Canada : ma cabane au cannabis

CANNABIS

Ça y est, au Canada, l’irréparable vient d’être commis. Ce 15 octobre 2018, le Premier sinistre, Justin Trudeau, légalise à des fins récréatives le cannabis, qui était interdit depuis 1923. Vingt ans auparavant (préalable obligé), d’autres avaient entrouvert la porte en déguisant le cannabis en médicament. Le Canada est ainsi le premier État du G20 à avoir succombé. Promesse électorale tenue : « élection, piège à chichon ».

Le Canada n’était pourtant pas, dans le monde, le plus gros consommateur de cannabis. Il était très en deçà de la France qui, à cet égard, est l’échappée du critérium européen. La consommation devrait bien vite y exploser, à l’image des files qui se forment devant les magasins aux premiers jours de cette légalisation. Des initiatives isolées se font jour pour tenter de calmer le jeu dans les universités, la police, l’armée, les transports… Quand la loi s’effondre, des règlements intérieurs essaient d’y suppléer, avec une légitimité qui sera bien vite contestée.….

Cette légalisation a fait feu de tous les poncifs dont nous sommes abreuvés depuis vingt ans : meilleur contrôle du produit, de sa qualité, de sa teneur en tétrahydrocannabinol (THC), disparition du trafic ; mise au jour d’une économie souterraine que le fisc va pouvoir ponctionner ; figures sémantiques imposées auxquelles ne croient même plus ceux qui les déversent, tels des psittacidés.

C’est d’une main tremblante que le politique devrait légiférer quand ses décisions confinent à l’irréversible. On ne met pas de nom sur la personnalité qui aurait légalisé le tabac et devrait assumer ses 79.000 morts annuels en France. On ne met pas de nom sur tel autre qui a légalisé l’alcool, et qui devrait rendre compte de ses 49.000 morts. Cela ne s’est pas passé comme ça ; on ne sait plus qui a fait quoi et à combien ils s’y sont mis.

Pour le cannabis le paysage est tout autre. Le législateur modèle 2018, au Canada ou ailleurs, ne peut ignorer le pouvoir d’accrochage de cette drogue (20 % de ceux qui l’on essayé en deviennent dépendants) ; il ne peut méconnaître les principales manifestations de sa toxicité physique (supérieure à celle du tabac) ; il connaît forcément un certain nombre de ses méfaits psychiques : perturbations des capacités éducatives, effets désinhibiteurs avec prise de risque ou agressivité, perturbation de la conduite des véhicules à moteur et de diverses activités professionnelles, troubles de la maturation cérébrale pouvant déboucher sur la schizophrénie (communément « la folie ») selon une relation désormais irréfragable, induction d’anxiété, de dépression, de démotivation, incitation au passage à d’autres drogues quand l’intensité des effets du cannabis s’atténue, par le jeu d’une tolérance.

Tout comme la truffe qui rend fous les cochons, le cannabis fait entrer en rut : les alcooliers (Pernod-Ricard pense l’associer à ses whiskies), des chocolatiers, des confiseurs, des producteurs de tisanes, tous sont prêts à en mettre partout, même dans le sirop d’érable…

Que les concurrents commerciaux du Canada se réjouissent : s’ils savent résister eux-mêmes aux sirènes du cannabis, ils l’emporteront sur ceux que Trudeau chausse des semelles de plomb du cannabis.

Cette législation fera davantage de victimes que le tabac ; elle exacerbera les effets de l’alcool ; elle conduira à la légalisation d’autres drogues. Mais, au fait, Monsieur Trudeau, à partir de combien de victimes s’expose-t-on à l’accusation de crime contre l’humanité ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 16:59.
Jean Costentin
Jean Costentin
Docteur en médecine

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