Au vu des résultats du 6 novembre, il semble que le pays n’a pas vraiment compris qu’il lui fallait choisir entre prospérité et frontières ouvertes. L’élection confirme l’impact des profonds changements démographiques qui ont transformé le tissu social, culturel et idéologique des États-Unis, ainsi que l’acceptation par les populations des banlieues aisées (essentiellement blanches) du bien-fondé de la doxa mondialiste. C’est une tendance de fond, lourde, renforcée par une autre : la formidable prégnance de cette superclasse mondiale (si bien décrite par Michel Geoffroy) qui a investi des sommes pharaoniques dans l’élection pour faire basculer la Chambre et, ainsi, ouvrir la voie à la persécution judiciaire de Trump et surtout son impeachment (révocation).

Trump a perdu la Chambre mais a renforcé son influence au Sénat. Pour le Sénat, il s’agissait d’une élection partielle dans laquelle la plupart des sièges en jeu étaient détenus par des démocrates se présentant dans des États gagnés par Trump en 2016. Le contrôle du Sénat est déterminant pour nommer les juges fédéraux et ceux de la Cour suprême et, comme en avait bénéficié Bill Clinton, détient la décision finale sur toute révocation du président lancée par la Chambre. En gagnant plusieurs sièges qui seront détenus par des élus loyaux, Trump marque ici des points. La Chambre, remplacée en entier quant à elle, sera tenue par une majorité démocrate importante (bien que non époustouflante).

Pourquoi ?

Parce que plus de 100 millions d’Américains qui ont une maladie « préexistante » ont été abandonnés par des parlementaires républicains à la solde des compagnies d’assurances qui ont effacé Obamacare sans offrir une solution de rechange (Trump avait réussi à faire passer un texte de loi aux deux chambres… pour le voir rejeté par une voix au Sénat : celle du sénateur McCain, dont le spectre a dû planer sur cette élection). Parce qu'ensuite le même establishment républicain du Congrès avait rendu permanentes les déductions fiscales des entreprises et… temporaires celles des classes moyennes. La propagande électorale démocrate, financée par le « grand capital », aura pu ainsi se payer le luxe de faire dans la justice sociale. Parce qu’enfin les récentes affaires des colis piégés et de la tuerie à la synagogue de Pittsburgh ont fait fuir les banlieusards aisés. Imparable.

Trump a deux consolations : les républicains du congrès qui se sont distancés de lui (ou qui ont voté contre lui) ont tous perdu (face, souvent, à de nouveaux candidats démocrates, hommes et femmes, d’apparence modérée). Et [au moment où nous écrivons ces lignes] sur les 59 candidats pour lesquels il a personnellement fait campagne, 33 ont été élus, 14 ont perdu, le décompte (favorable) des 12 restants n’étant pas terminé. Son impact personnel est bien réel. Mais cela ne change pas le fait que l’establishment ne se laissera plus surprendre et que le point de non-retour démographique est déjà atteint.

Notre ouvrage Combat pour l’hémisphère nord (dont Arnaud Florac a fait la relation sur Boulevard Voltaire) voyait les États-Unis imploser à la manière de l’Union soviétique vers 2035, le pays perdant la moitié de sa surface, près de 100 millions d’Américains quittant massivement le continent pour s’installer avec leur patrimoine dans la nouvelle Eurosibérie. Ce ne serait pas si mal…

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:47.

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07 novembre 2018 à 15:28

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