En dépit d'efforts louables, entrepris sous Montebourg et développés par Macron sous le label « Choose France », nous n'arrivons pas toujours à vendre à l'international ce que nous avons de meilleur. Voyez l'Italie, par exemple. Que vendrions-nous à ce peuple frère, avec qui nous avons tout en commun, et qui nous connaît depuis deux mille ans ? Nous avons une forme d'admiration mutuelle qui remonte à la Rome antique. César lui-même reconnaissait une certaine admiration pour les Gaulois ; il disait cependant que « les plus courageux [des Celtes] sont les Belges ». Il ne connaissait pas Molenbeek.

Bref, les Italiens, ces « Français de bonne humeur », disait Cocteau, ont pour la France une certaine sympathie. Ils ont donc invité un parangon du Made in France sur les ondes de la chaîne publique RAI : Bernard-Henri Lévy. L'inoxydable philosophe incarne, malheureusement, l'idée que les étrangers se font de l'intellectuel français : verbeux, chevelu, prétentiard, convaincu de porter une parole universelle. Interrogé, le 20 septembre, au sujet des élections italiennes, pour lesquelles le parti Fratelli d'Italia (FDI) est donné largement favori, il a, une nouvelle fois, donné un avis clair sur ce qu'est le Bien. La scène, partagée sur Twitter par Giorgia Meloni, leader de FDI, est particulièrement révélatrice.

Le présentateur lance BHL avec une phrase difficilement contestable : en démocratie, ne faut-il pas toujours respecter les électeurs ? Eh bien, figurez-vous que non. Pour notre ami germano-pratin, le choix du peuple n'est pas toujours respectable. On atteint le point Godwin dans la foulée, à la vitesse de la lumière : la démocratie, cela peut donner Mussolini ou Hitler. Ou même Vladimir Poutine, ajoute BHL, pour qui tout ça, c'est pareil : c'est des méchants. On enchaîne, presque sans reprendre haleine, sur un cours de caté : la démocratie, poursuit BHL, c'est une volonté populaire (semble-t-il regretter), mais c'est aussi un ensemble de principes et de valeurs (qu'au passage, comme d'habitude, il se garde bien de définir). Si le peuple vote mal, comme plaisantait Bertolt Brecht, que BHL a pourtant probablement lu, il n'y a qu'à dissoudre le peuple.

Le fait que BHL soit invité partout ne doit pas nous alerter. C'est plutôt bon signe, en fait : cela montre que les figures de propagande de la bien-pensance ne se comptent pas par millions. Il sera difficile de remplacer BHL quand il sera mort. Nulle part on ne retrouvera, dans notre beau pays de France, le même mélange d'imperméabilité totale à la critique et de médiocrité intellectuelle profonde. Je ne sais pas si on le mesure bien, en France, mais il n'y a, en effet, rien d'admirable dans la pensée de BHL. Ses peaux d'âne universitaires et son invraisemblable notoriété médiatique doivent être déconstruites, pour parler la langue d'aujourd'hui : si quelqu'un d'autre tenait les mêmes propos, ce serait probablement dans une réunion départementale d'En Marche - pardon, de Renaissance - ou un cours d'éducation civique de collège public, c'est-à-dire nulle part.

Bon courage à nos frères italiens pour l'importante échéance qui s'annonce. Et qu'ils ne nous tiennent pas trop rigueur de cette lamentable vignette de la culture française. À rebours des clichés injustes que nous entretenons sur eux, le fanfaron, l'histrion, celui qui parle fort et qui veut faire bella figura sur les écrans de la RAI, c'est un Français...

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21 septembre 2022

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11 commentaires

  1. Le peuple a mal voté ? Alors remplaçons le peuple !
    Enfin en 2005 , malgré le résultat du référendum sur l’U.E , nous avons été bel et bien bernés
    BHL , le va- t- en guerre bien à l’abri derrière son clavier ou derrière un micro, beaucoup moins risqué qu’avec un fusil à la main pour défendre son pays .

  2. Les frères jumeaux BHL et Macron, verbeux et creux, sont des camelots, des bateleurs de foire tellement baratineurs que dans un Congrès de Végétariens ils arriveraient à vendre des hachoirs à viande à chacun des congressistes.

  3. Il faut prendre très au sérieux ce que dit BHL. Il dit que si les progressistes sont battus aux élections, il ne faut pas respecter le scrutin, il faut faire quelque chose. C’est à dire, mais il ne le dit pas, tricher (pour la bonne cause). Aux USA, une fraude massive a été dénoncée par de nombreux analystes lors des dernières élections Biden/Trump. En France, on constate que entre le dépouillement dans les mairies et l’agrégation des résultats à Paris, il n’y a aucun contrôle, ce qui laisse la porte grande ouverte à toutes les manipulations.

  4. Nous n’avons pas attendu BHL pour avoir constaté que le choix des ELECTEEURS n’est hélas jamais respecté, ça se saurait et la FRANCE s’en porterait beaucoup mieux.

  5. Soyons charitable avec Monsieur HL. N’oublions pas qu’il a survécu au botulisme et à bien d’autres péripéties.
    Rescapé de toutes les guerres justes, c’est par pudeur qu’il n’arbore pas ses nombreuses décorations militaires.
    Soyons honnête : il nous arrive à tous d’être ridicules, et bien quand cela m’arrive et que j’en prends conscience, je pense à BHL et ça va tout de suite beaucoup mieux.

  6. Il est exact que le peuple n’a pas toujours raison. Par contre, une chose est sûre, c’est qu’il finit toujours par avoir le dernier mot.

  7. Je connais bien ce type de profil (j’en ai un dans mon entourage); il y a quelque chose qui ne trompe pas chez eux: ils ne respectent pas le périmètre d’intimité des gens. Par exemple, lors d’un débat avec Villepin on voyait BHL agiter ses bras en parlant, dont l’un sous le nez d’un autre participant (j’ai remarqué ça aussi chez Louis Boyard). Tout comme Macron et ses accolades non sollicitées. Chez moi c’est rédhibitoire…

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