Dictature ? Totalitarisme ? Les opposants à l’obligation vaccinale déguisée en interdictions, discriminations et sanctions soumises à la possession d’un passeport sanitaire ont souvent affaibli leur position par l’emploi de termes excessifs aux yeux de la majorité des médias et, donc, de l’opinion publique. Toutefois, la mobilisation contre les mesures jugées liberticides semble s’amplifier et se durcir. La raison ne s’en trouve pas dans l’irresponsabilité et l’ignorance des réfractaires mais bien dans la dérive d’un pouvoir qui n’est peut-être ni une dictature ni, encore moins, un totalitarisme, mais qui connaît une dérive de la démocratie vers de tels régimes.

La conjonction du quinquennat et de l’élection d’un personnage atypique a permis la dérive dictatoriale. L’élection des députés dans la foulée de celle du Président a anéanti ce qui restait de la séparation entre les pouvoirs exécutif et législatif. Néanmoins, jusqu’en 2017, les députés avaient encore une existence propre. Souvent élus et réélus dans leurs fiefs où ils détenaient un mandat local, ils étaient pour beaucoup issus du même parti que le Président dont ils étaient les pairs plutôt que les commis. En 2017, c’est un nouveau venu qui a remporté l’Élysée et qui a été doté par une majorité relative de Français d’une majorité de députés appartenant au parti qu’il venait de créer. Ces hommes et femmes, socialistes assurant leur survie, opportunistes de « droite » sauvant leur carrière et miraculés de la société civile, lui doivent tout.

L’Assemblée est devenue une caisse enregistreuse. Lorsque le compte n’y est pas, faute de présence, et qu’un amendement passe contre l’avis du gouvernement, on vote à nouveau et le garde-à-vous est rétabli. Le Sénat sauve l’honneur, mais tout le reste et perdu, puisqu’en dernier ressort, c’est l’Assemblée et son montreur de marionnettes à l’Élysée qui décident ! La personnalité particulière de ce dernier accentue le phénomène : parvenu trop vite au pouvoir, sans expérience, notamment celle des échecs indispensables pour mûrir, Narcisse, roi, ne peut cacher son mépris pour les autres et ne réagit qu’en niant ses fautes, en noyant la contestation sous ses discours et, enfin, en faisant donner la garde.

L’épisode du Covid a vérifié le diagnostic. Une série de fautes a été niée avec entêtement. La pandémie avait touché un quart des Français au mois d’avril dernier. 110.000 en sont morts. L’écart des deux chiffres et le fait que les décès ont frappé essentiellement des personnes très âgées et atteintes de comorbidités montrent à l’évidence qu’il ne s’agit pas de la peste mais d’une maladie à laquelle l’immense majorité résiste par ses propres moyens.

De là à penser que le grossissement du danger, l’amplification et la réanimation périodique de la peur ne sont pas tout à fait innocents mais procèdent d’une volonté délibérée d’utiliser le virus à des fins politiques, il n’y a qu’un pas. Le Président a retrouvé la maîtrise des horloges : c’est lui qui décide des ouvertures et des fermetures, des libertés et des interdits, et qui le fait pour le bien de tous qu’il est seul à connaître. Le troupeau, entrevoyant au bout du tunnel « covidien » les vertes prairies de l’alpage, applaudit en l’occurrence plus la prairie que le berger, mais sans vraiment percevoir sous quel régime il est en train de passer.

La tendance dictatoriale est donc évidente, et le fait qu’elle soit approuvée n’y change rien. En revanche, peut-on parler de totalitarisme ? Dans la gestion de la terreur virale, comme dans celle de l’angoisse climatique, il y a un élément qui, lui, devrait éveiller nos craintes : le triomphe de la pensée unique, certifiée par la science. Ceux qui nient le réchauffement climatique, ceux qui doutent du vaccin, ceux qui pensent qu’il y a d’autres solutions, ceux qui rappellent l’inviolabilité constitutionnelle des corps, ceux qui défendent la liberté contre la contrainte même apparemment bienfaisante doivent se taire ! Le pouvoir parle le langage de la science qui est la seule voie. Jusqu’à présent, les totalitarismes reposaient sur des idéologies qui soumettaient la science au risque de la ralentir et voici que le rêve saint-simonien d’un gouvernement de la science advient. C’est en cela que se niche le risque totalitaire : il n’y a pas de démocratie sans pluralisme. Mais rappelons aussi, avec Popper, que la science elle-même repose sur le doute et la contestation, et qu’en cela, la démocratie est davantage son alliée que son ennemie.

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26 juillet 2021 à 11:04

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