Rodolphe Saadé rencontre le président Tebboune pour affaires

En pleine crise diplomatique, les deux hommes doivent se rencontrer pour conclure des accords commerciaux.
TEBBOUNE

[Mise à jour du 16 avril à 15h57] Le président de la CMA-CGM devait rencontrer à Alger, ce mercredi 15 avril, le président Abdelmadjid Tebboune et le ministre des Transports pour discuter affaires. Une rencontre finalement annulée in extremis, compte tenu des tensions entre Paris et Alger.

 

Peut-il y avoir quelque chose d’indécent à signer d’importants accords économiques alors que Boualem Sansal est emprisonné par la régime algérien ? Rodolphe Saadé ne semble pas s’être posé la question. Du moins y a-t-il répondu. D’après le quotidien algérien El Watan, le président de la CMA-CGM doit rencontrer à Alger, ce mercredi 15 avril, le président Abdelmadjid Tebboune et le ministre des Transports pour discuter affaires. Des négociations qui seraient sur la table « depuis près d’un an ». Déjà présent dans neuf ports algériens, la CMA-CGM souhaite s’implanter en Algérie et obtenir notamment la gestion du port d’Oran, un site stratégique, situé entre Alger et l’Espagne. Le troisième armateur de porte-conteneurs mondial et cinquième fortune de France (8 milliards de dollars de fortune professionnelle, selon Forbes) prévoirait notamment de lourds investissements à travers les infrastructures et la logistique portuaires. Un projet comportant aussi une ligne entre Oran et Marseille, la ville d’implantation de la famille Saadé, serait à l’étude.

On n’arrête plus Rodolphe Saadé, qui faisait un déplacement à la Maison-Blanche, le 6 mars dernier, pour annoncer un plan d’investissements de 20 milliards de dollars déployé sur quatre ans aux États-Unis.

Des accords commerciaux en pleine guerre diplomatique

Cette offensive économique en Algérie intervient dans un contexte de regain de tensions diplomatiques entre Paris et Alger alors même que l’Élysée vient d’annoncer le rappel de son ambassadeur et « l’expulsion de douze agents » du réseau consulaire et diplomatique algérien. Une réponse à l’annonce du gouvernement Tebboune, dimanche 13 avril, d’expulser 12 agents de l’ambassade de France sous 48 heures. Agents spécialisés dans le contre-terrorisme et le contre-espionnage, tous travaillent sous la responsabilité du ministre de l’Intérieur et sous les ordres de l’ambassadeur, d’après nos confrères du Figaro, à « fluidifier la relation avec les autorités algériennes ». Une expulsion en guise de représailles à la suite de la mise en examen, par la Justice française, d’un agent consulaire algérien. Ce dernier serait un des responsables de l’enlèvement d’Amir DZ, un opposant algérien au régime de Tebboune, disparu il y a un an. Comme l’a démontré hier, pour BV, Marc Baudriller dans son éditorial, le président algérien envoie ses barbouzes agir en France.

Un billard à plusieurs bandes

Un sujet brûlant, au point de compromettre les négociations de M. Saadé ? Le PDG marseillais est un proche d’Emmanuel Macron. Le président de la République était dans les locaux de la CMA à Marseille, en février 2025, lors de la visite du Premier ministre indien en France. Pour boucler la boucle, Macron lui-même cultive son rapprochement avec Tebboune. « Chacun est dans ses compétences. L'accord de 1968, c'est le président de la République », rappelait le président de la République, il y a un mois, pour reprendre la main sur le dossier algérien avant de s’entretenir personnellement au téléphone avec son homologue algérien, un mois plus tard.

Un dernier constat ne manque pas d’interpeller. Selon le compte X Destination Télé, sur BFM TV, média propriété de Rodolphe Saadé depuis juillet 2024, l'expulsion des agents de l'ambassade de France n’a pas été évoquée une seule fois, dans la soirée du 14 avril, entre 18 h et minuit. Hormis un débat vers 17h45 où le journaliste politique Alain Duhamel expliquait que dans le dossier Paris-Alger, Bruno Retailleau n’était pas la solution mais le problème. « Les prises de position publiques » du ministre de l’Intérieur « oublient l’affichage de la part du dialogue nécessaire », expliquait-il à l’antenne.

Alors que l'ambition de l'armateur français est de devenir l'acteur privé majeur du fret maritime en Algérie, la crise diplomatique entre Alger et Paris tombe mal. Un billard à plusieurs bandes est en train de se jouer. Boualem Sansal y trouvera-t-il son compte, c'est-à-dire sa liberté ?

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Yves-Marie Sévillia
Journaliste chez Boulevard Voltaire

Vos commentaires

55 commentaires

  1. « Boualem Sansal y trouvera-t-il son compte, c’est-à-dire sa liberté » Face à celui qui est toujours un ennemi atavique, faudrait être fort, résolu et sans pitié dans les relations. Ce ne sera pas le cas et si Boualem Sansal retrouve sa « liberté » ce sera au prix de nouvelles concessions . Inadmissible pour une nation digne de ce nom, France .

  2. Cette parité mathématique 12 contre 12 montre une France frileuse en défense. Elle qui est offensée pouvait montrer une meilleure offensive en renvoyant 13 Algériens dans leur camp. Cela aurait donné du cran au Quai d’Orsay qui en manque et mis Tebboune à mal. Si la subtilité de M. Barrault savait faire boum-boum la diplomatie française ne serait pas empêtrée dans ses filets.

    • Vous avez raison..mais proportionnellement il y a beaucoup moins de français en algerie que d’algériens en France..donc on devrait en virer quelque centaines de milliers en arrêtant le droit du sol ,supprimant les visas,le regroupement des tribunes.. ce serait plus juste

      • Certes, mais en espérant que « treize » porte malheur, c’est tout le bonheur que je souhaite à ces maillots verts et blancs qui jouent avec nos nerfs.

  3. Encore une fois de plus, de multiples fois l’algérie méprise la France elle prend en otage un Français, une certaine habitude culturel, rencois 12 consulaires et nous on ne trouve pas mieux de se mettre au même niveau en les copiant alors qu’une France qui se respecterait et se ferait respecter aurait eu le courage, la volonté d’en renvoyer comme le double, donc nous allons vers une rupture mais évidement a l’initiative de l’algérie sans doute, pourtant nous avons les moyens de les faire plier.

  4. Mr. Saadé, grand ami de Mr. Macron, décoré de la Légion d’Honneur (Chevalier) et de l’Ordre National du Mérite en 2022 ( se sont des dates qui me parlent sans doute à vous aussi ) et maintenant Mr. Saadé qui négocie avec l’Algérie, il a l’habitude de négocier avec les dictateurs sa première expérience professionnelle il l’a vécue en Syrie, on comprend mieux maintenant l’inexistence des négociations sur nos problèmes avec ce pays le soutien financier envers Mr. Macron de ce grand ami est trop important alors Mr. Boualem Sansal c’est pas pour demain qu’il va retrouver la liberté les intérêts personnels d’abord.

  5. Macron et Teboune sont-ils en train de s’amuser au détriment des feancaus ? Une mauvaise pièce de théâtre ? Pourquoi renvoyerc13 personnes contre les 2 expulsés d’Algérie ? Trump a été capable de bloquer tous les visas aux soudanais tant que ce pays refusait de reprendre ses ressortissants expulsés ! Nous on continue d’accueillir, de subventionner. De soigner, de payer des retraites à des millions d’algériens sur le dis du contribuable feqncais spolié. Il y des gens capables et des incapables. Les incapables c’est chez nous..

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