Un docker chinois va-t-il nous gâcher Noël ?

PORTE CONTENEUR

Ningbo-Zhoushan, cela ne vous dit probablement rien.

C’est pourtant le deuxième port le plus actif de Chine, duquel partent 29 millions de conteneurs, vous savez, ces boîtes chargées de tous ces produits « made in China ».

Depuis sept jours, ce port est fermé, un docker ayant été contrôlé positif au variant Delta du Covid-19. En Chine, on ne rigole pas avec cela ! Bilan de l’opération : 50 gigantesques navires porte-conteneurs, ces « monstres des mers », attendent d’accoster. Ce phénomène récent vient accentuer une épouvantable crise du transport maritime dont on parle peu.

La Chine possède huit des dix ports les plus fréquentés du monde. Ces ports fonctionnent au ralenti en raison des mesures sanitaires. Mesures auxquelles sont venus s’ajouter le blocage du canal de Suez par l’accident du porte-conteneurs l’ayant obstrué et une saison exceptionnelle de typhons.

Le trafic maritime s’en est trouvé complètement chamboulé et les taux de fret ont flambé, les armateurs étant obligés de répercuter les surcoûts liés à l’immobilisation des navires et au déséquilibre des flux conteneurs vides/conteneurs pleins.

Il y a un an, le transport d’un conteneur de 40 pieds (environ 60 mètres cubes et 20 tonnes de marchandises) entre la Chine et l’Europe coûtait 1.200 dollars. Aujourd’hui, il en coûte 12.000 dollars, soit une multiplication par 10 des coûts de transport !

Du jamais-vu.

Au surplus, il en résulte une pénurie de conteneurs selon un processus facile à comprendre : les boîtes pleines ne pouvant être évacuées, il y a pénurie de boîtes vides. Logique.

Il est donc évident que l’on va vite se trouver à faire face à un double phénomène : pénurie de marchandises pour Noël, sachant que le délai de mer Chine-Europe est d’environ 35 jours, et considérable renchérissement des coûts puisque les importateurs vont nécessairement répercuter l’augmentation des frais de transport.

Ne pas se tromper d’ennemi : les compagnies maritimes « font leur boulot » et investissent en masse pour un transport de plus en plus propre. Plus d’un milliard de dollars pour Maersk, qui vient de commander des porte-conteneurs de taille raisonnable (16.000 TEUs, Twenty-foot Equivalent Units, en anglais) fonctionnant au méthanol à Hyundai.

Les « rois de la mondialisation » devraient utilement commencer à se poser des questions. Le père Noël ne mérite pas cela, même si les navires vont théoriquement plus vite que ses rennes !

 

Patrick Robert
Patrick Robert
Chef d'entreprise

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