[TRIBUNE] Éducation nationale : reconstruire pour assurer l’avenir

C’est un défi civilisationnel. Le combat pour l’école est un combat pour la France.
@Kenny Eliason/unsplash
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Affirmer que notre système éducatif va mal est devenu un truisme. À l’instar d’autres services publics, l’école connaît une sorte de lent affaissement dont chacun connaît les indices : effondrement du niveau de maîtrise des connaissances fondamentales, échec de l’intégration par l’école, inculture de nos futures élites, trop peu de doctorants, trop peu d’ingénieurs.

Comme souvent, dans la longue histoire de notre nation, dont le général de Gaulle disait qu’elle avait été « créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires », il semble que nous succombions peu à peu au vertige du vide et du renoncement et l’état de notre école n’en n’est qu’un des tristes symptômes.

À gauche comme au centre, la cause est entendue : le modèle français d'Éducation nationale est forclos, obsolète, dépassé.

La gauche, dans des publications récentes, estime que l’avenir du système éducatif réside dans son ouverture tous azimuts à la société : interventions des associations et « mouvements pédagogiques » en classe, omniprésence des parents d’élèves, « éducation » à toutes les questions « sociétales », enfin, pilotage de l’éducation par les « cites éducatives » et les collectivités territoriales. En un mot, an II de la déconstruction, fin de l’Éducation nationale.

Le « bloc central », quant à lui, a toujours professé, pour la question éducative, une forme d’embarras teintée d’incompétence. Au fond, la fuite des classes moyennes et supérieures vers le privé, sorte d’avatar de la « main invisible du marché », fait bien l’affaire de ceux qui n’ont jamais pris la peine de réfléchir sérieusement aux enjeux, pour la nation, d’une école performante.

Notre position est toute différente.

Système éducatif rénové

Nous sommes certes parfaitement au fait des causes de l’effondrement de notre système éducatif et de ses effets dévastateurs et nous estimons que ce modèle doit être réinventé. Mais nous considérons aussi qu’il est d’intérêt général de doter notre pays d’un système éducatif rénové, modernisé, conçu et piloté par la puissance publique.

Seule celle-ci, selon nous, est en mesure de produire une analyse prospective des nombreux défis que notre pays devra affronter dans les cinquante prochaines années : défis économiques, écologiques, sécuritaires, géopolitiques, informationnels. Il appartient à l’État de déterminer, avec les institutions de la République et la contribution de la société civile, ce que doivent être les missions, les objectifs, l’organisation de l’action éducatrice au XXIe siècle.

Au sein des « Horaces » nous élaborons donc un projet de reconstruction de notre système éducatif susceptible de répondre à la question suivante : de quel appareil éducatif notre pays a-t-il besoin pour relever les défis de notre siècle ?

Notre projet de reconstruction de l’école de France repose sur trois principes :

- Restaurer l’efficacité de l’école en la recentrant sur sa mission de transmission des connaissances et des valeurs. Pour cela, procéder à une remise à plat des programmes, des cursus et des examens. Revoir, aussi, la formation des professeurs qui devra être assurée par l’employeur et non plus par l’Université. L’idée est de retrouver un bon niveau, chez les professeurs, et, donc, chez les élèves. L’élévation du niveau permettra de rétablir l’ascenseur social : le principe méritocratique, fondement de l’ambition républicaine de mobilité sociale, sera restauré et les politiques dites de « discrimination positive », supprimées.

Publier les résultats de chaque établissement

- Restaurer l’autorité, sanctuariser l’institution scolaire en réprimant toute atteinte portée à l’institution scolaire. Les débats sociétaux n’y auront pas leur place, pas plus que les tentatives d’emprise islamistes ou politiques. Le statut du corps enseignant devra évoluer sensiblement pour l’adapter aux objectifs du système éducatif et permettre la revalorisation salariale des professeurs.

- Ériger en méthode de gouvernance la liberté et la responsabilité pédagogiques : les établissements disposeront des marges d’autonomie permettant le recrutement de personnels, l’aménagement des programmes et des horaires, des expérimentations pédagogiques, dans le cadre de contrats d’objectifs et de moyens à la manière des charter schools. Les résultats de chaque établissement seront rendus publics tous les ans afin de mesurer l’efficacité de leur action éducative.

Ces principes, déclinés en mesures législatives et réglementaires, seront présentés aux Français dans le cadre des rendez-vous électoraux majeurs à venir. La crise de l’école n’est pas une fatalité. Nous devons, nous pouvons redresser cette institution essentielle à la France. Il ne s’agit pas d’un simple enjeu éducatif : c’est un défi civilisationnel.

Le combat pour l’école est un combat pour la France.

 

Contribution, pour Les Horaces, de Roger Chudeau, député de Loir-et-Cher, inspecteur général de l’Éducation nationale honoraire, ancien directeur de l’encadrement du ministère de l'Éducation nationale, ancien conseiller « Éducation » du Premier ministre François Fillon.

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Les Horaces
Les Horaces sont un cercle de hauts fonctionnaires, hommes politiques, universitaires, entrepreneurs et intellectuels apportant leur expertise à Marine Le Pen, fondé et présidé par André Rougé, député français au Parlement européen.

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Donc chaque établissement fera ce qu’il veut . C’est le bor.el , ce sera le bor.el organisé, il fallait le faire , il y a toujours un marteau pour clouer le dernier clou du cercueil.

  2. Désolé , c’est méritant mais ce n’est pas crédible. Quand on fait venir massivement le tiers monde on devient le tiers monde. Déjà la charette nécessaire pour évacuer tous les idéologues académiques, les syndicats gauchistes et les associations nuisibles ne pourra jamais voir le jour mais la mentalité des parents et des élèves ne permettra pas de rétablir l’autorité nécessaire. La gauche a poussé le peuple du côté ou il penchait, un redressement n’est plus possible.

  3. Redonner à l’école la possibilité, non : l’obligation de former notre jeunesse est une entreprise qui demandera beaucoup de temps car il faudra d’abord former les professeurs. Oublions la façon dont sont recrutés de nos jours certains enseignants qui ne méritent pas ce titre. Recréons des établissements spécialisés dans ce rôle comme les écoles normales du temps jadis, en leur accordant les moyens matériels et les pédagogues reconnus garants du succès de l’entreprise.
    Préparés à leur rôle, soumis une fois en poste, à l’assistance bienveillante, efficace et régulière d’inspecteurs eux-mêmes choisis pour leurs compétences pédagogiques, les nouveaux enseignants seront en mesure de s’imposer par leur autorité, leur exigence de respect et d’application. L’atmosphère des classes en sera alors propice à l’attention et au travail.
    Gageons que les familles seront sensibles à cette évolution et accorderont de nouveau aux maîtres confiance et respect.
    Cette description repose sur la conviction que l’école peut changer, mais que cela demandera volonté d’évolution, amélioration des salaires, des conditions de nomination et de déroulement de carrière.
    C’est à ce prix que le mammouth retrouvera le rôle formateur dont il n’aurait jamais dû être privé.

  4. Tout ceci n’est qu’une succession de vœux pieux tant leur mise en œuvre nécessiterait de renverser la table, ce qui nous le savons tous, n’est pas prêt d’advenir.
    Nous ne reviendrons jamais au temps où l’Education nationale s’appelait l’Instruction publique qui, je cite « …éclaire et exerce
    l’esprit », alors que l’Education nationale « doit former le cœur ».
    Autrement dit, l’éducation nationale relève d’un projet politique qui attribue à l’Etat la mission de modeler complètement l’esprit des futurs citoyens.
    On voit le résultat…

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