Qatargate : la mémoire revient aux députés européens, certains voyagent vraiment beaucoup !

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Grand ménage au Parlement européen ? Depuis le début du Qatargate, les traces de nombreux voyages financés par des tiers apparaissent soudainement sur le site du Parlement européen. Entre les élus férus de voyages et les déclarations hors délai légal, l’institution européenne connaît quelques dysfonctionnements…

Deux tiers des déclarations en retard

C'est une conséquence directe du Qatargate : les parlementaires européens tentent de régulariser leur situation. Des journalistes du quotidien belge Le Soir ont épluché les déclarations de voyages des eurodéputés depuis le début de la législature. Au terme de leur analyse, ils concluent : « Alors qu’entre janvier et novembre 2022, on recensait, en moyenne, quatre déclarations par mois, 104 notifications de ce type ont été rentrées pour les seuls mois de décembre 2022 et janvier 2023. » Et sur ces deux mois, deux tiers des déclarations ont été enregistrées en retard.

Alors, simple omission ou oubli volontaire ? Difficile de discerner le vrai du faux dans cet amas de notifications de voyages. D’un côté, il y a ceux qui plaident l’ignorance. L’eurodéputée socialiste Katarina Barley, pourtant habituée de l’arène politique, assume les retards. Sur ses treize déclarations de voyage, dix ont été réalisées après le délai imparti. Mais auprès de nos confrères belges, l’ancien ministre de la Justice outre-Rhin dénonce le manque de clarté des règles du Parlement européen. De l’autre, il y a les eurodéputés qui assurent avoir simplement oublié de mentionner certains de leurs voyages. Parmi eux, Marc Tarabella, récemment écroué dans l’affaire du Qatargate, a ainsi déclaré, le 16 janvier dernier, un voyage au Qatar effectué au mois de février 2020, soit près de mille jours après. « Étant au Ghana la semaine suivante, j’ai omis de rentrer ce formulaire de suite. Puis il y eut la fermeture due au Covid et quand je me rappelai qu’il fallait déclarer cette mission, nous étions bien au-delà de la date limite et j’ai pensé que ce n’était plus possible de le faire »s’explique-t-il auprès du Parlement européen. Comme lui, ses collègues Alessandra MorettiCristian-Silviu Busoi ou encore Maria Arena ont enregistré cette visite à Doha bien après le délai légal.

Sur les retards, les socialistes décrochent le titre de champion d'Europe avec plus de 61 % de déclarations hors délai, suivis des Verts (43,6 %) et de la Gauche (42,9 %). Au total, plus d’un voyage sur quatre aurait ainsi été déclaré tardivement auprès des services du Parlement. Pour autant, d’après nos confrères belges, aucune sanction n’aurait été prononcée à ce sujet depuis 2019.

Israël et Inde sur le podium

Les retards ne sont pas la seule irrégularité que l’on peut constater sur le site du Parlement européen. Aux retardataires, s’ajoutent les eurodéputés passionnés de voyage. L'élu écologiste Reinhard Bütikofer arrive sur le haut du podium, avec près de 22 voyages réalisés en seulement 24 mois : Allemagne, Australie, Suisse, Portugal, Suède, République tchèque, États-Unis, Taïwan… l’eurodéputé vert est un véritable globe-trotteur. Un comble ! Plus fort encore, ce membre de la commission des affaires étrangères ne voyage pas au titre de son mandat mais pour participer à des forums et conférences. S’il n’y a rien d’illégal à voyager, certains parlementaires préfèrent pourtant rester prudents sur ces voyages financés par des associations ou des lobbies.

Sur le podium des pays tiers qui invitent le plus les eurodéputés, Israël et l’Inde occupent la première place, avec trente voyages déclarés dans chaque pays. Suivent, dans le Top 5, les Émirats arabes unis, la Russie et le Venezuela. Leur objectif ? Promouvoir leurs intérêts auprès des institutions européennes. A priori, encore une fois, rien d’illégal, mais la vigilance reste de mise.

À l’heure où le Parlement européen est éclaboussé par un scandale international, certaines voix s’élèvent pour demander de mettre un terme à ces voyages financés par des tiers. Après tout, l’institution européenne dispose déjà d’une enveloppe conséquente (4.716 euros par an et par eurodéputé) pour permettre aux élus européens de voyager dans le cadre de leur mission parlementaire.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Et après, certains se demandent pourquoi la caste politicienne ne veut pas « sortir de l’Europe » ! Et tout ça ne représente que des broutilles en regard des achats de vaccin (par exemple) ! Certains sont carrément achetés par les « lobbies », d’autres ne reçoivent pas nécessairement le prix de leurs petites trahisons sous forme monétaire, mais en nature ! Si Talleyrand avait peu de scrupules, au moins a-t-il travaillé aussi pour la France ! Pour quelques honnêtes gens (en espérant qu’il en reste !), combien de valets stipendiés ? Voilà les vertueuses démocraties, « républiques » ou monarchies parlementaires ! Léon Daudet, au siècle dernier, dénonçait déjà les députés à l’Assemblée, membres des conseils d’administration de grands groupes financiers, qui représentaient plus leurs employeurs que les électeurs !

  2. On commence seulement à s’interroger sur l’honnêteté de certains députés européens … Il est grand temps .

  3. Oui, bien sûr, ça n’a peut-être rien d’illégal, mais ça fleure bon la combine. Et si l’on ne peut empêcher personne d’y penser, la police de la pensée sévit par ailleurs… mais « pas touche » aux heureux élus de Bruxelles. Ainsi va l’institution qui décide pour les Français sans leur demander leur avis. A-t-on encore le droit de s’interroger sur les pratiques en cours au Parlement Européen ?

  4. Que ce soit le parlement européen ou la commission européenne tout est corrompu. Pour avoir travaillé dans cette commission , je sais de quoi je parle .

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