Qu’appelle-t-on, au juste, la « détresse psychosociale » ?
C’est en tant qu’assistante sociale, terminant également une formation de conseillère conjugale et familiale, que je me suis penchée sur ce nouveau sujet polémique : un amendement adopté en pleine nuit, permettant l’IMG (interruption médiale de grossesse) en cas de « détresse psychosociale ». J’ai donc décidé de chercher une définition de « détresse psychosociale » pour comprendre les enjeux de cet amendement qui guidera ma pratique professionnelle.
Eh bien, croyez-moi (ou pas !), il y a autant de définitions que de médecins, et autant de détresses psychosociales que d’êtres humains ! Le Petit Robert et Wikipédia n’ont pas encore mouillé leur chemise pour trouver un sens à ces mots. Alors, qu’on se le dise : comme il n’y a aucune définition objective, il va falloir travailler avec de la subjectivité.
Cette subjectivité qui conduira à proposer une IMG à une femme alors qu’elle est en difficulté et que cela aggravera sa « détresse psychosociale » !
Cette subjectivité qui conduira à proposer à une femme battue une IMG alors qu’elle a besoin de se sentir soutenue et protégée… mais, non, pas assez de budget, allons à la simplicité !
Cette subjectivité qui conduira à proposer une IMG à une jeune étudiante plongée dans une « détresse psychosociale » parce qu’elle n’aura pas de place en crèche !
Cette subjectivité qui conduira à proposer une IMG à une femme SDF en grande « détresse psychosociale » plutôt qu’un toit !
Cette subjectivité qui conduira à proposer une IMG à une femme parce qu’elle risque de perdre son emploi plutôt que de renforcer la protection des femmes et mères dans le monde professionnel !
Cette subjectivité qui conduira à proposer des IMG à des femmes en « détresse psychosociale » plutôt que des solutions, bien plus onéreuses pour notre gouvernement. À croire que la vie a un prix et qu’il ne doit pas dépasser les budgets de notre pays.
En tant que travailleur social sur le terrain qui côtoie tous les jours des personnes en « détresse psychosociale », je rêve de pouvoir apporter des solutions concrètes, financières et matérielles à ces femmes. Car c’est rarement l’enfant, le problème, mais bien la situation familiale, financière et matérielle dont il est question. Or, avec cet amendement-là, nous choisissons de lui enfoncer un peu plus la tête sous l’eau…
Cet amendement est donc tout simplement le reflet de la domination de la société sur la femme et illustre malheureusement trop bien la définition subjective de ce que doit être une femme pour pouvoir être une bonne mère de famille. Mais où sont les féministes pour crier au scandale et défendre le droit des femmes ? Le droit des mères ? Qui aura son ticket gagnant à la loterie de la plus grosse « détresse psychosociale » pour pouvoir avorter d’un enfant de 8 mois et demi en pleine forme ? Cette guerre des mots nous conduira sur le champ de bataille de la guerre des maux.
Et non, je ne veux pas y participer...
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