre provoqué dans la société française par cet afflux migratoire incontrôlable et son cortège de drames.

Mais tout de même… Tavares est le mieux placé pour connaître l’évolution du secteur automobile, véritable tract contre l’immigration et la mondialisation.

Dégraissages massifs

Pour redresser l’entreprise, en quasi-faillite lorsqu’il en prend la tête en 2014, Tavares a en effet mené des plans de suppression de postes massifs en France, préférant produire dans les pays où la main-d’œuvre coûte moins cher : le Brésil, le Maroc ou la Turquie. Ainsi, selon Challenges, les salariés français de Stellantis sont passés de 126.000, en 2005, à… 47.000, fin 2022 !

Une coupe sombre parmi les salariés qui ne plaide pas vraiment en faveur du recours à l’immigration… Même si le même constructeur a embauché 1.050 salariés, l’an dernier, et 1.200, cette année, on reste loin des 126.000 postes de 2005. Le phénomène de dégraissage massif touche largement au-delà de Stellantis : Renault est passé de 70.000 salariés en France, au milieu des années 2000, à 38.160, en décembre 2022, poursuit le magazine économique. Et ce n’est pas fini : « Le cabinet Alix Partners prévoit une baisse des effectifs de 40.000 personnes environ entre 2022 et 2030 », assure, encore, Challenges.

L’industrie automobile tout entière est à l’avenant. C’était un point fort de l’économie hexagonale, un généreux pourvoyeur d'emplois et un savoir-faire traditionnel de la France de Louis Renault, d’André Citroën et de bien d’autres géniaux inventeurs de machines : la France produisait encore 3,6 millions de véhicules, il y a vingt ans. Depuis, l’Europe bienfaisante et la mondialisation heureuse ont fait leur office : en 2004, la France a construit… 1,37 million de véhicules, seulement. Résultat : l’automobile apportait un excédent commercial de 12,3 milliards d’euros à la France, en 2004, voilà vingt ans. Le même secteur a produit, l’an dernier… 20 milliards d’euros de déficit.

Quand Tavares attaquait l'UE...

Quel est l’intérêt de faire entrer des migrants en masse, avec le cortège de coûts et d’insécurité qui accompagne ces transferts de population ? Qui pousse à la roue ? Pourquoi Tavares entonne-t-il ce chant funeste dont il sait mieux que personne qu’il est faux ?

L’homme n’a pas toujours donné dans le lénifiant… En juillet 2023, le même Tavares attaquait la mondialisation et les conséquences d’une politique européenne suicidaire en faveur de la voiture électrique : « On doit digérer 40 % de surcoûts dus à l’électrification » imposée par Bruxelles, dénonçait-il. Et, en même temps, « on doit affronter la concurrence des marques chinoises qui ont des coûts inférieurs de 25 % » dans la voiture électrique. Il est, depuis, revenu sur ses attaques pour adopter la règle du jeu. Et servir, aujourd’hui, ce discours déconnecté sur l’immigration. Marie Le Pen a beau jeu d’attaquer, sur X : « Les "experts" découvrent aujourd’hui le cataclysme de l’industrie automobile française et européenne sur lequel nous alertons depuis des années ! Les folles décisions européennes et la complicité de nos dirigeants sont responsables de ce saccage historique et des conséquences sociales qu’il engendre ».

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

60 commentaires

  1. Il faut garder à l’esprit qu’être un grand patron aujourd’hui, c’est être un marchand de viande qui doit donner le minimum de salaires à ses esclaves, dont la provenance importe peu, pour donner le maximum de dividendes à ses actionnaires. A la chute de l’Empire Soviétique, le capitalisme occidental a perdu ses dernières prétentions humanistes en croyant triompher, mais la suprématie risque d’être de courte durée avec l’émergence de plusieurs challengers au sein des BRICS. L’éthique judeo-chrétienne qui nous distinguait de nos concurrents et modérait les profits a disparu, nous n’avons même plus cette excuse pour expliquer notre déclin.

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