« Très heureux d’entendre Emmanuel Macron s’engager clairement à mettre en œuvre une loi sur le droit de mourir dans la dignité. » À l’instar de Jean-Luc Romero-Michel, président d’honneur de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), les militants pro-euthanasie se réjouissent des récentes déclarations du chef de l’État au sujet de la fin de vie.

Le président de la République, à l’occasion de la remise de la grand-croix de la Légion d’honneur à Line Renaud, assurait : « Votre combat pour le droit de mourir dans la dignité vous ressemble et nous oblige. Dicté par la bonté, l’exigence et cette intuition unique que c’est le moment de faire, alors nous ferons. » Loin de refléter la seule volonté d’Emmanuel Macron, cette déclaration est le résultat d’une offensive adroitement menée par les militants pro-euthanasie.

L’intense lobbying pro-euthanasie

Offensive médiatique, tout d’abord. En première ligne, Line Renaud, 94 ans, comédienne populaire et marraine de l’ADMD, mène la bataille. Chacune de ses interventions est l’occasion, pour l’ancienne vedette du music-hall, d’aborder la question de la fin de vie. Au mois d’avril 2021, alors qu’une proposition de loi sur la fin de vie est débattue à l’Assemblée, elle participe à l’émission « Envoyé spécial » et déclare : « Quand il n'y a plus de qualité de vie, mais de la souffrance à la place, on aide à partir. » Six mois plus tard, alors que le texte de loi n’a pu être adopté, la comédienne se rend au palais Bourbon et rameute les caméras. « Ayant vécu libre et digne, je ne peux pas m'imaginer mourir enchaînée et contrainte. Si notre vie nous appartient, il doit en être de même pour notre mort », déclare-t-elle. Plus récemment, dans les colonnes du Journal du dimanche, la comédienne déclarait : « Il est temps de légaliser l’aide active à mourir. » Fidèle à la rhétorique des militants pro-euthanasie, Line Renaud ne manque pas de jouer sur la corde sensible. « Pourquoi endurer une cruelle agonie quand la mort peut nous délivrer d’une vie qui n’est plus qu’une source douloureuse sans espoir de guérison ? » écrit-elle. À ses côtés, les militants de l’ADMD ne manquent pas de médiatiser des drames personnels pour faire avancer leur cause. Jacqueline Jencquel, Anne Bert, Chantal Sébire sont autant de cas de volontés d’euthanasie qu’une certaine presse se délecte à raconter. « Leur stratégie est de parler du sujet de façon émotionnelle et personnelle sans prendre en compte la complexité de la fin de vie », dénonce Caroline Roux, directrice adjointe d’Alliance VITA contactée par Boulevard Voltaire.

Offensive politique, ensuite. Ces militants, outre l’appui des médias, peuvent compter sur l’appui de certains parlementaires pour faire avancer leurs idées. Au micro de France Inter, Yaël Braun-Pivet (LREM), présidente de l’Assemblée nationale, déclarait : « Il ne faut pas hésiter à ouvrir ce dossier. Il est important que nous avancions vite sur ce sujet. »<

Des propos qu’elle réitérait, le soir même, sur le plateau de « Quotidien ». À ses côtés, Olivier Falorni, député divers gauche, auteur d’une loi « visant à affirmer le libre choix de la fin de vie » sous la précédente législature, est « prêt à s’engager plus que jamais » sur ce sujet. Pour parvenir à leurs fins, ces parlementaires n’hésitent pas à mettre la pression sur l’exécutif. Dans la tribune qu’il signe avec Line Renaud dans les pages du JDD, Olivier Falorni appelle le gouvernement à inscrire l’aide active à mourir à l’agenda politique « ici et maintenant ». Une aubaine pour la majorité qui peut ainsi détourner l’attention des problèmes actuels.

Face à cette puissante offensive, les opposants à la légalisation de l’euthanasie n’abandonnent pas le combat. « Il n’y a pas de fatalité. L’interdit de tuer doit rester le socle de notre société », explique Caroline Roux, membre d’Alliance VITA. Pour peser dans la bataille, l’association reste « mobilisée auprès des élus et des Français. Nous sommes déterminés à nous faire entendre dans la rue si nécessaire. » Plutôt qu'un droit à mourir dans la dignité, ces opposants réclament un développement des soins palliatifs pour que chacun puisse vivre dans la dignité.

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06 septembre 2022 à 20:00

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61 commentaires

  1. Le terme « euthanasie » est particulièrement ambigu. A dessin ?
    Euthanasier, c’est donner la mort. Et trop souvent, par le passé, cela a été fait pour des raisons pour le moins contestables (racisme, eugénisme…), ce qui fait évidemment craindre d’autres abus, pour les mêmes motifs ou d’autres tout aussi peu reluisants (héritage par exemple).
    Ce que demandent l’ADMD (que je n’aime pas !), mais aussi d’autres associations, comme Le Choix, c’est le droit pour chacun de décider librement de sa fin de vie, et la possibilité d’une aide à mourir, le cas échéant, et après qu’on se soit assuré que c’est une décision mûrement réfléchie – comme cela se pratique en Belgique ou en Suisse.

  2. Elle a tant d’ amis cette artiste Line Renaud …
    Le plus «étrange » restera bien sûr Pierre Bergé !!
    Drôle de fratrie que la sienne !

  3. Ce sujet sociétal mériterait une référendum. Cette décision va au delà des clivages politiques . Perso , j’y suis favorable. Une pratique qui a cours en Belgique depuis plus de 10 ans. En Belgique la personne doit exprimer clairement son souhait. Un conseil réunit famille et praticiens qui examinent la situation médicale. Un de mes cousins récemment décédé d’un cancer , est mort dans des circonstances très pénibles. L’accompagnement de la fin de vie est encore loin d’être accessible à tous . Mon cousin de son vivant avait fait part de son souhait du refus de tout acharnement thérapeutique. La sédation profonde, une pratique encore loin d’être généralisée, donc une euthanasie médicalement encadrée pourquoi pas ….

  4. Vous avez entièrement raison, c’est exactement ça. On le fait bien avec l’avortement…et puis on résoudrait le problème de surpopulation! Mais quand même je serais Brigitte je me méfierais…

  5. Est-ce que Line Renaud va s’emparer de l’euthanasie comme elle s’était emparée du sida ? Line Renaud devrait lire Robert F. Kennedy, Jr., dont le dernier livre remet complètement en cause tout ce narratif sur le sida, dont elle fut une porte-parole.
    Sur un plan philosophique et religieux, la vision matérialiste voit dans la mort une néantisation, et ne voit aucun intérêt à une vie misérable : il n’y a que ce qui se passe ici-bas qui compte, et si on est vieux ou très malade, ça ne vaut plus la peine de vivre, autant se suicider. Cette vision de la vie est celle de la religion hébraïque, qui est hostile à toute forme d’imaginaire de l’Au-delà. Sur ce point la religion hébraïque s’oppose aujourd’hui au christianisme (Peut-être pas à celui de Berboglio, mais certainement à celui de Vigano) qui voit une vie après la mort. Et c’est aussi le cas dans l’Antiquité : à l’inverse des traditions égyptienne, babylonienne, perse, grecque ou romaine, la religion hébraïque est hostile à toute forme d’imaginaire de l’Au-delà.

  6. Je vous aime bien Bd Voltaire ,mais on a quand même le droit de vouloir abréger ses souffrances quand viens la décrépitude .Perso je voudrais pouvoir en finir quand la souffrance sera trop longue ,un peu comme en suisse ,en espagne et en belgique .Ici bien sur toujours à la traine !

  7. Avec Attali dans les coulisses, il est sûr et certain que les intentions de ces messieurs-dames ne sont pas très nobles. Les adeptes de l’euthanasie devraient s’y reprendre à deux fois avant de l’approuver. Nous sommes en face d’individus sans aucuns scrupules. Quant à l’opinion de Mme Renaud, je m’en contrefiche.

  8. POUR :Il existe le cas de personnes qui n’en peuvent plus qui souffrent atrocement et qui ne souhaitent qu’une chose en finir au plus vite et donc demandent cette solution . Pour eux ce serait une délivrance et pour eux , je serais plutôt pour.

    CONTRE : Mais voilà l’euthanasie c’est aussi une porte ouverte vers toutes sortes d’abus; On lorgne sur l’héritage de tata ou papy allez zou une piquouze au vieux machin et à nous le pognon ! Il faut donc à tout prix arrêter cela.

    Les suisses la pratiquent,. Il serait sage d’étudier leur loi et de s’en inspirer afin de voir comment ils ont réglé le problème . Apparement cela fonctionne très bien, nous ne sommes pas moins bêtes qu’eux j’espère !

    Maintenant cela serait un bon sujet pour un référendum. J’ai avis qu’on devrait être pas loin d’un 50 % POUR 50 % CONTRE;

  9. Une fois de plus, les militants pro-vie ne considèrent que la souffrance physique. Ils oublient la souffrance morale, de personnes très âgées, oubliées de leur famille, ou parfois seules survivantes de leur famille. Une fois encore lorsqu’on est contraint à une assistance physique de tous les instants, qu’on a perdu toute autonomie, et qu’on est seul dans ce qui reste de votre vie, il me semble du libre arbitre de l’être humain de décider de la fin de celle-ci. Chacun reste libre de son choix, personne ne veut en faire une obligation. Quant aux EHPAD n’en parlons pas, on sait leur but qui est hélas souvent essentiellement financier.

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