Yann Barthès, ou la bonne conscience du délateur

yann barthes

C’est un de ces nouveaux petits métiers qui se portent très bien, à gauche. Le cran au-dessus de journaliste-ricaneur-redresseur-de-torts : délateur. Un rôle assumé en toute bonne conscience.

C’est ainsi que Yann Barthès, producteur et grand mamamouchi de l’émission « Quotidien », s’est vanté, mardi soir, d’avoir appelé ses confrères de TF1 et France 5 pour leur signaler que le Rassemblement national avait utilisé des extraits de leurs reportages en illustration du banquet/meeting du 1er mai au Havre. Un « emprunt » d’images pour lequel le RN n’a pas payé les droits de reproduction.

Objectivement, quand on est épié dans ses moindres gestes comme l’est le RN, ça n’est pas très malin. Toutefois, que dire du même Barthès quand il saucissonne les images et fabrique ses montages pour tourner en ridicule tout ce qui concerne le parti de Marine Le Pen.

Autoproclamé modèle de déontologie journalistique, Barthès révèle que plusieurs des images utilisées pour illustrer les thèmes du pouvoir d’achat ou de la crise de l’énergie « avaient été tournées par les équipes de "C dans l'air" et diffusées dans l'émission entre le 8 janvier et le 8 février 2023 ». Et d’interpeller également Le Parisien dont des vidéos auraient aussi été utilisées, avant d’ajouter en ricanant : « Et ils [les responsables des chaînes] ne sont pas contents ! Résultat : le RN va recevoir une petite facture ! Désolé, on a voulu bien faire ! Ça va vous coûter cher, tout ça. »

De fait, France 5 aurait demandé au RN de retirer immédiatement les images de son site, la production « se réservant le droit de porter plainte ».

L’important, dans cette histoire, est le climat nauséabond qui empuantit de plus en plus notre monde. Celui de la délation à bas bruit, quand tout ces petits marquis de la bien-pensance se posent en parangons de vertu, qu’il s’agisse de faire la police des braguettes, de débusquer le racisme rampant de l’adversaire ou l’emprunt non autorisé des images.

Le pseudo-journalisme des ricaneurs-délateurs a pris possession des grands médias, quitte à abattre ceux qui, même dans ce camp, cherchent encore à confronter les idées. Voir le sort réservé à Hugo Clément pour avoir participé au grand débat de Valeurs actuelles face à Jordan Bardella.

Faute d’arguments puisque, depuis belle lurette, il ne s’agit plus d’argumenter mais de ridiculiser et dégrader l’adversaire par tous les moyens, Yann Barthès veut frapper le RN au portefeuille. En figure auréolée de la sainte gauche, son mépris de classe touche moins les dirigeants du parti que tout ce petit peuple qui vote « à l’extrême droite ». C’est qu’il s’agit de nous protéger du fascisme car le danger est à droite, comme chacun sait !

Mais au fait, qui est-il, lui, Barthès, à part ce personnage boursouflé de bonne conscience, de ceux qu’on n’aurait pas aimé avoir pour voisins aux heures les plus sombres ?

Une certitude : celui qui n’est jamais si heureux que quand il « dézingue » tient plus que tout à sa tranquillité. « La discrétion est la chose la plus précieuse au monde pour moi. Surtout dans ce métier, qui n'en a absolument aucune », disait-il à TV Magazine, en 2019. « J'aurais aimé être comme les Daft Punk. C'est le top, d'être connu sans être reconnu. On ne se rend pas compte de la chance qu'ils ont... »

On sait seulement que Barthès vit bien. Très bien, même. En 2013, du temps de Canal+, il gagnait 30.000 euros par mois. Et en 2017, le magazine Capital révélait qu’il était le troisième animateur-producteur le mieux payé de France (après Hanouna et Nagui), ayant réalisé, notamment grâce à sa société Bangumi, un chiffre d’affaires de 27 millions d’euros.

Comme disait le cinéaste Marin Karmitz, au Monde : « Mieux vaut être riche et de gauche que pauvre et d’extrême droite. »

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Tout comme Acadie je n’ai jamais regardé l’émission de cet individu , si un maximum de Français en faisait autant ce type ne représenterait rien !
    Coluche rappelait aux Français mécontents ,à une époque ou le choix des chaînes et des programmes télévisés était encore limité,qu’il y a un petit bouton au bas de nos téléviseurs et qu’il suffit de s’en servir pour les éteindre .
    Pour ma part je considère que Barthès ,comme Macron ou les tordus de LFI, ne méritent pas notre attention ,il s’agit d’une perte de temps !

  2. Pour ma part, je ne l’ai jamais regardé ! Et c’est bien ainsi, ça me met à l’abri de ce genre de personnage peu respectable, mais… fort bien payé par le privé qui se donne bonne conscience en employant ce genre de renégat. Il crache constamment dans la soupe et il en est très fier.

  3. Franchement l’air qu’il arbore sur cette prise illustre parfaitement son vrai nom de délateur et sans risque….Quoiqu’il pourrait commencer à regarder derrière lui, le soir !

  4. Une phrase a sauté ci-dessous ( pas grave ). Rigolos qui jouent sur la friction des degrés… premier, deuxième, troisième etc Degrés ravalés etc

  5. Je connais mal ce Barthès ( je connais R. Barthe ! ). On ne sait s’il ricane, est sérieux, grave etc Ce genre là est apparu avec la ribambelle de rigolos ( pas drôles , d’ailleurs ). Degrés ravalés au premier degré pour certaines « cibles »… Bref, cet « esprit Libé » me dégôute.

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