L’histoire raconte qu’Alfred Nobel n’a pas créé de prix de mathématiques parce que sa femme l’avait trompé avec un éminent mathématicien. Je trouve que la candidature de Cédric Villani, prix « équivalent Nobel » de mathématiques, est un joli clin d’œil à l’histoire. C’est la revanche contre « le père Nobel ».

L’investiture du candidat à la mairie de Paris était « courue d’avance » : le propret et bien fidèle Griveaux allait inévitablement être intronisé en toute démocratie par un comité des sages tout acquis à sa cause, puisque c’était le souhait du Président jupitérien.

Griveaux, il est absolument parfait : c’est la caricature même du jeune loup de la politique « à l’ancienne », on se croirait revenu au temps des Chirac, Juppé, Toubon et autres Fabius - la calvitie en moins. Pas vraiment de quoi faire frémir « celles et ceux » qui espéraient le changement avec cet « HEC Paris, Sciences Po » pur produit de « l’élite à la française ». D’ailleurs, sa candidature ne soulève pas un enthousiasme débordant : on se souvient trop de son zèle de « cireur de pompes » quand il rapportait la bonne parole dans sa précédente fonction (le cirage est souvent indélébile), tout comme de son mépris envers les gilets jaunes.

Alors, moi, je trouve qu’il y a une grande fraîcheur dans la candidature de Cédric Villani et qu’il incarne bien ce renouveau intellectuel dont on a tant besoin. Car l’homme est tout sauf un imbécile et je trouve pitoyables les railleries dont il fait l’objet. Un mien professeur plein de sagesse me disait naguère : « En politique, le problème majeur, c’est que les hommes sont obsessionnels et les femmes hystériques. » Une simple écoute des « débats » sur les chaînes d’info montre que cette affirmation n’est pas dénuée de vérité, loin s’en faut. Point de tels risques avec Cédric Villani : un mathématicien de son niveau passe son temps à résoudre des problèmes. Pour bien résoudre des problèmes, il faut d’abord bien les poser, mobiliser ses propres ressources intellectuelles et techniques, puis faire preuve de créativité et savoir consulter ses collègues pour valider ses solutions.

Et puis, un chercheur est fondamentalement un être intellectuellement libre : la candidature de Cédric Villani le prouve.

Ce qui, en outre, est plutôt amusant, c’est que, comme on le dit maintenant, il « casse tous les codes ». Exactement ce que Macron disait vouloir faire, exactement ce qui est reproché à Villani par la Macronie.

Alors, moi, si je vivais encore à Paris, j’irais naturellement faire offre de mes services à Cédric Villani. J’ai toujours préféré les vrais savants aux pseudo-sachants.

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07 septembre 2019 à 11:18

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