Belgique : l’incontournable PS qui était de toutes les majorités vacille…
Après avoir régné trente ans sans discontinuer au sud du pays, le PS vient de subir son pire revers. Son traditionnel partenaire de coalition, le CDH, parti social-démocrate chrétien francophone, s’est retiré des trois majorités qu’il formait au sud du pays et à Bruxelles avec le PS, prenant ainsi l’ensemble de la Belgique de court.
C’est un séisme que personne n’imaginait. Dans un système proportionnel, ce bras de fer a toutes les chances de se solder par le rejet dans l’opposition de l’un des deux protagonistes, voire des deux. Le CDH a désigné le PS comme le valet puant et tente de faire passer l’idée qu’il doit être ostracisé et rejeté dans l’opposition. On dirait le « cordon sanitaire », ce pacte qui interdit aux partis traditionnels belges de négocier avec des formations réputées d'extrême droite.
Pourquoi ne pas résoudre cette crise par des élections ? En Belgique, terre de surréalisme, rien n’est simple : les Parlements wallon, francophone et bruxellois sont des Parlements de législature qui ne peuvent être dissous. Mais parlons des élections… du second tour des législatives qui a vu, en France, le PS se réduire à sa portion congrue. Ici, l’image d’une formation "too big to fail" mise KO a fait réfléchir. Arrimé au PS depuis trop longtemps, le CDH, jadis parti du centre qui faisait la pluie et le beau temps et faisait basculer une majorité tantôt vers la gauche en s’alliant avec le PS, tantôt vers la droite en choisissant le MR, a vécu.
Depuis des années, le CDH s’écrase. Son ex-présidente, Joëlle Milquet, avait choisi de concurrencer le PS en misant sur la surenchère communautariste. Elle avait ainsi offert à la Belgique et à l’Europe leur première représentante voilée. L’électeur n’a pas suivi. Lorsque Guy Lutgen a repris ce parti moribond en main, il a acculé cette élue proche d'Erdoğan à la démission pour ses positions négationnistes. Aujourd’hui, cette annonce semble aussi indiquer une volonté de se démarquer de la dérive gauchisante qui a conduit le CDH au déclin. Il n’a plus rien à perdre. Il sait que le PS peut aussi bien disparaître et l’emporter dans sa chute.
Depuis toujours, le PS accumule des affaires qui se paient chacune le luxe d’une page Wikipédia. 1988 : l’affaire Augusta-Dassault qui ira jusqu’à la démission du secrétaire général de l’OTAN. Liège, juillet 1991 : assassinat non élucidé d’André Cools, ministre d’État socialiste. 2005 : scandale dans une société de logements à Charleroi. 2015 : les attentats du 13 novembre à Paris braquent les projecteurs sur Molenbeek et son ancien maire socialiste, Philippe Moureaux, sans lequel la commune serait passée à côté de son statut de lieu saint du djihad en Europe.
À partir de là, le rythme des affaires s’accélère. 2016 : Publifin, et ses réunions bidon rémunérées 500 € la minute pour les mandataires PS, mais aussi MR, avec l’aval du CDH et d’Écolo ! C’était déjà l’affaire de trop. On pensait la gangrène cantonnée à la Wallonie quand éclate, à Bruxelles, l’affaire du Samusocial et ses sommes astronomiques détournées par les responsables d’une association œuvrant pour des… SDF, dont le maire de Bruxelles, Yvan Mayeur, finalement acculé à la démission. Pour l’occasion, le New York Times offrira à la Belgique son quart d’heure de célébrité en la traitant de "failed state" !
Des affaires, il en sort désormais deux par jour : le family business de l’inoxydable ministre d’État Laurette Onkelinx, les arrangements dans Les Cuisines Bruxelloises , le bal du bourgmestre… Chaque parti découvre des mandataires payés des fortunes pour pas grand-chose, à part compter les zéros, avant la virgule. Parmi les derniers cas, citons celui du MR Pourtois et du PS Hutchinson.
Le coup de poker du CDH reste bien un coup politique car la sincérité aurait commandé d’agir bien plus tôt. Néanmoins, ne boudons pas ce tournant historique car il force l’ensemble de la classe politique belge à se positionner par rapport à la malgouvernance qui, au côté des gaufres, de la dentelle et du chocolat, fait désormais partie du patrimoine immatériel du pays. Malgouvernance et djihadisme : merci au PS pour cet héritage…
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