Au temps du mondialisme et de l’Europe, le 14 Juillet a-t-il encore un sens ?

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Il n'y a pas (du moins pas uniquement) de goût pour la provocation gratuite dans cette question. Quand la Ve République est aux mains d'un pouvoir dont le Président considère qu'« il n'y a pas de culture française », quand on murmure que le prochain objectif de cet homme serait la présidence de l'Union européenne, quand les tristes serviteurs du régime en appellent systématiquement à « la République » pour ne pas avoir à prononcer le mot si clivant (n'est-ce pas ?) de « France », on peut légitimement se demander à quoi sert encore, sous Emmanuel Macron, la commémoration du 14 Juillet ?

D'ailleurs, de quel 14 Juillet parle-t-on ? Évidemment pas de la sanglante et stupide prise de la Bastille en 1789. Le 14 Juillet, redisons-le mille fois encore, c'est la commémoration de la Fête de la Fédération, celle de 1790, celle dont Marc Bloch faisait le pendant républicain du sacre de Clovis. Plus personne ne s'en souvient. D'ailleurs, en faisant de la République faiblarde et de ses traditions en carton-pâte l'alpha et l'oméga de la mémoire collective, le pouvoir macronien a réussi à s'aliéner à la fois les patriotes et les émeutiers : le 14 Juillet 2023 est symbolique à cet égard. Macron a descendu les Champs-Élysées dans son command-car, en Ceaușescu de bac à sable, sous les huées copieuses d'un peuple qui le hait, ce que les commentaires nord-coréens des chaînes d'information ne parvenaient pas à masquer. La parade militaire, comme d'habitude parfaitement exécutée, mettant à l'honneur le sacrifice et l'engagement des soldats d'active et de réserve (dont la SNCF, il en a été question dans ces colonnes), n'a pas réussi à faire oublier la totale déconnexion entre le peuple et des élites qui ne comprennent plus rien à ce qui se passe.

Symboliquement, Emmanuel Macron n'a pas donné d'interview, en ce 14 juillet. Évidemment, ce n'est pas le meilleur moment pour faire le bilan des « 100 jours de l'apaisement » qu'il avait voulus après la réforme des retraites. Au lieu de ça, en effet, on a vu surgir des dizaines de milliers de sauvages ultra-violents, à la tombée de la nuit, comme dans une série B de zombies dont lui, Macron, ne serait que la victime aux yeux affolés, voyant s'avancer l'armée des morts-vivants. Mais il y a plus que cela : en délaissant la commémoration du moment où, en 1790, comme Marc Bloch l'avait identifié, la nation française avait pour la première fois fait corps, le Président semble prendre acte de sa partition.

Symboliquement toujours, et pour conclure, il n'est pas anodin, puisque la parole jupitérienne se fait rare, de prêter l'oreille aux propos tenus par le chef de l'État lors de la garden-party du 13 juillet. On apprend qu'en 2024, à la faveur des Jeux olympiques, le tracé du défilé sera changé : il ira du château de Vincennes à la place de la Nation. Parti du chêne sous lequel Saint Louis rendait la justice, le défilé voulu par Macron terminera sur cette place que les sans-culottes avaient baptisée « place du Trône-Renversé » en 1794. En juillet 2024, d'ailleurs, ça tombera bien : on fêtera les 230 ans de la Grande Terreur pendant laquelle 30 personnes furent guillotinées chaque jour sur cette place et jetées dans les fosses communes de Picpus. De la justice médiévale du roi saint à l'iniquité iconoclaste d'un régime sanguinaire : Emmanuel Macron va peut-être réinventer le symbole.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Tout cela ,n’a evidemment pus aucun sens. Cette descente des champs elysées par Macron est d’un ridicule achevé;Nous avons honte pour la France;

  2. Le symbole de la république n’est plus le 14 juillet. Aujourd’hui ce sont plutôt les feux d’artifice envoyé sur les forces de l’ordre accompagnés de cris simiesques (Ouh! Ouh! Ouh!… digne du gibon).
    Ça c’est le pur fruit de notre nouvelle république multiculturaliste.
    Une culture qui construit et l’autre qui détruit.
    Vivement que cette république évolue ou qu’elle meurt.

  3. C’est accorder beaucoup de finesse à l’ectoplasme de L’Elysee que de croire qu’il a modifié le trajet de la flamme olympique pour créer un nouveau symbole. Il a simplement souscrit à la suggestion d’un de ses conseillers de choisir le point de départ à Vincennes et le point d’arrivée à la Nation « parce que c’est plus sympa ». Quant à huer ce président à la ramasse, c’est partout et toujours justifié. Macron, pour une écrasante majorité de Français, ne représente plus la France mais lui-même, seulement lui-même.

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