[MEDIAS] Jean-Luc Mélenchon, la « sphère Bolloré » et les « gentils » médias

Le ton monte, à l’extrême gauche. Dimanche 16 mars, Jean-Luc Mélenchon était l’invité du journaliste Francis Letellier, sur France 3. Le leader de La France insoumise n’a pas pu échapper à une question sur la polémique du moment, la caricature jugée antisémite de Cyril Hanouna, et cela ne lui a pas plu du tout. « Écoutez, Monsieur, pourquoi vous me posez cette question ? De quel droit ? Qui vous êtes ? Vous m’accusez ? Est-ce que vous m’accusez ? Alors, taisez-vous ! » En face, Francis Letellier est apparu sonné par l’agressivité de son interlocuteur, ne sachant trop comment enchaîner. « Pourquoi ce serait de l’antisémitisme ? Ça suffit, maintenant ! », a encore hurlé le leader d’extrême gauche, avant d’être remercié par le journaliste sermonné.
"Pourquoi vous me posez cette question ? De quel droit ? Qui vous êtes ? Taisez vous. Ca suffit maintenant !" : Jean-Luc Mélenchon perd les pédales face à un journaliste qui le questionne sur l'affiche jugée antisémite.pic.twitter.com/UybSmqrwLx
— Fdesouche.com est une revue de presse (@F_Desouche) March 16, 2025
Car, contrairement à ses camarades Emmanuel Bompard et Manon Aubry, Jean-Luc Mélenchon refuse d’admettre la moindre erreur. Son affiche serait parfaitement irréprochable et seule « l’extrême droite » serait à blâmer. L’insoumis en chef n’a d’ailleurs pas caché sa déception de voir un média de service public remettre une pièce dans ce qu’il considère être une pure machination visant à lui nuire. « Regardez ce que vous êtes en train de faire ! L’extrême droite accuse, puis ça monte dans la sphère Bolloré, puis tous les gentils comme vous et les autres disent "ah, quand même, y a un problème". Vous êtes en train de continuer une campagne qui a démarré à l’extrême droite contre nous ! »
Qui sont ces médias « gentils » ?
À dire vrai, Jean-Luc Mélenchon pouvait légitimement s’attendre à un autre traitement, venant de l’audiovisuel public. L’extrême gauche n’a pas l'habitude d’être mise en difficulté sur ses antennes amies. Quand les figures du NFP se rendent à France Inter ou sur France Info, elles y vont les mains dans les poches, avec la tranquillité d’esprit de ceux qui savent par avance qu’on ne leur posera pas les questions qui fâchent.
Dans l’affaire de la caricature de Cyril Hanouna, publiée le 11 mars, il aura fallu attendre plus de 24 heures pour que le service public ne s’empare du sujet. Le 13 mars au matin, encore, François Hollande a pu se rendre sur France Info sans que la moindre question en lien avec la polémique ne lui soit posée. Pascal Praud ne manqua pas de souligner cette invraisemblance, quelques instants plus tard, dans L’Heure des pros : « France Info, ce matin, avait François Hollande en invité. Les journalistes ne posent même pas la question. Vous trouvez ça normal ? », a déclaré le journaliste de CNews. Et de poursuivre : « Pourquoi ils ne posent pas la question ? Les journalistes qui sont en place savent très bien que poser la question, c'est mettre en difficulté La France insoumise. Ils ne veulent pas. »
La fin du « privilège rouge » ?
La saine colère de Pascal Praud aurait-elle été entendue, du côté de Radio France ? Toujours est-il que l’épineux sujet fut enfin évoqué face à Jean-Luc Mélenchon, quelques moments plus tard, alors qu’il était de passage sur les ondes de France Inter. Mais dès le premier mot sur la caricature, le responsable politique reprocha à la radio publique de faire le jeu du camp du Mal. « Le fait que vous relayiez la propagande des réseaux d’extrême droite leur rend un service dont je suis certain que vous ne vous rendez pas compte de l’intensité. Ils sont heureux, là ! », dénonça-t-il, face à Léa Salamé.
« Lâchez-nous » répond Jean-Luc Mélenchon face à la caricature antisémite de Cyril Hanouna. C’est vrai où va-t-on si on ne peut même plus propager sa haine des juifs sans se faire taper sur les doigts. Sans honte ces ordures. #lfiantisemite pic.twitter.com/nFAiXsuW1P
— Charlotte Rocher️ (@ChaRocher) March 13, 2025
L’indignation de Jean-Luc Mélenchon envers les médias dits « gentils » est éclairante. Elle en dit long sur la bienveillance dont jouit, d’ordinaire, LFI sur l’audiovisuel public. Les journalistes étant très majoritairement de gauche, voire d’extrême gauche, ils rechignent bien naturellement à mettre en difficulté leurs personnalités politiques préférées. Surtout lorsqu’il s’agit de défendre en même temps un animateur associé à la « sphère Bolloré ».
Sur cette affaire, certains, à l’image de Patrick Cohen, ont osé franchir le Rubicon et, enfin, traiter LFI comme ils traitent les autres partis. Reste à voir si ces médias se tiendront à cette nouvelle impartialité ou s’ils redeviendront très bientôt « gentils » à l’égard des insoumis...

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32 commentaires
Le journaleux moucheur s’est bien fait moucher. Le pauvre petit ne savait pas comment s’en sortir.
Pour Mélenchon tout est bon pour jouer et répéter Guignol en version « braillard » …
Comme je m’amuse à voir Mélanchon …. ! Le chou-chou des médias, empêtré.
Il est surtout fou de rage du bruit qu’ont fait ces affiches, tellement habitué à ce que tout passe ! Cette fois la résistance !
Si le terme »extrême-droite »pourtant anachronique et très mal usité n’existait pas,la gauche l’autait inventé!
De même que le mot »facho »qui retourne pourtant à son origine socialiste.
Son « taisez vous ! » n’est pas du tout une « perte des pédales »…mais bien un élément majeur de son programme politique.
Dans la droite-ligne de Marchais.
Oui! mais Georges Marchais, lui, on l’écoutait même si nous n’étions pas de son bord, car avec lui, c’était du spectacle assuré.
Pour Mélanchon c’est simple , tu penses comme lui donc tu es gentil , tu ne pense pas comme lui donc tu es méchant . C’est simple , et si ça marche , je vais appliquer ce raisonnement à sa personne : Comme Mélanchon ne pense pas comme moi , c’est donc un méchant .
DE toute façon France télévision est de la gauche c’est pour cela que pour moi les chaines de France tv sont bannis pour moi
Avec Mélenchon, c’est simple. Même quand il fait des bêtises, c’est la faute à l’extrême droite.
J’ose même pas imaginer si ce serait une personne du RN qui aurait prononcer les mots de Mélenchon.
Si ces pitreries n’étaient pas financées par nos impôts, ça pourrait faire sourire. Hélas…
Il a touché les fils le pôv’. Ça a fait court circuit aux neurones !