Supprimer des jours fériés pour relancer l’économie : la seule raison ?

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Tout est bon pour relancer l’économie du pays après le Covid-19. Ainsi, la toute fraîche proposition de Laurent Hénart, président du groupusculaire Mouvement radical, héritier du très ancien et très laïcard Parti radical : supprimer des jours fériés. « Il n’y a pas de tabou ! Nous avons beaucoup de jours fériés en France et nous pouvons en supprimer 4 à 5 en les transformant en jours de congés », explique celui qui fut un éphémère secrétaire d’État sous Chirac.

Beaucoup de jours fériés : est-ce à dire trop ? C’est ce que sous-entend cet ancien maire de Nancy. La France compte onze jours fériés : cinq fêtes civiles (les 1er janvier, 1er mai, 8 mai, 14 juillet et 11 novembre), six fêtes religieuses (lundi de Pâques, jeudi de l’Ascension, lundi de Pentecôte, 15 août, Toussaint et Noël). À titre de comparaison, l’Allemagne (on aime bien nous comparer à l’Allemagne…) n’en compte qu’un seul au niveau national : la fête nationale du 3 octobre. Mais les Länder ont en commun… neuf jours fériés ! Nouvel An, Vendredi saint, lundi de Pâques, Ascension, Pentecôte, 1er mai, fête nationale, 25 et 26 décembre. Augsbourg, en Bavière, compte même quatorze jours fériés ! Onze jours fériés pour la France, neuf pour l’Allemagne : pas de quoi expliquer notre décrochage industriel par rapport à nos voisins depuis trente ans !

Donc, supprimer des jours fériés. Comme on n’imagine pas faire du lendemain de bringue de la Saint-Sylvestre un jour lambda, que le 1er mai est une fête mondiale, le 14 juillet la fête nationale, le 11 novembre une institution plus que centenaire, que Noël est devenue l’occasion de souhaiter très laïquement de « joyeuses fêtes », c’est en toute logique que M. Hénart propose de supprimer les lundi de Pâques, jeudi de l’Ascension, 15 août et Toussaint. Le 8 mai passerait à la trappe, mais ce n’est pas la première fois : Giscard d’Estaing l’avait fait.

Laurent Hénart explique : « C’est une vraie opportunité pour les salariés de définir leur propre calendrier tout en permettant aux entreprises de maintenir une activité tout au long de l’année. » C’est bien connu : c’est les salariés qui définissent leur propre calendrier de congés et, dans ce pays, les entreprises s’arrêtent de fonctionner comme un seul homme à l’occasion des jours fériés. On pourrait se dire que cette idée de supprimer des jours fériés est à la dimension du parti qui la suggère : minuscule. Minuscule au regard des enjeux économiques de notre pays.

Mais les fausses bonnes idées sont comme les trains : elles peuvent en cacher une autre. Pour Laurent Hénart, il s’agit, en effet, de « garantir aux salariés une égalité face à la liberté de culte ». Nous y voici donc ! L’occasion est évidemment trop belle pour ne pas poursuivre l’œuvre de déracinement de notre pays.

De la même veine, on pourrait d'ailleurs en finir avec les dispositions du Code du travail qui précise que « dans l’intérêt des salariés, le repos hebdomadaire est donné le dimanche », sauf dérogation. Pour paraphraser le président du Mouvement radical, ce serait une vraie opportunité pour les salariés de définir leur propre calendrier hebdomadaire, etc. Que l’on passe définitivement à la notion de repos hebdomadaire obligatoire sans fixer de jour. Et surtout en finir à ce qui nous rattache encore un peu à nos racines chrétiennes. Joyeuses fêtes dans le monde de l'après Covid-19 !

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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