Antoine Griezmann, c’est un peu le footballeur idéal pour nous autres autochtones. Il ne fait parler de lui que sur le terrain, il aime son pays, respecte les règles et, cerise sur le gâteau, c’est un catholique décomplexé qui s’est d’ailleurs fait tatouer un Christ rédempteur et une Sainte Vierge sur le corps.

Si, "dans le cadre d’une étude réalisée par l’Observatoire du football PMU en partenariat avec le Parisien" (Le Parisien), les Français le plébiscitent, ce n’est pas seulement pour son excellent jeu, qu’il a développé une fois de plus en finale de la Coupe de la Ligue Europa, mercredi soir dernier, grâce à un doublé pour son club – l’Atlético de Madrid – contre l’Olympique de Marseille, dont les supporters, avec leur morgue habituelle, promettaient une victoire sans appel.

Cet attachement des Français à ce joueur originaire de Mâcon (Saône-et-Loire) – désormais sélectionné dans l’équipe de France qui partira disputer la Coupe du monde de football à Moscou, en juin prochain – réside peut-être aussi dans sa candeur d’enfant, qui n’en revient pas de sa chance, et son enthousiasme communicatif.

Karim Benzema est, par exemple, très bon sur le plan technique, mais son mépris affiché de la France n’en fera jamais un chouchou des Français de conscience, et l’on se félicite que Didier Deschamps n’ait pas sélectionné un joueur qui déclarait, en 2015, que "l’Algérie, c’est mon pays, la France, c’est juste pour le côté sportif", ou fustigeait plus récemment "La Marseillaise".

Griezmann vient de publier une autobiographie, Derrière le sourire, dans laquelle, entre autres anecdotes que rapporte Le Parisien – comme sa rencontre avec Zinédine Zidane, qui lui a offert son short alors qu’il était ramasseur de balles ; prémonitoire passage de témoin, qui sait, sachant qu’on le surnomme Grizou ! –, on découvre son respect des particularités religieuses de ses coéquipiers musulmans, dont on apprécierait sincèrement la réciprocité dans le football français en général.

Pourtant, il aurait pu entretenir quelque rancœur à l’égard d’une religion dont certains représentants meurtriers ont bien failli tuer sa sœur Maud, qui assistait, le 13 novembre 2015, au concert des Eagles of Death Metal, au Bataclan. Elle s’en est sortie indemne, mais avec quelles séquelles psychologiques ! "Je remercie Celui qui est en haut", ponctue pudiquement le joueur.

Loin de l’arrogance de certaines stars du ballon rond, Griezmann s’excuse de la défaite des Bleus en finale de l’Euro face au Portugal, en 2016. "Je suis vraiment désolé de ne pas avoir marqué. Mais j’ai tout donné", dit-il au sélectionneur, qui lui répond : "Tu n’as pas à être désolé, tu as fait une grande compétition." C’est dur de perdre à domicile, mais il a tout de même été sacré meilleur joueur de la compétition. Il avait, effectivement, tout donné.

Faisons un rêve et espérons que ce caractère soit contagieux, car il pourrait bien offrir une seconde étoile au maillot de l’équipe de France.

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18 mai 2018 à 14:50

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