Au Maroc, Bruno Retailleau trouve un accord pour accélérer l’exécution des OQTF

IMG_0486

À l'occasion de la visite d'État d'Emmanuel Macron au Maroc, les deux nations ont conclu 22 accords et contrats de coopération qui pourraient atteindre, selon l’Élysée, une valeur de plus de 10 milliards d’euros. Le but visé par ces échanges : encourager le développement durable, l’innovation et la modernisation économique du Maroc. Outre ces accords, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est entretenu avec son homologue du royaume chérifien. Le locataire de la Place Beauvau annonce avoir trouvé un accord pour raccourcir les délais d’expulsions des ressortissants marocains visés par une OQTF en France, qualifiant le Maroc de « pays sûr ».

En conférence de presse, Retailleau détaille les chantiers mis en place, « que ce soit en matière de retour, de lutte contre les filières et de surveillance des frontières terrestres et maritimes ». Il poursuit : « Sur la question des réadmissions de ressortissants de Marocains en situation irrégulière, nous avons un cadre et des procédures avec des délais et des éléments d'identification pour les personnes dont l'origine n'est pas documentée. Nous avons convenu de les améliorer pour raccourcir les délais et pour mieux faire en termes de nombre de personnes réadmises. »

Le Maroc réticent à rapatrier ses ressortissants sous OQTF

Et pour cause : le meurtre de Philippine, étudiante de 19 ans, dont le suspect est un Marocain sous OQTF, a reposé la question de l’efficacité et de la mise en pratique des OQTF. Selon un rapport annuel de 2023 des centres de rétention administrative (CRA) rendu public par l'association la Cimade, la population marocaine représente 10,5 % des individus retenus en CRA et 74,5 % de ces mêmes individus n’ont finalement pas été éloignés du territoire français.

Selon le rapport de la Cour des comptes sur la politique du gouvernement en matière de lutte contre l’immigration irrégulière publié le 4 janvier 2024, les Marocains représentent près de 22 % (29.000) des individus frappés d’OQTF. Ils tiennent la deuxième place après l’Algérie, dont les ressortissants représentent 44 % des OQTF (58.700), et devant la Tunisie, avec près de 20 % (26.000). Seulement, comme nous le confiait récemment Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, « il y a un facteur bloquant au bout de la chaîne [d’une OQTF], c’est le fait que pour reconduire un étranger dans son pays, il faut l’accord du pays en question ». Cet accord évoqué par l'ancien diplomate se formalise par un laissez-passer consulaire délivré par le pays dont l’individu est ressortissant à l’égard du pays qui l’expulse.

Sur ce terrain, précisément, le Maroc n’a pas toujours été prodigue à l’égard de la France. L’année dernière, le royaume de Mohammed VI n’a délivré à la France que 725 laissez-passer consulaires alors même que le ministère de l’Intérieur et le ministère des Affaires étrangères ont accordé 238.000 visas au Maroc. Xavier Driencourt le rappelle : pour que les OQTF soient respectées, il importe « qu’il y ait une réciprocité. Ajuster la délivrance des visas aux délivrances d’OQTF. En somme, pas de laissez-passer consulaires, pas de visas. »

Les relations entre la France et le Maroc se dégèlent

Une mesure de rétorsion avait été prise par Gérald Darmanin. En septembre 2021, il avait déclaré diminuer de 50 % la délivrance de visas à destination du Maroc, étant donné le peu de laissez-passer consulaires accordés pour permettre l’expulsion de ressortissants marocains illégalement présents sur le sol français. Cette mesure avait été annulée un an plus tard. En décembre 2022, Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères, avait annoncé un retour à la normale pour les visas. Cette décision avait inauguré une période de tension entre le Maroc et la France à laquelle la visite officielle d’Emmanuel Macron semble mettre un terme. Le problème des OQTF est-il réglé ? On verra à l'usage.

Raphaelle Claisse
Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

58 commentaires

  1. Ces accords ne fonctionneront pas, comme par le passé . La solution c’est de ne pas donner envie de venir en France. Plus AME , plus d allocations aux étrangers, arrêt du regroupement familial et ouverture d un Guantanamo à la française en Guyane sur l île Papillon.

  2. Au final Retailleau n’est là pour protéger Barnier de la motions de censure et Macron de la démission. C’est ça le PR de Retailleau-Wauquiez-Larcher. Pas merci, et OQPF (obligation de quitter la politique française) . Dès 2025 ?

  3. Ces chiffres sont tout simplement incroyables. 29 000 Marocains sous OQTF mais on peine à obtenir 725 visas de retour… Et on délivre 238 000 visas d’entrée de marocains. C’est le tonneau des Danaïdes !
    Et je ne comprend guère ce qui a causé le refroidissement des relations franco-marocaines puisque fin 2022 la ministre avait annulé la déclaration (on ne sait pas ce qu’il en est de l’application concrète) de Darmanin de diviser par 2 le nombre de visas d’entrée. Et je m’interroge encore sur l’accord eventuel negocié par M. Retailleau : il ne porterait que sur un raccourcissement des délais ????

  4. En bon cartésien,

    1- des faits (des expulsions filmées pour avoir une preuve)
    2- des chiffres (pour qu’on puisse comparer le nombre de visas accordés aux laissez-passer consulaires nécessaires pour exécuter une OBLIGATION de quitter le territoire.)
    3- des fonctionnaires aux ordres du Politique, et donc du peuple, il faut virer les préfets récalcitrants et bloquer la moindre évolution de carrière des fonctionnaires qui oseraient se mettre en travers du chemin de Retailleau qui est poussé par des 10aines de millions de Français.

    On se revoit dans 3 mois pour faire un premier bilan chiffré.

  5. Je crains malheureusement que tout ça est de la com , contrats de macron dont je pense qu’il faut en penser le contraire c’est une habitude chez lui , quand aux accords sur les retours c’est aux résultats que ça va se juger .

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois