500 députés pour Mélenchon et Macron : mais où est passée la droite ?

assemblée nationale

À deux semaines du premier tour des législatives, la non-campagne bat son plein. L'enjambement électoral souhaité par le candidat Macron puis le Président réélu fonctionne parfaitement. Même la nomination d'Élisabeth Borne n'a rien troublé, comme le montre un sondage publié, cette semaine, par Les Échos, ce qui est tout de même embêtant pour la majorité. Passe encore qu'Emmanuel Macron soit le premier Président élu ou réélu à ne bénéficier d'aucun état de grâce, mais si même la nouveauté que constitue toujours une nouvelle figure à Matignon ne produit aucun élan, cela peut devenir problématique pour la majorité.

Le même sondage annonce un 26 % (-1) pour Renaissance, la nouvelle étiquette macroniste, et une majorité confortable de 295 à 335 sièges. 26 % : exactement le niveau que lui donne le dernier sondage de Cluster 17, publié vendredi 27 mai. Sauf que là, c'est la NUPES de Mélenchon qui est donnée nettement en tête, avec un impressionnant 30 % et une projection en sièges qui rapprocherait la coalition de gauche de la majorité absolue. Certes, Cluster 17 a par le passé souvent été critiqué par la Commission des sondages. Mais la NUPES est, depuis le coup de maître de Mélenchon qui a su faire fructifier sa troisième place de la présidentielle, constamment donnée entre 25 et 30 %, en première ou deuxième place.

Et la droite, dans tout ça ? Pour Cluster 17, le RN obtiendrait 19 %, LR 10,5 % et Reconquête 6 % (respectivement 21, 11 et 5 pour le sondage OpinonWay publié par Les Échos). La projection en sièges serait catastrophique : entre 50 et 70 sièges pour LR, entre 14 et 34 pour le RN.

D'ailleurs, ses dirigeants semblent déjà avoir intégré cette défaite en passe d'être historique. Samedi, en campagne dans le Var, Éric Zemmour s'est montré direct : « L’union de la gauche autour de Jean-Luc Mélenchon et de l’islamo-gauchisme va dépasser allègrement les 100 députés et sera évidemment la principale force d’opposition au macronisme. C’est évident, c’est sûr, c’est déjà réglé, et évidemment le choix fait par Marine Le Pen en particulier, et aussi les dirigeants de LR, est qu’ils arriveront eux-mêmes avec des petits groupes, mais apparemment ils s’en satisfont. » Éric Zemmour s'est posé en Mélenchon de droite incompris : « Moi, j’ai voulu rassembler, comme l’a fait Jean-Luc Mélenchon à gauche, comme l’a très bien réussi Jean-Luc Mélenchon, mais manifestement ni Marine Le Pen ni les dirigeants de LR n’ont voulu ou su en faire autant. »

Jeudi, c’était Marine Le Pen, en campagne en Seine-Maritime, qui avait lancé ses propres accusations : « Si dans un certain nombre de circonscriptions, nous n’arrivons pas en tête, ce sera également le fait [des] candidats [de Reconquête], alors qu’ils savent pertinemment qu’ils n’auront pas d’élus. »

Du côté de LR, on espère résister, comme il y a cinq ans. Alain Marleix, le père du député LR Olivier Marleix et fin connaisseur de la carte des 577 circonscriptions (c'est lui qui fut l'auteur du dernier découpage électoral, en 2010), a confié au Figaro que LR pourrait conserver 85 circonscriptions.

Il n'empêche, pour la droite, après celle de la présidentielle, la défaite serait historique, et si, comme les sondages l'annoncent, les deux blocs Mélenchon-Macron rassemblaient 500 députés, n'en laissant que 80 aux droites divisées, ce serait pour elles une véritable année zéro qui leur imposerait un aggiornamento. Et pas seulement les traditionnels règlements de comptes.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

81 commentaires

  1. Zemmour a certes divisé la droite au premier tour. Le motif de sa présence ? Il ne l’a pas caché : la médiocrité de MLP face à Macron. Il prétendait que le scénario de 2017 ne pourrait que se reproduire. Et MLP s’est efforcée de lui donner raison.
    Zemmour n’est sans doute pas l’avenir de la droite, mais MLP encore moins – elle a trop de complaisance envers nos ennemis. Cherchons mieux. Par exemple en imaginant ce que serait un ministère de droite. Cela pourrait faire émerger des idées.

  2. Consulter les listes electorales vous verrez qu’à gauche il y a un grand nombre de candidats dissidents plus ceux du PRG pour qui les electeurs de gauche voteront en leur âme et conscience rejetant cette union contre nature avec les islamo gauchistes. Les legislatives ne sont pas la présidentielle savoir qui va se desister au seconde tour et pour qui relève de la devinette et les sondeurs ne sont pas des devins. Ajouter à cela les possibles triangulaires. Votez contre M&M.

  3. Les plus stupides dans cette affaire, sont encore les électeurs. Mélanchon offre le mérite de mettre le Chaos partout…
    L’Union des Droites, ne peut se faire et le RN est de Gauche…

  4. LR sont des carriéristes qui faisaient alliance avec la Gauche pour faire barrage au FN, mais ont refusé d’en faire avec Zemmour ! De plus, les medias mainstream ont diabolisé « Z » et fichu une paix royale à MLP pour que le duel Macron/LePen soit acté, garantie de sa réélection ! Zemmour a raison de dire qu’elle ne veut pas le pouvoir, mais sauver sa boutique ! Je ne comprends pas que les électeurs de MLP n’aient rien vu pas plus sa « gauchisation » et son clientélisme élect. chez les muz ?

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