[Satire à vue] Charlie et la chocolaterie devient Charlie et la chochotterie

Charlie et la chocolaterie
La lecture de Charlie et la chocolaterie ne risque-t-elle pas de traumatiser nos enfants ? À toutes fins utiles, les éditions anglaises Puffin ont estimé que le temps était venu de revisiter l’œuvre de Roald Dahl. Les textes furent soumis à des lecteurs dits « sensibles ». Bilan de l'opération : deux AVC, un cas d'urticaire virulent, des poussées de fièvres par dizaines. Des mots affreux parsèment les histoires extraordinaires de l'auteur anglais disparu en 1990. Entre autres avanies, un personnage de Charlie est qualifié de « gros ». Un autre est « laid ». Bouh ! Un relecteur revient en larme dans les bureaux de l'éditeur. « Il a dit gros et laid ! » Bouh... Un autre éploré arrive pour dénoncer l'emploi de « minuscules » ou « pas plus hauts qu'un genou » pour désigner la taille des ouvriers de la chocolaterie. Les enfants ne peuvent supporter cet afflux de stigmatisations. « Gros » fut remplacé par « énorme » et « minuscule » par « petit ».

La partie plaisante de l'affaire réside en ces indémêlables sensibilités qui, parfois, subtilisent un mot pour le remplacer par un autre plus violent. Dans l'esprit torturé du wokiste, il sera plus convenable qu'une institutrice en surpoids soit perçue comme « énorme » par ses élèves. Comprenne qui pourra.

Dans les colonnes du Figaro, Mathile Berger-Perrin détaille les dégâts engendrés par de telles manipulations. Selon l'essayiste, la déconnexion du monde réel induite par un adoucissement du vocabulaire prépare la brebis innocente à des lendemains difficiles. Pour ces futurs adultes froissés par le monde qu'ils découvrent, un seul métier possible : lecteur ultra-sensible. Pleureuse professionnelle chez Gallimard. Sans distinction de genre, tous d'inonder leurs mouchoirs à l'énoncé du Petit Chaperon rouge. Des chagrins à perte de vue à la découverte des Misérables. Le temps de comprendre qu'ils ont été bernés sur la réalité du monde et ils seront militants pour un langage plus dur à l'égard de leurs propres rejetons. Ainsi va la vie du tripatouilleur de récits. Deux cuillerées de miel pour faire passer la violence de Barbe bleue, puis un nuage de citron pour tempérer l'adoucissement... Le censeur woke conçoit la littérature comme le cuisinier son ragoût. Et un Victor Hugo aux fines herbes pour la douze ! Et une mousse au chocolat de chez Charlie agrémentée de guimauve. Garantie sans saveur. Chaud devant ! En apothéose du repas littéraire : l'assiette vide. 200 pages blanches. Parvenu à cet anéantissement total de la création, l'hurluberlu woke se demande si le papier n'est pas trop rugueux. Les enfants pourraient s'abîmer les doigts en feuilletant ce pavé vierge.

Aux éditions Puffin, les ré-écrivains émaillent également les récits de mises en garde personnelles. Dans ses rêves secrets, le directeur imagine des livres pour enfants interdits aux moins de 18 ans. Classés X. Et sur Internet, les sites libertins en open bar... Ben voyons.
Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

Vos commentaires

17 commentaires

  1. J’essaie de me consoler en me disant que le wokisme a existé dans notre histoire : après la Révolution, l’appellation « citoyen » au lieu de monsieur, le nouveau calendrier, le tutoiement systématique …
    Ou encore les Incroyables et merveilleuses qui prononçaient à peine le « r »
    Seulement à l’époque, ces dingueries se limitaient au pays. Maintenant, elles deviennent quasiment universelles, dictées par des forces que nous ne maîtrisons pas

  2. Si on continue à enlever tous les synonymes, nos dictionnaires seront diminués de plus de moitié. Pauvre langue française. Qu’a-t-on fait de toi? Toi ou ToiE?

  3. Vous oubliez les oeuvres du Marquis de Sade, disponibles sans application spécifique; j’imagine la tête des purgeurs woke s’il parcouraient cette prose ( pris dans tous les sens ) romantique et sentimentale! Là c’est du lourd comme dirait Fabrice Lucchini.

  4. Et ce sont les mêmes qui, dans leur totalitarisme fou, s’indignent qu’une partie grandissante de citoyens rebelles qui ont encore quelques valeurs adhèrent aux propos de Poutine, quand il affirme que le conflit entre son pays et l’Ukraine tient avant tout de la guerre civilisationnelle, voire anthropologique !

  5. Avec toutes ces « ré-écritures » qui, hélas, sont effectuées depuis quelque temps déjà, je suis un peu étonnée que les auteurs originaux ne portent pas plainte devant les tribunaux. Ne s’agit-il pas ici d’une atteinte au droit d’auteur ? Je suppose que, dans l’absolu, on n’a pas le droit de modifier et de publier ensuite le texte d’un auteur, sans son consentement. Même s’il est décédé, ses héritiers doivent pouvoir le faire je présume. Si quelqu’un peut m’expliquer…..

    • Ces atteintes inexcusables au droit d’auteur s’effectuent sous la bannière de la vertu et du bien public. Donc inattaquables.

    • Parfois les héritiers valident comme ce fut le cas pour les « 10 petits negres » de Agatha Christie. Son héritier a même dit qu’il était grand temps de changer ce titre et le texte comme cela avait été fait dans les pays anglophones…. Quand j’entends parler de réécriture j’essaye d’acheter une ancienne édition. Tintin au Congo a été réécrit plusieurs fois…. Il finira peut-être même par disparaître. On enlève tout ce qui gêne et cela fait un terreau extrêmement fertile pour la pensée unique. Faute d’opinions diverses, plus d’arguments et plus d’arguments plus de débats puisque tout le monde sera d’accord comme c’est le cas sur France Inter et consort où tout le monde baigne dans la joie de la congratulation mutuelle. Et puis personne n’est contrarié dans ce charmant entregent….et si on saupoudre le tout …. Vous m’avez comprise

  6. Si ils avaient du talent et des idées, les wokes écriraient leurs propres histoires à succès.
    Mais ils n’ont aucun talent, c’est même pour ça qu’ils sont wokes.
    Le principe de leur business c’est de flairer où il y a du pognon et de se faire embaucher sous la menace d’un procès.
    Histoire de vivre comme des parasites sur le talent des autres afin de défendre une cause dont personne n’avait besoin.

  7. A lire ou relire impérativent 1984 de George Orwell avant se sousmission au ministère de la vérité ou il les relecteurs décideraont le faire bruler en place publique

  8. Le ridicule ne s’arrête jamais il avance et va nous tuer .
    Je suis étonnée qu’on ne s’attaque pas à la comtesse de Ségur !

    • Il suffit juste d’être patient….. la liste des livres qu’il faudra réécrire ne va cesser de s’allonger. Dans le meilleur des cas ils seront réécrits et dans le pire, ils seront tout simplement détruits. Seuls quelques intellectuels ou quelques privilégiés conscients du désastre auront des originaux qui circuleront sous le manteau et seront réservés à une élite. Les autres n’auront que des versions édulcorées et sans saveur aucune…. Un brouet clair inodore et fade.

  9. Certainement moins dangeureux et choquants que ces affreux clowns déguisés en drake queen qui viennent sévir jusque dans les crèches et offrir des nuits de nos cauchemards à nos bambins . Tous ces contes qui ont berçé notre enfance ni touchez pas , écrivez vos propres histoires et lira qui en aura envie . Prouvez de quoi vous êtes capable à part détruire .Stop à la destruction de ces livres .

    • En effet, tous ces « minables « petits hommes gris » qui sévissent au sein des maisons d’édition, des salles de rédaction et autres officines agréées, sont incapables de la moindre création. Pire! ils n’ont aucun respect pour les créations du passé. Mûs par leur seule idéologie nihiliste, ils s’acharnent à effacer, falsifier, déboulonner, excommunier, détruire.
      Au nom du Bien, de la Tolérance et de l’Amour du Genre Humain bien entendu… A quand les autodafés?

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