Soja : les « réactionnaires complotistes » avaient donc raison ?

Va-t-on voir les militants écologistes se mettre à la viande rouge ?
@Daniela Paola-Unsplash
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L’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) a rendu son verdict : elle préconise désormais aux entreprises de restauration collective de ne pas servir de produits à base de soja à la cantine. Elle invite aussi les acteurs de l’agroalimentaire, dans un avis publié le 24 mars, à la sollicitation des ministères de l’Alimentation et de la Santé, à « revoir les techniques de production et de transformation du soja ».

La cause va vous surprendre (quoique peut-être pas tant que ça) : les produits à base de soja contiennent des isoflavones. Derrière ce nom barbare se cachent des hormones d’origine végétale, les phyto-œstrogènes, qui sont proches des hormones féminines et « peuvent donc interférer avec le fonctionnement hormonal physiologique et donc conduire à des effets indésirables pour le système reproducteur ».

Le docteur Aymeric Dopter, chef de l'unité d'évaluation des risques liés à la nutrition à l'ANSES, qui signe cette recommandation, prend immédiatement des précautions oratoires : « Il ne s’agit pas de jeter l’opprobre sur le soja en tant qu’aliment, mais plutôt sur les teneurs en isoflavones que les produits au soja contiennent actuellement. » Comme disait Bernard à Popeye, dans Les Bronzés font du ski, « Te casse pas, va, on a compris ». On a d’autant mieux compris que, toujours selon l’ANSES, 76 % des enfants de 3 à 5 ans et 47 % des hommes de 18 ans qui consomment du soja dépassent la valeur toxicologique de référence.

La revanche de la côte de bœuf ?

Les écolos nous vendent, depuis bien longtemps déjà, la consommation de protéines de soja comme une alternative intelligente à nos modes de consommation « classiques », parmi lesquels, au sommet de la pyramide du crime, on trouve évidemment la côte de bœuf cuite au barbecue. En parallèle, les vilains complotistes, les sales fachos virilistes, se moquaient lourdement des « hommes-soja », ou « soyboys », qu’ils estimaient visiblement carencés en testostérone. Jusqu’ici, il y avait quelques études scientifiques, que le camp de la raison et de la Terre Mère repoussait du bout du pied. Il y avait aussi la simple observation de ces corps pâles et imberbes, maigres et flasques, respirant la tristesse et l’aboulie. Mais évidemment, il était interdit d’en tirer des conclusions. Désormais, de deux choses l’une : soit la science est devenue complotiste, soit la vérité est réactionnaire. En tous les cas, les faits sont là.

Que va-t-il se passer, maintenant ? Va-t-on assister à un spectaculaire retour de manivelle ? Va-t-on voir les militants écologistes se mettre à la viande rouge ? Ce serait amusant. On verra peut-être, dans un futur proche, de solides altermondialistes barbus en train de faire griller des morceaux de barbaque sur des pierres sèches, tandis que d’accortes militantes au longues tresses blondes ramasseront des baies pour préparer un roboratif dîner familial. Non loin, des enfants écolos, débarrassés de leurs biberons au bisphénol et de leur lait de plantes, rapporteraient du lait – du vrai lait - fraîchement prélevé où il doit l’être : au pis des vaches. Il y aurait une « convergence des luttes » entre le paysage esthétique de ces écolos d’un nouveau genre et celui des identitaires attachés à leurs racines. Alors ces militants « verts », jadis aveugles, auraient enfin découvert deux vérités profondes. Un : on ne peut pas aimer la nature si l’on ne se comporte pas conformément à ses lois. Deux : l’écologie, la vraie, est intrinsèquement une valeur de droite. Quant au soja : c'est chacun son goût et c'est vous qui voyez...

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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