Allocution d’Emmanuel Macron : on n’est pas sorti de l’auberge !

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Quand il commence son allocution, notre Président a l'air un peu accablé. Mais, à la fin, il paraît soulagé, il sourit même. Il doit penser, au fond de lui-même, qu'il a accompli sa tâche - donner de l'espoir aux Français : il sera là, au premier rang, pour les conduire vers de nouveaux horizons !

Depuis 48 heures, les médias ont émis des hypothèses sur ce qu'il pourrait dire ou ne pas dire. Ils vont pouvoir maintenant commenter chacun de ses propos. Contentons-nous, ce soir, de résumer ses principales annonces. Avec l'art des rhéteurs qui cherchent à capter la bienveillance de leur public, il a commencé par remercier les Français de leurs efforts. Grâce à eux, « nous avons progressé », « l'épidémie commence à marquer le pas », « l'espoir renaît » !

Il reconnaît bien quelques failles dans le combat, mais c'est « comme dans tous les pays du monde », précise-t-il. C'est vrai pour le matériel de protection, les fameux masques dont on parle tant, mais il assure que le gouvernement s'est mobilisé depuis le début et annonce, triomphal : leur production sera multipliée par cinq... d'ici trois semaines. On est heureux de l'apprendre. Sur sa lancée, il énumère « de vraies réussites ». Son visage commence à rayonner : « Nous avons innové, osé, agi ! »

« L'espoir renaît », reprend-il, ajoutant aussitôt « mais rien n'est acquis ». Nous devons poursuivre nos efforts et appliquer strictement les règles. Le confinement durera jusqu'au lundi 11 mai. À partir de cette date magique, tout va changer... mais progressivement. Les crèches, les écoles, les collèges, les lycées vont rouvrir. Pas l'enseignement supérieur : on se demande pourquoi. Heureusement, des règles de sécurité particulières seront définies pour protéger les élèves et les professeurs. Selon notre Président, le confinement des élèves crée trop de disparités. Il se garde de dire qu'il faut bien libérer les parents de leurs enfants pour qu'ils retournent au travail et relancent l'économie.

La vie va donc reprendre le dessus ? Pas pour les personnes les plus vulnérables, par l'âge ou une maladie chronique, qui devront rester encore chez eux. Pendant combien de temps ? On ne sait pas. Macron nous promet des masques, l'utilisation la plus large possible de tests, à partir du 11 mai, pour toute personne présentant des symptômes. Et d'annoncer la fermeture des frontières de l'Union européenne, le port obligatoire des masques dans certaines circonstances. Le gouvernement présentera bientôt le détail de l'après 11 mai.

Bref, tout va aller mieux, mais c'est loin d'être fini. La fin de l'épidémie, ce n'est pas pour demain. On est loin de l'immunité collective nécessaire pour l'enrayer. On travaille sur les vaccins, mais il faut plusieurs mois. Pour les traitements, toutes les options sont explorées : on en déduit qu'on n'est pas près de les voir officialisées. Mais soyons rassurés : « Notre nation se tient debout, solidaire, avec un but commun. » Il faut refonder l'Europe, aider nos voisins d'Afrique, « bâtir des solidarités et des coopérations nouvelles ». Il sera là, Macron, pour nous sauver ! « Sachons nous réinventer, moi le premier », conclut-il radieux !

Sans doute se voit-il conduire les Français vers un nouveau destin. Pas sûr que les Français en soient ravis !

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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