Un Président intelligent pour tous
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Les trois journalistes ont eu du mal parce que le Président, sans doute un peu par tactique mais beaucoup à cause de sa nature et de sa volonté pédagogique, ne leur a pas laissé beaucoup de place pour leurs interrogations.
D'abord la vérité du langage et le langage de la vérité. Je ne dis pas que le Président a forcément convaincu l'ensemble des téléspectateurs sur les sujets qui l'ont vu s'exprimer parfois assez longuement.
Mais la vérité, en tout cas, était sa finalité et on a pu d'autant plus s'en convaincre que son analyse sur ses propos absurdement controversés reliait bien son souci d'user du langage non pas comme d'une langue morte mais d'une manière parfois drue, vivante et familière à sa volonté de mettre au jour le réel sans se contenter des poncifs habituels.
Compréhension, élucidation, explication et démonstration. Quoi qu'on pense de l'exercice, il était clair qu'il était totalement éloigné de l'arrogance intellectuelle comme d'un quelconque narcissisme personnel. Il était limpide, aussi, que sa conception régalienne du pouvoir ne visait pas à sauter par-dessus les corps intermédiaires mais à offrir à un peuple en attente d'allure présidentielle cette chance. Ce qu'un Président se doit, et ce qu'il doit au pays.
La psychologie la plus élémentaire permettait à elle seule de réduire à néant l'accusation de mépris et de condescendance que des observateurs mal avisés ressassent au sujet de son caractère. Arrogant, on l'est tout le temps tout entier ou on ne l'est pas. Absurde de confondre la sûreté intellectuelle, la force de l'affirmation avec un contentement éperdu de soi et la sous-estimation de ses concitoyens !
On s'est moqué de la pente gouvernementale qui répudiait le terme de réforme au profit de celui de transformation. Pourtant, cet entretien a manifesté comme le Président avait le désir de sortir la politique des aménagements, des retouches et des corrections à la marge pour engager la France sur des chemins plus ambitieux. Dans tous les pans fondamentaux de la vie nationale - emploi, formation, enseignement, sécurité notamment -, j'ai relevé à quel point les réponses du Président relevaient d'une dissection minutieuse et approfondie de ceux-ci, de leur structure, de leurs carences et de leurs dysfonctionnements pour y apporter des bouleversements radicaux et positifs qui en modifieraient l'esprit et amplifieraient les réussites.
Ce n'était plus de réformisme qu'il s'agissait mais de révolution si on veut bien considérer que cette dernière n'est pas nécessairement de feu et de sang mais d'acharnement à tirer du réel partout les enseignements extrêmes qu'il porte en son sein mais que ses prédécesseurs ne voulaient pas voir ou n'avaient pas le courage d'exploiter.
Au-delà des deux axes, des deux piliers - protéger et libérer - qu'Emmanuel Macron promeut pour la France, sur les problèmes du chômage, de la formation, de l'enseignement, de la sélection, de l'ISF et des reconduites à la frontière, je l'ai trouvé persuasif, en tout cas suffisamment global et maître de ses sujets pour que l'espérance ne soit pas un vain mot. En revanche, pour la CSG et les retraites, il m'a semblé qu'il était plus mal à l'aise, un tantinet embrouillé, comme s'il percevait lui-même, en parlant, qu'il y avait là une brèche évidente dans la volonté de justice et d'équité du gouvernement.
Je me doutais - son tempérament tout d'empathie le garantissait - qu'il aurait le ton qui convenait contre le harcèlement et le sexisme et j'ai aimé ses hésitations, presque sa maladresse verbale quand on l'a questionné sur la PMA. Sujet intime, personnel, de conscience, à appréhender tranquillement, avec un souci d'apaisement et de respect pour tous : critique implicite de la manière dont l'opposition au mariage pour tous a été malmenée...
On me pardonnera d'avoir écouté avec attention cet entretien et de m'être senti fier - Nicolas Sarkozy et François Hollande ne m'avaient pas donné cette joie - d'être représenté par ce Président et cette parole. Non pas le Président des riches mais un Président intelligent pour tous.
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