[ANIMAUX] Bénédiction d’animaux à Sainte-Suzanne-et-Chammes

©AR2L Hauts de France
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Dimanche 7 juillet, la ville de Sainte-Suzanne-et-Chammes, en Mayenne (une cité médiévale qui se présente comme « un des plus beaux villages de France », et on le croit volontiers), a accueilli la Fête de la Création au cours de laquelle des animaux ont été bénis. Don Fenitra, de la paroisse Saint-Barnabé-en-Charnie, officiait lors de cette cérémonie qui existe depuis six ans dans le village. Joint par BV, il explique que la Fête de la Création a pour but de « s’émerveiller des dons de la nature, et, comme chrétiens, de comprendre qu’ils nous viennent de Dieu ».

Car celui-ci se révèle aussi à travers les créatures les plus ordinaires qui nous entourent. Dans les Confessions, saint Augustin avoue se laisser facilement distraire par de petites bêtes : « Eh quoi ! Je suis assis chez moi, et un lézard qui cherche à prendre des mouches, une araignée qui les entortille dans ses toiles dès qu'elles s'y jettent, suffisent souvent à capter mon attention ! » Une distraction qu’il regrette, mais il en profite pour louer le Seigneur, « merveilleux créateur et ordonnateur de toutes choses » (X, 35, 57).

« Le reptile et l'oiseau qui vole »

Pour Don Fenitra, tout est là : « Contempler, rendre grâce. » La bénédiction est préparée par des lectures bibliques. Récit de la création (Genèse), psaume 148 dans lequel la Création rend hommage à son Créateur : « Louez le Seigneur depuis la terre, monstres marins, tous les abîmes ; […] les arbres des vergers, tous les cèdres ; [...] les bêtes sauvages et tous les troupeaux, le reptile et l'oiseau qui vole... » Concrètement, pas de monstres marins, ce dimanche, en Mayenne. « Les gens de la ville et des alentours amènent chiens, canards, oies, lapins… », nous détaille Don Fenitra. L’Église a un texte de bénédiction ad hoc, tiré de son rituel.

Le temps n’était pas de la partie, dimanche. Température fraîche et ondée en début d’après-midi ont dissuadé quelques fidèles de venir. Mais après tout, c’est aussi cela, la Création. Le psaume 148 le dit : « Feu et grêle, neige et brouillard, vent d’ouragan » accomplissent la parole de Dieu. Pour rester en ces terres chouannes, une vieille Angevine d’un autre âge, lorsqu’on se plaignait du temps qu’il faisait, aimait à rappeler que « le Bon Dieu nous sert comme il est servi »… Où sont passées les rogations, temps forts de la vie rurale autrefois ? Délaissées comme « superstitieuses ».

De Montligeon à New York

Autre écho de notre passé rural, les bénédictions d’animaux se rencontrent dans toute la France, à Montligeon (Orne), Saint-Quentin (Aisne), Roncq (Nord), Hennebont (Morbihan), Chéniers (Creuse), sans oublier Paris… De même à New York ou Rome. L’église Sant’Eusebio s’y consacre le 17 janvier (fête de saint Antoine), ainsi que la basilique Saint-Pierre où la bénédiction est organisée par l’Association italienne des éleveurs qui expose chevaux, vaches, moutons, chèvres, poules, chiens.

En ville comme à la campagne, ce ne sont plus tant les troupeaux qu’on bénit que les animaux de compagnie. À cette occasion, particulièrement dans les grandes villes, les prêtres rencontrent des paroissiens qu’ils ne voient pas d’ordinaire et dont la vie sociale est cruellement limitée à un chat ou un chien. Et lors de ces cérémonies, il est rappelé qu’animaux et humains vivent dans une même Création, mais ne se situent pas sur le même plan - contrairement à la vision écologiste et antispéciste du monde. « C’est plus philosophique que politique, explique Don Fenitra à BV. Mais contemplation et écologie vont de pair. C’est parce qu’on s’émerveille d’un don qu’on reçoit qu’on se demande comment le préserver. »

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 16/07/2024 à 10:21.
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Samuel Martin
Journaliste

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5 commentaires

  1. Alors qu’il n’y a pas de différence à faire, entre les animaux de compagnie, les animaux domestiques, les animaux de nos fermes, les animaux de nos forêts, les animaux de nos jardins, les animaux de nos campagnes, les animaux de nos prairies et les animaux de nos montagnes ! Le lien entre l’espèce humaines et les animaux ! Il est non seulement centenaire ! Mais il est aussi millénaire et Préhistoriques ! Parce que pendant des millénaires et des siècles l’espèce humaine, pour se manger et se nourrir, soit en les chassant, où en n’en faisant l’élevage ! La vie humaine ne peux pas être séparé de la vie animal ! C’est comme ca ! Hervé de Néoules !

  2. En Normandie vers le 15 août, dans le village de Reux dans le Calvados.
    Les animaux sont bénis après la messe .

    • Avant on bénissait les troupeaux de vaches ou de moutons parce qu’ils nous nourrissaient ou les chevaux parce qu’ils nous transportaient. Maintenant on bénit les chats (qui ne chassent plus les souris, étant assez nourris par Ron-Ron) ou les chiens (qui ne nous gardent plus, les alarmes et digicodes ayant remplacé) , simplement parce qu’ils servent de peluches vivantes qu’on peut tripoter, caresser, malaxer,…….

      • Je pense que les chats et les chiens ont eux aussi droit à être bénis, car eux aussi issus de la création. De plus, j’ai toujours eu l’impression que les chien étaient plus tolérants, plus intelligents, plus empathique que certains humains. Comme dirait Pierre Desproges « Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien. »

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