Bondy : ce que révèle « l’affaire Aymen » et que ne veut pas voir Éric Dupond-Moretti
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L’assassinat par balles du jeune Aymen, 15 ans, alors qu’il se trouvait avec son père dans les locaux de la maison de quartier de la rue Auguste-Blanqui à Bondy, est le parfait révélateur de ce qu’est devenue la délinquance des mineurs dans notre pays. Et les déclarations de M. Dupond-Moretti, selon lesquelles cette forme de criminalité n’aurait pas évolué depuis des décennies, ou bien encore pour qui le simple fait d’en parler suffirait à alimenter « le sentiment d’insécurité », n’y changeront rien. Car le constat qui s’impose désormais, chaque jour corroboré par les faits, est bien celui d’une délinquance qui augmente rapidement, qui est de plus en plus violente et qui concerne des communautés qui ont fait le choix de vivre selon leurs modèles culturels et non selon les lois de la République.
Le rajeunissement de l’âge d’entrée des mineurs dans la délinquance est incontestable. Il s’observe depuis le début des années 2000 et concerne principalement les jeunes de moins de 13 ans. De la même façon, toutes les études de terrain font apparaître une mutation sensible de la délinquance des mineurs qui, après avoir longtemps essentiellement concerné les atteintes aux biens, vise désormais plus fréquemment les atteintes aux personnes. Mais le plus inquiétant réside sans doute dans le fait qu’il est constaté que plus l’entrée dans la délinquance se fait précocement, plus les risques de récidive et d’ancrage dans le crime sont importants.
À ces phénomènes, déjà plus qu’inquiétants, s’ajoute celui des bandes qui sévissent dans plusieurs villes de France, à Paris et en région parisienne en particulier. Là encore, les dernières affaires qui ont été médiatisées ne représentent que la partie émergée d’un iceberg qui menace profondément notre société. Souvent constituées de mineurs et souvent communautarisées, elles s’approprient des espaces par la violence où elles font régner « leurs lois » au préjudice de l’ensemble des populations.
La problématique de la délinquance des mineurs est donc tout sauf un épiphénomène. D’abord, de par son ampleur qui ne cesse de prendre de l’importance, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Ensuite, sur l’avenir qu’elle semble dessiner pour notre société au sein de laquelle, dans de nombreux endroits, il sera de plus en plus difficile de vivre ensemble. Enfin, parce qu’elle révèle les fragilités d’un État, incapable, même à prix d’or, de trouver les bonnes réponses.
Mais « l’affaire Aymen » nous apprend également d’autres choses. En premier lieu, l’état de désensibilisation ou d’insensibilité dans lequel se trouve une certaine partie de la jeunesse. Ainsi, le fait de tuer le camarade avec lequel on fréquente la même maison de quartier et la même salle de sport n’est plus un problème. Et la futilité des motifs n’engendre pas le moindre questionnement. Bien plus, le fait d’avoir recours à un homme de main - en l’occurrence le grand frère - atteste bien de ce que le milieu familial, par essence instrument de régulation des affects, non seulement ne fonctionne pas, mais devient un lieu de complicité. En second lieu, la facilité évidente qu’il y a à se procurer une arme à feu. Certes, ce phénomène n’est pas vraiment une surprise, surtout dans certains quartiers. Il n’en demeure pas moins fortement préoccupant. Enfin, il y a ce que révèle cet assassinat au regard des règles édictées par la République. Il apparaît, une fois encore, que dans de nombreux milieux, l’impact culturel, même pour des jeunes nés français, reste prédominant jusqu’au point d’être le seul point de repère valable et suivi.
Dans ce contexte, il apparaît que la nouvelle loi portant réforme de la justice pénale des mineurs passe largement à côté de son sujet. Inspirée par une idéologie aujourd’hui dépassée, elle n’apporte, en l’état actuel des choses, aucune réponse pertinente au phénomène concerné. Se bornant, pour l’essentiel, à vouloir encadrer le jugement des mineurs dans des délais contraints, mais sans véritablement s’assurer que le fonctionnement de la Justice puisse suivre, elle évite les vraies questions. Ainsi, rien sur la fixation d’un âge légal pour la majorité pénale mais le maintien de la notion de discernement pourtant par trop subjective. Aucune annonce quant à la réforme désormais indispensable des services de la protection judiciaire de la jeunesse. Enfin, aucune mesure pour lutter contre la délinquance des mineurs étrangers isolés qui ne cesse de se développer et d’empoisonner le quotidien de nombreux Français.
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