Résurgence du conflit historique israélo-polonais et annulation du sommet du V4 à Jérusalem

La Pologne avait accepté d’accueillir, à Varsovie, un sommet pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient organisé les 13 et 14 février par les États-Unis, sans doute pour discipliner leurs alliés israéliens et arabes qui commençaient à discuter un peu trop avec la Russie après l’annonce du départ des troupes américaines de Syrie. Si le gouvernement polonais avait tout fait pour éviter que ce sommet n’apparaisse comme un sommet contre l’Iran, les déclarations du secrétaire d’État américain Mike Pompeo et du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou n’ont pas laissé la place au doute. Du reste, en l’absence de l’Iran (non invité), de la Turquie et de la Russie, qui organisaient un sommet concurrent, il ne fallait pas s’attendre à ce que les pays réunis à Varsovie puissent faire avancer la paix en Syrie. En revanche, ce sommet a été l’occasion d’une résurgence du conflit historique judéo-polonais autour de l’attitude des Polonais pendant la Deuxième Guerre mondiale. À tel point, même, qu’un sommet du groupe de Visegrád (V4 : Pologne, Tchéquie, Slovaquie et Hongrie) prévu à Jérusalem pour les 18 et 19 février, pour marquer le rapprochement entre l’Europe centrale et Israël, a dû être annulé après l’annonce du Premier ministre polonais qu’il ne s’y rendrait pas et que la Pologne n’y enverrait aucun représentant.

Tout a commencé par un article du Jerusalem Post qui déformait la réponse donnée à Varsovie par Netanyahou à un journaliste du quotidien de gauche israélien Haaretz, à propos de la loi mémorielle polonaise à l’origine du conflit historique judéo-israélo-polonais de l’année dernière. Là où Netanyahou a répondu que des Polonais avaient collaboré avec les nazis contre les juifs et que jamais personne, en Pologne, n’a été condamné pour l’avoir dit, le Jerusalem Post lui a fait dire que la nation polonaise avait collaboré avec l’Allemagne nazie contre les juifs. Une contre-vérité historique et une ligne rouge à ne pas franchir pour des Polonais aussi sensibles sur cette question que les juifs sur celle de la Shoah. Le Premier ministre israélien et l’ambassadrice d’Israël en Pologne ont apporté un démenti à la version du Jerusalem Post et on en serait resté là s’il n’y avait eu les propos tenus par le ministre des Affaires étrangères israélien Israel Katz, interrogé justement sur cette polémique. Katz a estimé, dans une interview, que les Polonais avaient "tété l’antisémitisme avec le lait de leur mère". Revenant, dans un autre entretien, sur ses propos, il a ensuite affirmé que l’antisémitisme des Polonais était "inné", puis a refusé de présenter ses excuses malgré les critiques à son encontre non seulement en provenance du gouvernement polonais mais aussi – chose rare – des organisations juives polonaises et américaines et même des autorités américaines.

"Entre proches alliés tels que la Pologne et Israël, il n’y a pas de place pour des commentaires insultants comme les déclarations d’hier du ministre israélien des Affaires étrangères Israel Katz", a tweeté l’ambassadrice américaine à Varsovie Georgette Mosbacher. Imaginons, en effet, le tollé que provoquerait une déclaration d’un ministre polonais sur les juifs qui auraient « tété le racisme anti-polonais avec le lait de leur mère » et sur l’anti-polonisme « inné des juifs ». Ce serait de l’antisémitisme caractérisé. Morawiecki a ainsi déclaré, dans une interview publiée le 22 février par Haaretz  : "Nous avons aussi à faire face à de l’antisémitisme en Pologne, mais par bonheur cela reste marginal", et "cela m’attriste que l’anti-polonisme semble être la position adoptée par un des principaux dirigeants israéliens".

L’actualité polonaise vue de droite : ici

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:40.
Olivier Bault
Olivier Bault
Directeur de la communication de l'Institut Ordo Iuris

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