« Violence inédite » en France : Brune Poirson a raison…
Elle a mille fois raison, Brune Poirson. « Vous avez vu l’état de la violence politique, dans ce pays ? Il y a une perte totale de repères ; de la part de beaucoup de responsables politiques. Les mots n’ont plus de sens pour beaucoup de responsables politiques en France. Aujourd’hui, il y a des députés de La République en marche qui, chaque semaine, se font attaquer, verbalement mais aussi physiquement… On vit une période de violence qui est inédite sous la Ve République. » La secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique parle d’or.
Interviewée, mercredi matin, sur Radio Classique, elle n’a pas de mots assez durs pour les députés de La France insoumise, qu’elle qualifie d’« enfants pourris gâtés de la démocratie ». On pourrait écrire tout un livre sur ces quelques phrases tenant dans cinq lignes. « Les mots n’ont plus de sens ? » Prenez Emmanuel Macron. Au hasard. Nous sommes en septembre 2018, sur le Vieux-Port de Marseille. Rencontre fortuite (?) du Président avec Mélenchon. Un journaliste pose cette question : « Votre adversaire, c’est plus le Front national que lui-même [Mélenchon], finalement ? » Réponse d’Emmanuel Macron : « Ah, j’ai aucun doute… On a des confrontations politiques, mais ce [Mélenchon] n’est pas mon ennemi. » Sous-entendu, le Front national est mon ennemi. Les mots ont un sens. On croyait que l’ennemi, c'était Daech.
« Période de violence inédite sous la Ve République ? » Sans doute. Pourquoi ? À qui la faute ? On ne va pas refaire le film des mots désobligeants du Président envers les Français et du mouvement des gilets jaunes, de ses causes.
Des députés de LREM se font attaquer verbalement et parfois physiquement ? Ce n’est pas bien, évidemment. Mais avouons qu’on est moins larmoyant lorsqu’une permanence du Rassemblement national est attaquée ou lorsque des gauchistes agressent, dans la rue, un candidat aux élections municipales, comme cela s’est passé le week-end dernier à Toulouse. Violence physique ? On pourrait évoquer l’agression, à coups de casque de moto, du socialiste Boris Faure par le député – à l’époque LREM – El Guerrab. Violence verbale ? Lorsque le candidat LREM aux élections municipales de Marseille, Yvon Berland, écrit dans un SMS à un journaliste des Échos : « Je vais te mettre la tête dans le cul. » Menace qu’il comptait mettre à exécution ? Il n’était pas content de l’article publié sur sa campagne. Une presse aux ordres, c’est quand même mieux. À côté, le « Casse-toi pauv' con » de Sarkozy, c'est du Saint-John Perse.
Mais la secrétaire d’État pourrait évoquer aussi la violence du quotidien, celle qui touche les plus faibles, violence rythmée au son de la kalachnikov en certaines zones de « reconquête républicaine », pour employer les mots de Christophe Castaner. Là aussi, les mots ont un sens. D'ailleurs, en espagnol, « reconquête » se dit « reconquista ». Et on met une majuscule.
« Violence inédite », nous dit Brune Poirson. Effectivement. « Le bilan de la délinquance est mauvais, très mauvais », lisait-on dans Le Figaro du 17 janvier dernier. « Le pire bilan qu’on ait vu depuis des années », estimait Alain Bauer. Coups et blessures, violences sexuelles, homicides, tentatives d’homicides, voitures brûlées : tout explose… Violence politique, dans ce pays ? Reflet, écho ou arbre qui cache une jungle de violence plus profonde qu'on aimerait voir traitée par le gouvernement ?
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