[Témoignage] Des médecins et des patients le prouvent : l’euthanasie n’est pas la bonne solution

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Ils sont nombreux, ces artistes, journalistes ou politiciens à l’encéphale eugéniste, à vouloir se faire des consciences morales du prétendu progrès sociétal. Ainsi d’une tribune publiée dans L’Obs, ce mercredi, signée par 109 éminents, Laure Adler, Nathalie Baye, Éric Cantona, Christian Estrosi et tutti quanti, pour appeler le Président Macron à faire évoluer la loi sur la fin de vie. Selon eux, « la loi française, qui interdit l’aide active à mourir, est injuste ».

Ces prétentions démiurgiques pour légaliser l’euthanasie, prétendument la « bonne mort » parce que, dit-on, choisie, comme la seule alternative aux souffrances, sont effrayantes, et plongent leurs racines maléfiques dans un vide moral européen ancien de refus de la vie singulière et des dons partagés que peut offrir sa fin. Interrogé par Europe 1, Alexis Burnod, médecin et chef de service de l'équipe mobile de soins palliatifs de l'Institut Curie, fait le pari contraire : « Il y a des choses à faire pour qu'il y ait de moins en moins de gens à vouloir en arriver là. » Et ils sont au moins 700.000 soignants, impliqués comme lui.

Mon père est mort le 16 janvier. À 4 h 30. Mon père était un combattant. Il a lutté jusqu’au bout, puis, vaincu par la loi naturelle, il s’en est allé. À regret.

Le 3 janvier, sur C8, nous avons regardé Rio Grande, dernier spectacle partagé : Maureen et John en couple de devoir. Il était très affaibli, mais une étincelle d’émerveillement brillait dans son regard. Lui aussi avait été blessé, pour de vrai, sur une diguette, dans un pays lointain et dans un autre temps. Il savait, comme Ford, qu’après la guerre, pour les chanceux, reprend toujours la cavalcade. Parce que c’est la grande loi de l’existence et la seule qui vaille pour durer et transmettre.

Le 6 janvier, mon père est monté dans une ambulance, quittant à tout jamais la maison où il était né. Il croyait qu’il y reviendrait. Sa grande crainte n’était pas de mourir. Il était catholique. Mais il redoutait de souffrir. Les médecins qui l’ont accueilli dans une unité de soins palliatifs ont joué franc-jeu avec lui. Je ne sais pas quels ont été ses sentiments, mais son désordre intérieur, peut-être sa frayeur, fut de courte durée. Il a demandé à nous voir. Il n’avait plus qu’une semaine à vivre.

Dans sa chambre nue d’hôpital, le vieil homme a mesuré sa fin terrestre et l’abandon forcé des rêves et des combats. Dépouillé peu à peu de son corps, rendu physiquement à l’image de ces fantômes, ses frères de jeunesse, qu’il avait vus rentrer jadis des camps de la mort lente. Le 9 janvier, il s’est séparé d’un baiser de sa vieille épouse fidèle. Ensemble, ils ont communié pour la dernière fois. Et à nous, ses enfants maladroits, qui tentions, malgré nous, de le retenir, contre lui, par un geste ou par une parole, il a dit à chacun, dans notre vieille langue intime et maternelle, le secret de son cœur qui nous correspondait.

Grâce aux soins quotidiens d’une équipe médicale attentive et rompue à l’accompagnement de ceux qui vont passer, il a pu mieux – sans doute – , lâcher prise. Lâcher tous ses regrets d’inaccompli terrestre sans douleurs excessives. Dans sa chair apaisé. En nous délivrant jusqu’au bout, même dans l’assistance à sa lutte intérieure et muette où nous n’avions plus part, ses dernières leçons.

Je ne viens pas juger ici les choix personnels. Que chacun s’y débrouille. Mais « donner la mort ne saurait être considéré comme un soin », nous dit l’archevêque de Lyon dans son rôle de mainteneur justifié d’interdits. De même qu’une constitutionnalisation de l’avortement rendrait le texte illégitime au regard des défenseurs de toute vie, légaliser l’euthanasie serait une dérive de plus de notre société vers l’inhumanité et son suicide.

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

Vos commentaires

24 commentaires

  1. Puisque certains tiennent à faire un parallèle entre avortement et euthanasie, allons-y.
    L’avortement est autorisé depuis près de 50 ans. Pour autant, il n’est pas imposé, même à celles qui veulent garder un enfant dont on sait qu’il sera lourdement handicapé. Mais il permet à celles qui ne se sentent pas capable d’aimer, et d’élever, un trisomique ou le fruit d’un viol, de ne pas s’imposer et imposer ça à leurs proches.
    Alors, si quelqu’un souhaite vivre sa vie jusqu’au bout, même réduit à l’état de légume ou dans des souffrances que les soins palliatifs (s’il peut y avoir accès…) ne peuvent qu’atténuer, c’est son droit et on ne voit pas pourquoi, même dans 50 ans, il en serait autrement si une loi autorisant le suicide assisté était adoptée.

  2. Bel hommage d’un fils à son père – Alexis- (que j’ai bien connu dans les combats que nous menions pour défendre ce en quoi nous avons toujours cru et qui est à cent lieues de ce que nous vivons maintenant) et quel beau départ il a eu entouré des siens, pour cet autre monde où il a retrouvé tous ses compagnons

  3. La demande d’être euthanasié correspond le plus souvent à un appel au secours face à la douleur et à la solitude, rarement au désir véritable de mourir..Ayant travaillé de nombreuses années auprès de patients atteints de lourdes pathologies, j’en ai souvent fait l’expérience.
    C’est pourquoi cette prétention de répondre aux prétendus « souhaits » de personnes malades tout en les maintenant dans les diverses souffrances qui les isolent et les désespèrent, est profondément hypocrite et inhumaine…C’est même carrément monstrueux.

  4. « donner la mort ne saurait être considéré comme un soin ».
    Faisant partie des « au moins 700.000 soignants, impliqués  » en soins palliatifs, je répète et re-répète que personnellement,je n’ai jamais vu dans mon service (et à domicile » un malade bien soigné et bien accompagné qui voulait l’euthanasie.
    Des familles et l’entourage, oui. Mais même si eux souffrent (nous avons le devoir de les accompagner aussi), ce n’est pas une raison pour supprimer celui qui les fait souffrir, car leur deuil sera encore plus difficile.
    L’euthanasie est une stupidité.

  5. Non à l’euthanasie, non à ce genocide ,non à cette décision et non à tous ceux qui se veulent des tueurs …seul le ciel doit décider ..il y aura trop de dérives dans ce bas monde …

    • Le ciel !!! A part pour décider de la pluie ou du beau temps, je ne vois pas le rapport avec l’euthanasie.

    • Juju, vous n’avez jamais eu un proche qui hurle « Tuez-moi, je souffre trop… » avec même des opiacés qui n’agissent plus…? Moi, si, c’était ma grand mère que j’adorais.
      En plus, en tant qu’infirmière, j’ai vu la souffrance de près…
      Ne vous en déplaise, dans des circonstances particulières dûment précisées, mon mari et moi souhaitons qu’on abrège notre vie… Notre médecin est prévenu. C’est juste humain.
      J’ai vu des personnes, maintenues en survie à la demande expresse des familles… On a eu des exemples médiatisés! Quand il n’y a plus de vie possible, la mort est une délivrance.

      • Lilou , enfin un raisonnement de bon sens ! Si vous êtes dans le monde médical , vous honorez la profession . Je vais avoir 67 ans et je suis pour l’euthanasie ! Je refuse les soins palliatifs , je refuse de devenir un légume . C’est MON CHOIX et je demande qu’il soit respecté .

    • Mon père disait : on vient au monde avec sa feuille de route ..et quand ce sera l,heure Saint Pierre nous fera signe …alors l’euthanasie c ´est non .libre choix toutefois .

  6. Très beau .Vous avez raison ….Hélas je crains que ce ne soit déjà dans les tuyaux .

  7. Dans un pays qui en 1981 a supprimé la peine de mort c’est une régression dramatique à laquelle on assiste. Développer les soins palliatifs me semble être la seule solution et sont plus digne qu’une mort par suicide assisté.

    • Et le droit à l’avortement, c’est une régression dramatique ? Cela dit, avec une pirouette légale sortant l’embryon ou le fœtus du genre humain, tout devient possible !
      Et puis, « Développer les soins palliatifs… » Dans un pays où toutes les institutions sans exception aucune, médecine en tête, partent en sucette, budget après budget et année après année, l’Etat va sûrement mettre une priorité de moyens financiers sur ces centres dédiés ! A tout prendre je préfère rêver avec Alice au pays des merveilles.

    • Dans un pays qui en 1981 a supprimé l’avortement on a autorisé l’avortement c’est à dire tuer dans le ventre de leur mère des bébés qui ont dèjà une âme et maintenant on veut constitutionnaliser ce fait; Dans la même logique on veut tuer un vieillard qui souffre au lieu de lui donner un médicament qui lui supprime la douleur même sil s’agit de morphine Il est vrai qu’il faudra attendre un peu plus pour l’Héritage .
      Bef pas de peine de mort pour les assassins mais la mort pour les bébés et les vieillards ou les malades Quoi de plus naturel?

  8. C’est simple les retraités petits, pauvres sont plus nombreux, alors la solution finale, n’est-elle pas l’euthanasie? En 1936 un certain Hilter l’avait préconisé. Pas de bouche inutile à nourrir. Les vieux doivent travailler le plus longtemps possible, puis une retraite très rapide pour passer au trépas, et le tour est joué. Voilà le raisonnement de nos ZELITES, juste et imparable. Pour qu’eux en profitent le plus longtemps possible. C’est la triste réalité.

  9. Comme tout cela est bien dit, ayant dirigé pendant plus de 30 ans un service de chirurgie à orientation cancérologique, je peux dire sans me tromper, qu’il n’y a pas de bonne ou mauvaise mort, il y a la mort toute simple qu’il faut savoir accompagner, et surtout rendre sans souffrances inutiles, et pour ça nous avons tous les moyens autres que l’assassinat pur et simple, car il s’git bien d’assassinat dans l’euthanasie (meurte avec préméditation)

  10. Pour avoir vu la souffrance humaine en bout de soins palliatifs l’acharnement thérapeutique est une solution inhumaine mais surtout rentable pour le milieu hospitalier. La volonté d’un malade mourant est l’ultime liberté. Les donneurs de leçons apparemment bien portants reviendront peut-être un jour sur leur délire si ils se trouvent également dans cette position. Oui une loi sur l’euthanasie serait utile.

    • Les soins palliatifs n’ont jamais préconisé l’acharnement thérapeutique!
      Ils sont basés sur une prise en charge de la douleur totale (et parfois, contrairement à ce que certains peuvent penser, une chimio est préconisée comme anti douleur et non pour soigner), de la douleur physique à la douleur spirituelle (oui oui, même si certains de mes élèves préféraient le terme de douleur existentielle….) , en passant par la douleur psychique (« je vous dans les yeux de mon fils, mon ami, qu’il ne me trouve plus digne de vivre, c’est horrible »), sociale et environnementale.
      Ne pas oublier que faire manger, évite les escarres… entre autres
      Les soins palliatifs accompagnent vers une mort naturelle.

  11. Monsieur Arette, votre récit m’a touché au cœur. Ma mère s’est fait eutanasier sans concertation. Elle a beaucoup souffert. Je ne juge pas. C’est extrêmement violent pour ceux qui restent. C’est peut-être de l’égoïsme. Les mots me manquent. Sincères condoléances.

  12. L’occident n’a plus à proposer que la déconstruction des hommes, leur transmutation genrée ou la mort. Normal pour une société qui se suicide doucement mais sûrement.

  13. « Ils sont nombreux, ces artistes, journalistes ou politiciens à l’encéphale eugéniste, à vouloir se faire des consciences morales du prétendu progrès sociétal. »

    Oui cette « élite » (entre guillemets), veut imposer le diktat de leur phantasme au corps médicale. Comme si les gens n’avait pas de conscience. Où qu’il suffit d’une texte avec tampon et alinéa pour la leur ôté. Infantile cette « élite ». Elle n’a rien compris à « Antigone » de Sophocle, ou d’Anouilh, la « Loi non écrite » est notre conscience.

    Le plus drôle ce sont les artistes et le journalistes, parfaitement instrumentalisé par les politiques budgétaires catastrophique. Il ne voit pas que le véritable problème est dans le financement de notre politique de santé et dans le fait qu’aujourd’hui les soins palliatifs de proximité n’existe pas. Finalement c’est comme l’autre bout de la vie, quand les maternités de proximité n’existe plus. On fait partager les risques sur les deux bout de la Vie. Lamentable.

    De mémoire pour donner la mort, avant Mitterrand on avait en gros besoin de 4 ou 5 bourreaux sur l’hexagone pas besoin de tout un corps médicale qui lui doit se consacrer à la Vie.

    Que … Laure Adler, Nathalie Baye, Éric Cantona, Christian Estrosi … se trouve leur bourreau eux même, si cela leur chante …

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