Le vote des Français à l’étranger ressemble à celui des grandes métropoles

Bureau de vote à l'ambassade de France à Bucarest - Photo BV
Bureau de vote à l'ambassade de France à Bucarest - Photo BV

Examinons les chiffres : 1.265.230, c'est le nombre de Français vivant à l’étranger inscrits sur les listes électorales, 45,84 %, le taux de participation. 89,31 % des votes se sont exprimés en faveur d'Emmanuel Macron au deuxième tour, soit un score très proche des votes exprimés à Paris (89,68 %).

On estime à 2,3 millions le nombre de Français établis hors de France, dont seuls 50 % sont inscrits sur les listes électorales, ce qui signifie un intérêt à la vie politique française bien moindre qu’en France. On peut trouver plusieurs raisons à ce facteur : faible nombre de bureaux de vote, binationaux ou français à l’étranger de longue date plus préoccupés par la vie politique de leur pays d’accueil que par la vie politique française, etc.

Le pourcentage de vote, ridiculement bas, en faveur de Marine Le Pen est, par contre, plus intéressant à étudier, et pour cela, il faut analyser la sociologie des Français vivant à l’étranger.

La première catégorie est celle des Français expatriés ou détachés, occupant souvent de hautes fonctions managériales dans les grandes entreprises du CAC 40 (autour de 20 % de la population). Pour celle-ci, dont le vote en faveur d’Emmanuel Macron a dû être proche des 100 %, le résultat n’a rien d’étonnant. Cette catégorie est constituée des éléments les plus favorisés et bénéficiant le plus de la mondialisation. Ils sont les enfants de partout et de nulle part en même temps. Ils ne connaissent ni la culture de leur pays d’accueil (ils n’y restent, d’ailleurs, que peu de temps, passant de New York à Sydney, de Londres à Abidjan) ni la langue. Nous sommes dans la caricature du système, bien loin, dans ce monde ultra-financiarisé, des grandes aventures de l’exportation des sociétés françaises des années 1970 et 1980.

Le reste de la population est très divers. Elle va du binational au cadre expatrié, à son tour victime de la mondialisation parce qu’il a dû accepter, après quelques années, un contrat local (car moins cher pour l’entreprise), de l’apprenti boulanger qui a décidé de tenter l’aventure en Australie au couple de retraités bretons qui a décidé d’ouvrir un hôtel au Sénégal… faute d’étude précise, le très faible taux de vote en faveur des candidats « nationaux » peut sans doute s’expliquer par trois facteurs :
- la dédiabolisation n’a que partiellement fonctionné pour une population encore prisonnière du prisme des médias français mainstream ;
- une sociologie défavorable (essentiellement classe moyenne supérieure et plus âgée) ;
- une communication inexistante du Front national auprès de cette population et de ses préoccupations particulières.

En y pensant bien… Le résultat du vote des Français à l’étranger n’est pas aussi différent que celui du vote des grandes métropoles françaises. Et il bien évident que le Front national ne pourra pas s’abstenir encore longtemps d’une réflexion profonde sur le rejet qu’il inspire auprès des retraités, des habitants des métropoles et des catégories CSP+.

Paris vaut bien une messe…

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Georges Poulet
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