Bernard Monot : « On arrive à la fin d’un système ultralibéral et mondialiste : l’occasion de remettre les valeurs à l’endroit ! »

Monot

Quel impact aura l'épidémie de coronavirus sur nos économies ? Que signifie cette décision de la Cour constitutionnelle allemande de limiter la dette des pays européens ?

Explication et décryptage de Bernard Monot au micro de Boulevard Voltaire

https://www.youtube.com/watch?v=zvZYQDws5fs

Nous approchons du déconfinement. L’épidémie de Covid-19 va sûrement passer au second plan, vu les nuages qui s'amoncellent devant nous, portant le nom de crise économique, crise financière, affaiblissement du CAC 40, affaiblissement du système. Est-ce bien ce qui nous attend ?

Nous arrivons à la fin d'un cycle. La fin d'un système qui perdure depuis cinquante ans, qui s'est détérioré avec les vingt-cinq dernières années de l'Union européenne, et la fin d’un modèle ultralibéral et mondialiste qui montre ses limites. Nous allons droit vers la banqueroute financière. 2008 avait été un coup de semonce et avait annoncé le problème de surendettement de l'ensemble du monde - au niveau des dettes publiques et privées -, ce qui fait qu'aujourd'hui, les États sont surendettés. L'économie est en ralentissement général et l’était déjà bien avant la catastrophe du coronavirus. Cette épidémie n’est qu'un déclencheur de l'effondrement du système. Toutes les institutions reconnaissent que nous sommes déjà en récession économique, entre 10 et 15 % pour la France, probablement un peu plus pour la zone euro dans la mesure où l'Italie est dans une situation encore plus mauvaise que la France. C'est un processus de destruction de richesse qui a commencé il y a longtemps et qui est maintenant visible de tous. Nous allons connaître des plans de licenciement, des faillites d'entreprises, et j'anticipe une dépression économique pour 2021. Elle sera accompagnée d'un effondrement du système bancaire et financier et probablement d’un écroulement du système monétaire international avec disparition de la valeur des monnaies, que ce soit l'euro, le dollar, le yuan...

Une crise infiniment plus grave que celle de 2008 ?

Oui ! Au lieu d'améliorer les choses et d'être raisonnable, de revenir à ce qui créait de la richesse, de faire du patriotisme économique, les problèmes se sont accentués. Depuis dix ans, nous avons un surendettement insupportable. On ne peut plus faire face à un choc exogène, aujourd’hui, une épidémie.

Debout la France et Nicolas Dupont-Aignan ont relayé cette information parue dans Les Échos : la Cour constitutionnelle allemande exige de limiter les rachats de dette de l'Union européenne. L'Allemagne défend ses intérêts contre l'Union européenne et ses partenaires. C’est tout l’enjeu de cette discussion… Pouvez-vous nous expliquer ?

Nous sommes à la veille d'une crise de la dette dans la zone euro. Ce matin, la Cour constitutionnelle allemande a, en effet, déclaré que le plan de la Banque centrale européenne pour soutenir les États face à la crise du coronavirus n'était pas valide. C’est une espèce de déclaration de guerre économique allemande contre tous les pays de la zone euro. Ils ne veulent pas jouer la solidarité, ils ne veulent pas jouer la mutualisation des dettes. Ils font cavalier seul. En termes militaires, c'est une blitzkrieg économique de l'Allemagne contre tous les pays de la zone euro. C'est un pays contre dix-huit autres. Préparons-nous à une crise de la dette dans la zone euro comme celle que nous avons connue en 2010-2012 avec l'épisode de la Grèce. Rappelons-nous comment le problème a été traité en Grèce. La troïka a pris le pouvoir en soumettant le chef d'État qui avait été élu, Aléxis Tsípras, et on a vu le résultat : une récession drastique, une politique d'austérité, des privatisations à tout va. Des entreprises allemandes ont pris le contrôle des aéroports régionaux et la Chine a pris le contrôle du port du Pirée. C'est un pillage légal et organisé par l'Union européenne, et c’est ce qu'on va connaître dans les années à venir en Italie, en France et en Espagne, dans tous les pays du Sud qui sont aujourd'hui condamnés par l'Allemagne car n’ayant pas la même orthodoxie budgétaire qu'eux. Mais l’Allemagne a bénéficié de vingt ans d'euro, ce qui fait qu'elle s’est enrichie pendant que nous nous sommes appauvris.

Est-ce donc la fin des illusions vis-à-vis de la coopération européenne et la fin de la mutualisation des intérêts ?

Absolument. Chez Debout la France, nous sommes pour le patriotisme national, mais nous sommes quand même dans une volonté d'être pro-européen, avec une Europe des patries, une coopération et une concertation. Toutefois, les Allemands jouent tout seuls leur partition. Ils n’agissent que dans leur propre intérêt. Ils utilisent les règles de l'Union européenne et de la BCE jusqu’à ce que cela n’aille plus dans leur sens. Ils abandonnent alors les règles qu'ils ont eux-mêmes édictées. Préparons-nous à une banqueroute généralisée, en Europe, dans tout le monde occidental. Les États-Unis sont dans une très mauvaise situation avec leur système bancaire qui est extrêmement fragile. Ce sont cinquante ans de cycle économique qui touchent à leur fin. Ce système est taraudé, pourri et il va imploser. Mais ce n'est pas la catastrophe non plus !
Tout cela va remettre les valeurs à l'endroit. Le seul modèle qui vaille dans l'intérêt des citoyens et des peuples, c'est un État qui défende l'intérêt général du pays et qui ne défende pas que les intérêts privés des multinationales qui font leur beurre depuis vingt ans en ne payant pas leurs impôts dans les pays où elles font du business. L’exemple typique, c’est Microsoft et Bill Gates, qui font leurs affaires en Europe et en France mais qui ne paient pas leur impôt des sociétés en France. C'est une hémorragie fiscale qui fait qu'aujourd'hui, nous n’avons plus les moyens de financer la santé publique et que nous sommes obligés de faire appel à des pays étrangers.

Bernard Monot
Bernard Monot
Député européen, membre de Debout la France

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