En ancien apparatchik syndicaliste rompu à toutes les manœuvres, Nicolás Maduro aura donc réussi - ce qui paraissait presque improbable il y a seulement quelques mois - à faire imploser la coalition de l’opposition regroupée sous la bannière de la MUD (Mesa de la Unidad Democrática). La victoire surprise (à l’aide de nombreuses malversations, intimidations et irrégularités) des candidats de Maduro aux dernières élections régionales, les atermoiements d’une partie de cette coalition sur la conduite à tenir après des mois de violences urbaines et surtout (dernier avatar) l’allégeance de quatre gouverneurs élus de l’opposition à la Constituante, tous membres d’un des partis (Acción Democrática) de la coalition et dont le leader est Henry Ramos Allup, auront mis fin à cette unité...

Henrique Capriles, ancien candidat à l’élection présidentielle, vient d’annoncer son retrait de celle-ci et de dénoncer avec virulence "la trahison" de ces gouverneurs, en ajoutant qu’il ne pourra plus faire partie de cette coalition tant qu’Henry Ramos Allup y sera ! Les plaies seront bien difficiles à cicatriser d’ici les prochaines échéances électorales : les élections municipales en principe en 2018 et, surtout, les présidentielles en 2019.

Sur le plan international, Nicolás Maduro n’a guère à craindre non plus de la dernière réunion à Toronto des ministres des Affaires étrangères du groupe de Lima (Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Mexique, Panama, Paraguay et Pérou) qui, dans une déclaration commune, en appellent à une condamnation de l’ONU sur les violations des droits de l’homme et des instances démocratiques au Venezuela. Cette réunion était, depuis la création de ce groupe en août dernier, la troisième du genre. Rendez-vous début 2018 pour la prochaine...

L’attribution du prix Sakharov 2017 par le Parlement européen à « l’opposition au Venezuela » (laquelle, maintenant ?) ne devrait non plus guère l’émouvoir...

Les nuages noirs qui s’annoncent sur sa présidence sont d’une autre nature et bien plus inquiétants. L’année 2017 devrait, en effet, confirmer la dégradation alarmante de l’économie de ce pays : PIB en net recul, inflation vertigineuse (certains évoquent les 1.000 %), réserves de change au plus bas, dégradation de la notation. Tout cela venant s’ajouter à un management catastrophique : réduction des importations provoquant des pénuries, réduction des dépenses de fonctionnement des services de l’État, sauf ceux consacrés à l’armée et à la police...

La fin de l’année risque même d’être périlleuse, avec le remboursement d’une dette obligataire d’un montant de 3,5 milliards de dollars... Avec, en perspective, un possible défaut de paiement, sauf à obtenir l’aide, inespérée, d’une grande puissance...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:56.

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31 octobre 2017 à 13:45

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