Yaël Braun-Pivet accusée de racisme : cela manquait pour que le Guignol soit complet

Yael Braun Pivet

La boulette de Yaël Braun-Pivet en cette fin de semaine à l’Assemblée nationale a fait le tour de la presse : « Tous les Noirs ne se ressemblent pas ! : Nadège Abomangoli recadre Yaël Braun-Pivet qui l’a confondue avec Rachel Keke », titre L’Obs. « Tous les Noirs ne se ressemblent pas ! : Nadège Abomangoli dénonce le "racisme latent" dont elle a été victime à l’assemblée », renchérit BFM TV, évoquant une « confusion problématique ». 

Il est vrai que cela manquait au tableau pour que le spectacle soit complet. La parade de LFI, c’est comme la tournée de Guignol, il y a des passages obligés sans lesquels les spectateurs sortent un peu déçus : il faut, par exemple, qu’à un moment, Guignol tape sur le gendarme. C’est Louis Boyard qui a emporté le rôle - il lui sied, convenons-en, comme une petite moufle -, claironnant : « C'est un fait que la police tue »

Mais la saynète « racisme », un incontournable, n’avait pas encore été jouée dans cette nouvelle saison théâtrale antifasciste, comme l'appelait Jospin. C’est donc in extremis, vendredi soir, avant que les députés ne partent en vacances, qu’elle a été casée. Une sorte de rappel, un bonus, après que le rideau est tombé. 

Nadège Abomangoli a reçu illico le soutien, sur Twitter, de ses célèbres collègues martyrs, Carlos Martens Bilongo, bien sûr, et Danièle Obono, qui n’a pas hésité a affirmer que Yaël Braun-Pivet ne s’était jusque-là jamais trompée. Ce qui est factuellement faux, puisque la présidente de l'Assemblée nationale a déjà plusieurs fois confondu Thomas Ménager et Pierre Meurin, tous deux députés du RN, comme l’a rappelé un autre député, Jérôme Buisson, sur Twitter. Le tweet a d’ailleurs été initialement liké par Yaël Braun-Pivet avant que, reprenant ses esprits, celle-ci ne se ravise, se souvenant sans doute qu’une dame Renaissance de sa qualité ne devait pas frayer avec les gueux du RN.

Ladite Yaël Braun-Pivet avait, d’ailleurs, immédiatement présenté ses excuses pour sa bévue, invoquant sa fatigue : « Je dois en être à ma treizième heure de présidence. » 

Mais l’antiracisme est un nouveau jansénisme implacable qui ne connaît ni pardon ni miséricorde : « Elle invoque la fatigue. Ce sont les mêmes qui veulent faire trimer deux ans de plus les gens qui s’usent au travail, eux ! », commente rageusement l’outragée, qui l'accuse de « racisme latent et mépris ordinaire » sur les réseaux sociaux.

Yaël Braun-Pivet, quand elle revient le soir, exténuée, de son travail - qui s’est apparenté, ces jours derniers, à celui d’une prof en ZEP, tentant d’intimer le silence toute la sainte journée au lieu d’avancer son cours -, doit certainement égrainer le prénom de chacun de ses cinq enfants, voire le nom du chien, avant d’appeler celui auquel elle pensait demander de sortir la poubelle. Que les mères de familles nombreuses qui n’ont jamais appelé leur mari « papa » - Freud, quand tu nous tiens - une fois ou l’autre en fin de journée, quand plus aucune d’entre elles ne sait où elle habite, lui jettent la première pierre. 

Quant à ceux, légion, qui, avant qu’elle ne monte sur le perchoir, l’ont longtemps prise pour sa comparse Agnès Pannier-Runacher s’interrogent sur leur blondophobie, très répandue puisqu’on en parle dans les blagues Carambar™, qui discriminent intellectuellement les femmes à raison de leur couleur de cheveux. Et ma voisine, qui à la télé croit voir Éric Ciotti en la personne de François Lenglet - me vantant, ensuite, les connaissances encyclopédiques du président des LR en matière économique -, est sans doute une chauvophobe rentrée.

Sur Twitter, la jeune influenceuse Stella Kamnga, bien connue des lecteurs de BV, s’amuse : « Mon ex (noir) m’a appelé par le prénom de sa femme (blanche). Donc, lui, en plus d’être raciste, il est daltonien ! » 

Monsieur de La Palice dirait sans doute que la confusion est engendrée par la ressemblance sous toutes ses formes et que c’est pour cela que l’on prend rarement une grand-mère en EHPAD pour un nourrisson, ni un pied de lampe pour un fauteuil crapaud, sans qu’il faille y voir malice. Mais les truismes, aujourd’hui, peuvent vous valoir des ennuis. 

Le seul racisme, si racisme il y a, est bien ailleurs : rien dans l’intervention de Nadège Abomangali n’a été retenu par les médias en dehors de cet épisode dérisoire. Comme son collègue Carlos Martens Bilongo, elle n’est sortie de l’anonymat que par une polémique « capillotractée ». N’exister que par sa couleur de peau, n’être jugé que par ce que l’on est et non par ce que l’on fait, voilà ce qu’est devenue la France ?

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

36 commentaires

  1. Cette Assemblée Nationale ressemble plus à une salle des Fêtes ou à une basse-cour où ça vole bas parfois, c’est affligeant. L’occasion pour ces quelques personnes d’une susceptibilité maladive était trop belle pour ne pas en faire aussitôt un fromage. Comme quoi, il n’est pas possible d’être en bonne intelligence avec tout le monde quand la subtilité de notre belle langue leur échappe.

  2. Cette manière de « prendre la balle au bond » ressemble quant à une vraie provocation! On devrait sanctionner ce comportement inutile et délétère.
    Cette malencontreuse confusion de la part de la présidente méritait un peu plus de sens de l’humour de la part de l' »offensée »!

  3. Les clowns sont souvent tristes . Parfois vulgaires! Jamais sérieux !
    C’est bien le cas de cette bande de banlieusards nupesiens !
    Et c’est bien tout ce dont ils sont capables!
    Le cirque aux frais de la République !
    Vive la France d’extrême gauche!

    • Égrener est plus fréquent que égrainer. La double graphie existe aussi pour les dérivés égrenage ou égrainage, égreneur, euse ou égraineur, euse, égrènement (avec un accent grave) ou égrainement. Égrenoir, en revanche, n’a qu’une orthographe

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