Un agriculteur poursuivi en Justice pour avoir embroché la voiture d’un jeune qui faisait du rodéo dans son champ

tracteur

Le 7 avril dernier, un jeune Aixois s’introduisait dans un champ cultivé situé sur les hauteurs de Chambéry (Savoie), estimant l’endroit idéal pour s’essayer à toutes sortes de frasques avec son véhicule. Les expériences n’ont pas duré bien longtemps, le propriétaire du champ ayant surpris le jeune homme sur ses terres alors que celui-ci était en plein rodéo avec une vieille voiture. Ulcéré par le comportement du conducteur, l’agriculteur a décidé de régler le problème à sa façon en embrochant avec la fourche de son tracteur la voiture du fauteur de troubles. Une réaction à chaud qui lui a valu d’être auditionné, le soir-même, par la brigade de gendarmerie de Chambéry pour avoir transpercé de part et d’autre le véhicule.

L’histoire aurait pu s’arrêter là : pas de blessé, une incivilité réglée de manière plutôt directe… L’arroseur arrosé, en fin de compte. Mais la Justice manque d’affaires, c’est bien connu, et elle dispose d’énormément de temps pour régler toutes sortes de litiges, si infimes soient-ils. C’est pourquoi le parquet de Chambéry a décidé de poursuivre en Justice l’agriculteur en question. Contactée par Boulevard Voltaire, la gendarmerie de Chambéry rapporte que c’est l’agriculteur lui-même qui a appelé les forces de l'ordre afin d’interpeller le jeune homme, qui a lui aussi été auditionné. « On peut tout de même imaginer qu’il sorte acquitté de cette affaire », confie un gendarme. Effectivement, qu’il nous soit permis d’espérer qu’une réaction de défense - si originale soit-elle - puisse être jugée avec clémence par le tribunal.

Et dans le même temps, Gérald Darmanin annonce fièrement aux personnels de police et de gendarmerie un élargissement de la lutte contre les rodéos urbains impliquant « qu'à l'approche des beaux jours, la mobilisation de tous les services doit s'intensifier avec la saisie systématique des véhicules et l'interpellation des auteurs ». Et de se targuer, ce lundi 16 mai, de la saisie de 118 deux-roues, le week-end dernier. L’idée serait donc d’endiguer seulement les problèmes qui se voient trop ? Ceux qui pourrissent la vie de trop de gens en même temps ? En revanche, pour les autres, on repassera. Ou plutôt, on sévira aussi, mais dans l’autre sens. Ça varie les plaisirs. La cible n’est pas unique, cela manquerait d’inclusivité : tout le monde doit avoir son lot d’ennuis avec la Justice, et pas seulement certains profils « à problèmes ». Alors au lieu de poursuivre l’auteur, on s’attaque à la victime. Celle qui voit ses récoltes massacrées, et donc son travail réduit à néant, celle qui travaille dur, celle, enfin, qui doit se défendre elle-même parce que l’État ne peut plus assurer la sécurité sur son propre territoire.

Après cet agriculteur charentais mis en examen pour avoir défendu sa vie et celle de sa fille, c’est au tour de ce Savoyard de faire les frais d’une Justice française devenue, à certains égards, ubuesque. Attaqué dans ce qu’il a de plus précieux, il doit venir se défendre de s’être défendu. Puisse-t-il être entendu !

Marie-Camille Le Conte
Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

Vos commentaires

59 commentaires

  1. Excellente réaction de cet agriculteur. Action simple, efficace et non létale, qui devrait être suivie par tous les agriculteurs dont le travail et les biens sont saccagés. Souhaitons que le peuple soutienne cette heureuse initiative et agisse pour sa promotion.

  2. Il a eu bien raison à sa place j’en aurai fait autant .
    La justice ferait mieux de poursuivre toute ces racailles qui pourrissent la vie des Français

  3. C’est du grand n’importe quoi, c’est le monde a l’envers, c’est a n’y rien comprendre a la justice …..

  4. La Droite, la vraie, vite, avant qu’il ne soit trop tard. Reconquête ou tout va empirer, et pas pour un Empire de la Paix, de l’Education., de la Discipline, du Respect du bien d’autrui…
    La peur doit changer de camp….
    Personnellement je condamnerai l’agriculteur à l’euro symbolique, et le rodéo man venir à pieds travailler 20 heures dans ce champs

  5. Ce n’est pas l’état ne peut plus assurer la sécurité sur son propre territoire, c’est surtout ne veut plus l’assurer !!!

  6. Et après on s’étonnera qu’il manque du blé et de la farine. En parlant d’embrocher, nous avons une belle brochette de juges en France.
    Soutien à l’agriculteur.

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