Bienheureuses frontières !

douane frontière

Si l’univers est infini, depuis son infiniment petit jusqu’à son infiniment grand, tout ce qui est entre est ordonné par un train de finitudes, c’est-à-dire par une chaîne et une juxtaposition de frontières régies entre elles par des lois. Tout est frontières dans le cosmos, depuis la matière et en deçà, jusqu’aux galaxies et au-delà.

Les frontières sont le souffle de la création, que nous la nommions Dieu, dieux, hasard ou nature. Elles sont la charpente de la toiture. Sans elles, il n’y aurait aucune forme et le cosmos serait chaos, une bouillie d’éclats noirs où la vie, cet autre segment entre deux frontières (la naissance et la mort), serait impossible.

Descendons des étoiles pour notre planète bleue. Sous deux frontières (l’atmosphère et le champ magnétique), des millions d’espèces (microbiennes, végétales et animales) y coexistent. Notre Terre compte des millions de milliards de vivants sertis dans leurs frontières génétiques et leur instinct.

L’homme ne fait pas exception, même si ses frontières personnelles, héritées ou acquises, sont plus larges et complexes : gènes, corps, sexe, aptitudes, famille, langue, culture, mœurs, us, goûts, amis, croyances, morale… Mais il se distingue par sa conscience et sa notion du temps qui le lient au passé, au présent et à l’avenir. Les animaux passent au présent, l’homme à tous les temps, au réel et à l’imaginaire. De ce point de vue, l’humanité est infinie. Elle est un univers dans l’univers et, comme lui, il lui faut des frontières pour la soutenir et pour préserver, améliorer et transmettre toute la variété dont elle est faite.

C’est le rôle d’un pays, qui est un mini-système solaire où des planètes humaines tournent autour d’un dénominateur commun. Le législateur, s’il est bienveillant et sage, s’appliquera à les y faire cohabiter en harmonie en les altérant le moins possible. Il y édictera des lois, certes à respecter par tous dans ses frontières, mais dans le sens du bien-être général, de la paix et de la sécurité pour tous et, in fine, de l’augmentation des libertés pour chacun. Un pays ne procède pas d’un rejet de l’autre, mais d’un amour légitime de soi, de ses proches, de ses aïeux et de sa lignée.

Les mondialistes, qui visent une gouvernance globale en théorie sans frontières, se gardent bien de révéler que, pour que leur projet fonctionne, ils seraient contraints d’éradiquer tous les particularismes, de restreindre les libertés et de mécaniquement faire surgir partout des frontières sociales, bien moins aimables et plus hermétiques que les nationales. L’humanité ne serait alors plus qu’une masse d’esclaves dans laquelle une frange de nantis irait puiser ses caprices, ses jouissances et ses vices.

Abolir les frontières, c’est nier les réalités, la diversité et les aspirations humaines. C’est renvoyer l’homme à son état primitif de particule à la merci des dangers et des convoitises. C’est lui couper ses racines et ses rêves. C’est lui coller une frontière à même la peau, comme un masque sur le nez.

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