Trump annule sa rencontre avec les talibans
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Le secret avait été bien gardé. Dimanche 8 septembre, à Camp David, Donald Trump devait rencontrer, pour la première fois, les principaux dirigeants talibans. Les négociations, entamées il y a environ un an, avaient notablement progressé cet été et un accord pour un retrait américain semblait proche.
Paradoxalement, ces dernières semaines, les attentats s’étaient multipliés dans tout l’Afghanistan ; certains ont été revendiqués par l’État islamique, en progression constante, d’autres par les talibans eux-mêmes. Cela relevait de leur part d’une tactique vieille comme le monde : mettre la pression sur l’adversaire avant de s’asseoir à la table des négociations.
Mais à trop jouer avec le feu, les talibans ont commis une erreur : l’attentat de trop, celui qui a tué un soldat américain. Jusque-là, les attentats tuaient des Afghans, civils ou militaires. Quant aux morts américains (trois au cours de l’été), ils s’étaient produits au cours d’engagements armés, ce qui est différent. L’attentat-suicide qui tue « un boy », c’est la ligne rouge qu’il ne fallait pas franchir, car elle oblige de facto Trump à annuler la réunion de Camp David.
À ce niveau de méconnaissance de la psychologie américaine, c’est tout de même surprenant. L’engagement de campagne de Trump était clair : plus de morts américains inutiles dans des guerres interminables. Promesse saluée par le peuple américain qui n’a jamais approuvé ces engagements lointains, coûteux et finalement stériles, voire calamiteux. Or, ce même peuple américain ne peut pas non plus accepter de voir se pavaner dans la résidence mythique de Camp David des terroristes qui viennent de lui tuer un soldat par un attentat-suicide, c’est-à-dire le symbole absolu de la lâcheté et de la barbarie islamistes.
Trump n’avait pas le choix et se devait d’annuler cette réunion, sous peine de passer pour un faible. Il a cependant pris soin de ne pas couper tous les ponts. Ainsi, dès le lendemain, Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, a déclaré qu’une reprise des négociations était envisageable mais à condition que les talibans « changent d’attitude ». Mansuétude surprenante : on n’en fait pas autant pour l’Iran, qui n’a pourtant tué aucun soldat américain.
Mais Trump veut vraiment quitter l’Afghanistan : après 18 ans de guerre, des milliards de dollars dépensés et plus de 4.000 morts américains, le résultat est nul. L’opinion en a assez et l’Afghanistan est un pays à peu près ingouvernable.
Les talibans, un peu vexés, ont réagi de façon menaçante : « L’Amérique va souffrir plus que tout autre » et a promis de « poursuivre le djihad jusqu’à la fin de l’occupation ».
Malgré cette rhétorique guerrière, il semble probable que, l’émotion passée, les négociations reprennent. Et Trump et les talibans y ont intérêt.
L’histoire ne dit pas ce qui se passera ensuite, ni à quel moment les talibans renverseront le faible régime pro-américain, mais il est tout de même probable que, d’ici peu, la planète compte un régime islamiste de plus.
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