Bis repetita : Marlène Schiappa « aime » un tweet traitant de « sous-merde » les manifestants anti-PMA

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Les manifestants de la Manif pour tous pourraient faire d’une phrase d'Un roman français de Frédéric Beigbeder leur devise : « J’ai bon dos, je suis la cause de tous les malheurs du monde, j’ai l’habitude, je suis catholique. »

Ils se font, bien sûr, conspuer par la gauche : ceux qui ont suivi, dimanche, la manif sur les réseaux sociaux ont vu sans surprise les seaux d’immondices habituels se déverser virtuellement sur la tête des manifestants, le « vivement la prochaine canicule » - compte tenu de l’âge moyen du manifestant, il serait plus raisonnable de tabler sur celle de l’été 2080 - étant à peu près le seul de ces aimables commentaires que la décence permet de reproduire ici…

Ils se font aussi, à l’occasion, toiser de haut par la droite. Oui, même celle qui partage leurs positions critique souvent leurs méthodes : ils sont trop ceci, pas assez cela, mais pourquoi ne font-ils donc pas comme ci ? Et quelle idée de faire comme ça ! Pourtant, jusqu’à preuve du contraire (notamment, comme le note le politologue Jean-Yves Camus, grâce au « maillage territorial des Associations familiales catholiques »), aucun autre mouvement constitué n'est capable de générer la même mobilisation : de l’aveu du patron d’Occurrence (qui reconnaît, au passage, que son matériel peine à comptabiliser les enfants, ce qui ici, pour la raisons susdite, n’est pas neutre), Marchons enfants a été « la manifestation de l’année ».

Puis, bien sûr, ils sont méprisés par les grands médias. « Je pensais que c’est la première chose dont les médias parleraient » : le patron d’Occurrence, encore lui, est surpris car, confie-t-il au magazine Famille chrétienne, « en proportion, cette manifestation est par exemple cinq fois supérieure à la marche pour le climat de septembre selon les chiffres du cabinet ».

Bref, ils ne sont pas susceptibles, ont la couenne dure et supportent généralement assez stoïquement tous les quolibets. Mais il y a des limites. De quel droit une secrétaire d’État, dans un gouvernement qui prétend lutter contre la haine sur les réseaux sociaux, viendrait-elle insulter vulgairement des Français qui usent démocratiquement de leur droit de manifester ?

La Manif pour tous, dans un communiqué de presse, dénonce avec indignation un nouveau dérapage de Marlène Schiappa : celle-ci, sur son compte Twitter, a « aimé » - c’est-à-dire apprécié, trouvé sympa, rigolo, juste, bien envoyé, bien troussé, enfin tout ce qui pousse à mettre un cœur rouge sur les réseaux sociaux - la publication d’un certain Alex Dimeck-Ghione, qui se présente comme « Team #MarlèneSchiappa #LREM #LGBT #vegetarian » et qui semble être un de ses proches dans la Sarthe, dépeignant la Manif pour tous tout en nuances : « conglomérat de sous-merdes, pas même bonne à faire pousser des champignons. Vous êtes de la même engeance que les salafistes et devez être considérés avec la même crainte ».

Il est à craindre, hélas, que le doigt de la secrétaire d'État n’ait pas ripé, car il y a des précédents : en février dernier, dans une interview accordée à Valeurs actuelles, elle avait parlé de « convergences idéologiques » entre LMPT et les « terroristes islamistes » (avant de présenter ses excuses…). En septembre dernier, elle avait également « aimé » un tweet traitant d'« abruti » Albéric Dumont, porte-parole de la Manif pour tous.

Quant à elle, en revanche, elle ne manque pas de dénoncer très régulièrement, captures d’écran et mines de rosière outragées à l’appui, les insultes (indiscutablement) grossières dont elle fait l’objet. Mais en quoi les honnêtes gens qui défilaient dans les rues parisiennes, dimanche dernier, contre la PMA, seraient-ils moins dignes de respect que Mme Schiappa ? Pourquoi aurait-elle droit de tenir à leur endroit, par personne interposée, des propos orduriers ? Comment, si peu de temps après le drame que l'on sait, un membre du gouvernement peut-il s'autoriser à une telle légèreté ? Surtout, comment Emmanuel Macron espère-t-il avoir la moindre crédibilité en abîmant - par ses choix gravement inconséquents - le titre même de secrétaire d’État ?

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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