Ce vendredi 31 janvier 2020 restera comme le « Brexit Day » dans les livres d’Histoire, une journée historique qui sera associée aux noms de Boris Johnson, Premier ministre, et de Nigel Farage, infatigable Brexiter. Les progressistes adeptes du sens irréversible de l’Histoire, toujours prêts à se réjouir de l’effet de cliquet, s’étaient pourtant déjà fourvoyé avec l’URSS, la RDA et l’ensemble des pays du bloc soviétique. Ce sont les mêmes qui nous disent qu’on ne pourra jamais revenir sur la PMA pour toutes, c’est-à-dire « le droit à » faire des enfants sans père.

Bon, oublions un temps les sujets qui fâchent et réjouissons-nous ! Les rues et les bâtiments officiels pavoiseront pour célébrer l'union des quatre nations du Royaume-Uni : Angleterre, Écosse, pays de Galles et Irlande du Nord. Drapeaux, lasers rouge blanc bleu dans tout le pays, l’Union Jack fera la fierté de tous.

Aujourd’hui, en attendant l’effondrement de « l’Union politique européenne », l’Angleterre reprend sa liberté comme elle seule avait eu le courage de la conserver, Dieu merci, en 1940. Cette année-là, mon grand-père Charles Martin ayant échappé à l’armée allemande à Dunkerque - sauvé par la flottille anglaise mobilisée par Churchill - rejoignit le général de Gaulle réfugié à Londres pour défendre l’honneur de la France dans les Forces navales françaises libres.

Que les amoureux de l’Angleterre se rassurent : par beau temps, on apercevra toujours les falaises des côtes anglaises, passé Boulogne-sur-Mer, à l’approche de Calais. Depuis le cap Gris-Nez, la vue porte jusqu’à Folkestone par temps clair, les falaises anglaises s’élèveront toujours au-dessus de l’horizon, presque à portée de main, et l’Angleterre sera là, comme dans ce film À nous les petites Anglaises, de Michel Lang avec, en bande-son, la chanson de Mort Shuman « Sorrow, sorrow since you left me » (Chagrin, quel chagrin depuis que tu m’as quitté).

Que le Français se rassure. Il pourra toujours traverser l’English Channel, avec sa carte d’identité jusqu’au 31 décembre 2020, puis avec son passeport mais sans visa pour les séjours de moins de trois mois, dans l’état actuel des choses.

Au-delà de la maîtrise de l’immigration grâce à l’adoption d’un système à l’australienne de sélection par points, ce sont des tracasseries bureaucratiques, des réglementations stupides de l’Union politique européenne dont se débarrassent les Britanniques, pas de leurs chers voisins français.

L’Union (politique) européenne, quant à elle, perd, après presque 70 ans d’élargissement constant, 13 % d’habitants, 5,5 % de sa surface, mais 15 % de sa puissance économique. Eh oui, quand je disais que l’Union européenne perdait la plus belle plume de son chapeau... La City de Londres, désormais deuxième place financière mondiale derrière New York City, laisse, à l’échelle européenne, Francfort à la quinzième place et Paris à la dix-septième. Quant à l’enseignement, sans le Royaume-Uni, donc sans Cambridge troisième et Oxford septième, le titre de meilleur établissement du supérieur selon le classement de Shanghai revient à l’université de Copenhague, classée vingt-sixième. Est-ce un hasard si le Danemark sera, sans doute, l’un des prochains pays à quitter l’Union européenne telle qu’elle est actuellement ? Quant à la France, Paris XI (37e) et l’université de la Sorbonne (44e). Sans commentaire...

Sur les White Cliffs of Dover (blanches falaises de Douvres) chantées par Vera Lynn, on devrait apercevoir un feu d'artifice et une banderole « Nous aimons le Royaume-Uni ». Nous aussi.

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30 janvier 2020 à 17:55

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