2029 : déjà dix ans de Brexit réussi et cinq ans (depuis 2024) pour la nouvelle Confédération européenne

Europe

Macron, esseulé après le départ de Merkel, fin 2019, avait bien été contraint de négocier un accord provisoire bilatéral donnant-donnant avec Johnson, mais le mal était fait. Les 400.000 Français vivant au Royaume-Uni et les agriculteurs avaient été sacrifiés par légèreté.

La situation était d'autant plus grave que le Royaume-Uni, qui importait jadis dix milliards d’euros de denrées alimentaires du continent, avait diversifié son approvisionnement aux USA et dans le Commonwealth. Le solde excédentaire de la France avec le Royaume-Uni, qui était de trois milliards d’euros (données 2017), s'était effondré à 500 millions. Et comme les agriculteurs français subissaient la concurrence du CETA, la situation était devenue insurrectionnelle et chaque député LREM devait être protégé par la police. Quant à la prétention de Barnier d'imposer les règles de Bruxelles au Brexit, elle avait été balayée : le Royaume-Uni décida qu'il était juridiquement aussi cohérent d’appliquer le droit britannique de « sortie de traité » ou de « succession d’État » que les règles de Bruxelles, d'ailleurs inexistantes sur le sujet. Et comme il avait déjà réussi ses négociations bilatérales avec plusieurs pays européens…

Simultanément, la situation avait beaucoup changé en Europe centrale et orientale. La facile réélection de Trump en 2020 l'avait libéré politiquement et lui avait permis de se consacrer à contenir puis briser le système chinois en pleine explosion sociale. Poutine était devenu de plus en plus mystique et, préparant son départ en 2024 (à 72 ans), avait voulu contribuer à la pacification de l'Europe, au rapprochement de la Russie avec la toute nouvelle Fédération européenne, et lui aussi s’inquiétait de la tentation de domination chinoise sur ses territoires si faiblement peuplés. Il avait donné un coup de main à la stratégie de Trump en lâchant le Venezuela et en feignant d'acter avec résignation l'abandon du traité FNI. En réalité, lui comme Trump avaient compris que ce traité était une menace grave sur la sécurité du monde car la Chine, elle, avait produit des milliers de missiles à portée intermédiaire pendant que les deux puissances en étaient empêchées par ce traité.

L'année 2019 avait été décisive et elle fut, à plus d'un titre, le début de l'ère institutionnelle nouvelle que demandait un monde nouveau. Certes, les négociations avec l'Ukraine avaient duré plus longtemps que prévu, et pour cause : il s'agissait de penser et de bâtir ce monde nouveau… En le résumant à larges traits : l'Europe allait se pacifier, se réunir dans la liberté, se reconstruire politiquement. Les nouveaux accords de Minsk eurent une portée élargie et on y associa les USA et le Royaume-Uni. Car si le cas de l'Ukraine était relativement simple, le contexte et la perspective géopolitique indispensables étaient néanmoins plus complexes. Les nouveaux accords de Minsk furent l’occasion de dépasser le seul cas de l’Ukraine et l’occasion magnifique d’une pacification de tout notre continent avec le retrait des armes atomiques tactiques, la garantie des frontières et des souverainetés, la démilitarisation.
Il était donc nécessaire que les USA soient présents à Minsk pour la mise en sommeil progressive de l'OTAN, ce que Trump désirait d'ailleurs. On en profita pour solder les scories de l'histoire violente européenne : Chypre, la Transnistrie, le Kosovo, la Carélie… L'Ukraine devint un État bilingue, fédéral et neutre. Elle et sa voisine biélorusse conclurent des accords de codéveloppement avec la Confédération européenne et avec la Russie, accords dénommés Grande Europe. On put voyager et travailler plus librement de Brest à Vladivostok.

Quant à l'Europe de l’Ouest, elle fut intégralement repensée et reconstruite, de bas en haut et non plus de haut en bas, dans le cadre d'une Confédération de toutes les nations souveraines. Les démocraties nationale redevinrent le socle de la Confédération.

Bonnes vacances en cet été 2029, en dépit du froid, ce que certains catastrophistes qualifient de mini-ère glaciaire, due à la sous-activité cyclique du soleil...

Henri Temple
Henri Temple
Essayiste, chroniqueur, ex-Professeur de droit économique, expert international

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