Viktor Orbán souhaite une alliance Le Pen-Meloni pour lancer une droite européenne forte

Jamais advenue en France, une union des droites verra-t-elle le jour, au Parlement européen ?
orban

À dix jours des élections européennes, les équilibres politiques dans l’hémicycle de Bruxelles commencent à se dessiner et les grands groupes conservateurs se tendent plus ou moins ouvertement la main. Comme nous l'évoquions dans le groupe Identité et Démocratie (ID), au sein duquel siègent les députés européens du Rassemblement national, l’exclusion de l’AfD, parti de droite allemand, remet en cause les alliances entre les différents partis. Suite à ce changement, Marine Le Pen et Giorgia Meloni semblent ouvrir des négociations. Ensemble, le parti de gouvernement italien Fratelli d’Italia et le premier parti d’opposition en France pourraient former un groupe très important, provoquant un réel glissement d’équilibre à droite. C’est, en tout cas, le souhait du Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, qui s’est exprimé dans les colonne du Point au sujet des enjeux que représentent, pour lui, les élections à venir. Il affirme que « l’avenir de la droite en Europe repose entre les mains de deux femmes : Giorgia Meloni et Marine Le Pen ».

Viktor Orbán plaide en faveur d’un solide groupe de droite

Si cette alliance n’est pas encore opérée, Thibaud Gibelin, auteur de Pourquoi Viktor Orbán joue et gagne : Résurgence de l’Europe centrale (Fauves Édition), explique à BV l’importance d’une telle coalition pour le désenclavement du parti Fidesz (parti de Viktor Orbán) au Parlement européen : « Fidesz n’est sorti qu’à reculons du PPE, en 2021. Depuis, il n’a pas voulu s’inféoder à un autre groupe. » Georges Karolyi, ancien ambassadeur de la Hongrie en France, nous précise : « Si les Républicains affirmaient courageusement leur "droitisme", Viktor Orbán serait heureux de collaborer avec eux, d’autant plus que François-Xavier Bellamy est un vrai ami de la Hongrie. »

Thibaud Gibelin détaille l’importance d’un nouveau groupe pour Orbán : « Quand on rejoint un groupe, la structure est déjà en place. Si Fidesz entre dans un groupe au moment de sa recomposition, il pourra y prendre une plus grosse importance en tant que membre fondateur. » De plus, si la droite installe un groupe important, elle pourra influencer les membres du PPE afin de former une majorité pour les votes à venir : cette coalition de droite pourrait ainsi influencer le centriste PPE qui nouerait a minima des alliances ponctuelles et lui donnerait de la puissance. « Orbán a un atout, explique Thomas Gibelin, à BV, il est au pouvoir depuis quatorze ans, sans coalition, contrairement à Meloni. Il pourrait être le coordinateur de cette alternative à droite. À gauche, il n’ont aucun problème à interagir ensemble ! Il est important que la droite se parle. »

Une alliance possible, mais pas encore à l’ordre du jour

Marie d’Armagnac, spécialiste de l'Italie bien connue des lecteurs de BV et auteur de la préface de l’autobiographie de Giorgia Meloni, nous explique cet espoir que fonde le chef du gouvernement hongrois sur Meloni. « Les rencontres qu’on voit depuis des années, l’aisance de Meloni en Hongrie… tout cela témoigne d’une réelle amitié entre les deux [Orbán et Meloni], ceci bien avant que Meloni ne décolle dans les sondage. » Cependant, l’alliance avec Marine Le Pen plébiscitée par Orbán ne lui paraît pas couler de source : « Meloni veut peser le plus possible avec des conservateurs, je ne pense pas qu’elle juge Marine Le Pen conservatrice. » Pour elle, rien n’est joué avant les élections : « Meloni, qui est arrivée au pouvoir par le vote, un peu par surprise, ne voudra pas décider avant les résultats du vote des Européens. De plus, pour Giorgia Meloni, les jeux d’alliance ne sont que des constructions journalistiques. »

Pour Jean-Paul Garraud, eurodéputé RN élu en 2019 et candidat en 5e position pour le scrutin du 9 juin prochain, les jeux sont très ouverts : « Tout est possible, la situation est plus ouverte qu’avant, confie-t-il à BV. Les souverainistes que nous sommes tous doivent trouver la meilleure formule pour représenter aux mieux nos millions d’électeurs et ainsi transformer radicalement l’UE de l’intérieur. » Il répond aux doutes émis quant à la compatibilité des programmes du RN et de Fratelli : « Nos différences liées à nos intérêts nationaux respectifs et aux relations internationales n’empêchent pas des alliances sur l’essentiel : le primat de la nation, une UE qui ne domine pas les États et qui facilite toutes les coopérations. » Le diplomate Georges Karolyi, joint également par BV, abonde en ce sens : « Que le RN soit moins regardant sur les questions sociétales que, par exemple, le Fidesz ne devrait pas être un obstacle, on ne peut pas être d’accord sur tout, et ces sujets, qui tiennent au plus profond de l’âme humaine, n’ont pas à faire l’objet de prises de position communes au niveau européen. » Le doute demeure, mais tous les voyants semblent au vert pour mettre en œuvre une coopération.

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Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

59 commentaires

  1. Du moment que la Ursula est déboutée, ça me convient. Orban à Brussels c’est bien aussi.

  2. Décidément, ce monsieur est un grand monsieur contrairement à presque tous ses homologues occidentaux. Mais cet homme de bien va sans doute se heurter aux deux pimprenelles en question dont les egos sont un peu trop surdimensionnés pour en accepter l’idée même, car il n’y a pas qu’en France où la droite est la plus bête.

  3. Voilà une belle occasion pour exprimer les intentions. Marine Le Pen est au pied du mur,Meloni s’avérera ce qu’elle est vraiment quant à Orban il est conforme à ces actes.

    • Evidemment MLP ne se situe pas « de droite » encore moins d’extrême. Elle est avant tout FRANCAISE pour défendre les intérêts de la nation. Les français ne sont pas obligatoirement de droite ou de gauche. Nombreux ne veulent pas d’étiquette ni même se situer dans la politique tant ils sont écœurés. C’est peut être ce qui fait le succès du RN qui défend la France, sa culture, son histoire, Les Français qui refusent la dilution du pays dans une Europe fédérale. La France à besoin de rassemblement, en a assez de divisions. Voyons d’abord ce qui nous unis pour pouvoir nous reconstruire. Quand nous aurons pu retrouver la maitrise de notre pays nous pourrons discuter avec nos sensibilités de droite ou de gauche, en attendant c’est l’UE et Bruxelles qui à l’avenir vont définitivement décider pour nous si on ne bouge pas !

  4. Enfin quelque chose de positif, maintenant sauront ils y répondre en laissant leur égo de côté.Il est tard et la maison brûle

  5. L’union fait la force, même en politique, toutes les droites doitdonc s’allier pour mettre en place une Europe des Nations !!!

  6. C’est lui qu’il faudrait à la tête de l’Europe, pas une corrompue qui tapine pour les labos. De tous les chefs d’etat de l’UE, il est le seul à ne pas se coucher devant les idéologies de Davos et avoir finalement une attitude « gaullienne ». Bon, il défend les intérêts de son pays, ce qui le met parfois en opposition avec les nôtres, mais c’est ce qu’un vrai chef d’état est censé faire : défendre son pays.

  7. Il faudra alors que le RN abandonne son programme économique qui se rapproche fortement de celui de LFI, et que Marine revoie ses positions sur l’immigration et les défis sociétaux, dominés par LGBT, il y a du boulot.

  8. j’espère que l’union des droites va se faire, marre de ces partis qui vendent et détruisent nos pays

  9. Quoiqu’il en soit, l’objectif est de renverser ce pouvoir européen et pour nous en France, de barrer la route aux ambitions délirantes de Macron.

  10. Mme Meloni a raison d’être prudente..Le RN est,au mieux, de centre droit..plus près des LR ou des Macronistes..que d’un vrai parti de droite nationaliste…

    • Défendre la souveraineté de son pays n’est pas spécifiquement de droite. C’est être démocrate, car seule une nation peut préserver la démocratie, puisqu’il s’agit du pouvoir du peuple sur le peuple.

      • ouf! que votre commentaire me réconforte ! c’est d’abord aux pays de défendre leur souveraineté et préserver la démocratie de leur nation. Personne ne peut nous obliger à être de droite, ni même de gauche, sinon le peuple vivrait sous une politique de dictature!

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