Quand Donald Trump se rabiboche avec les Européens sur le dos des Russes et des Chinois…
Avec Donald Trump, tout passe, mais rien ne se ressemble. La preuve par cette réunion improvisée avec Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, ce mercredi 25 juillet dernier. Soit l’occasion de renouer les liens avec un Vieux Monde de longue date traité par le mépris d’un Nouveau Monde ne connaissant pas, aujourd’hui, une forme géopolitique des plus olympiques.
Si l’on résume la situation, au-delà des formules diplomatiques de circonstance, les USA n’ont plus qu’un seul ennemi : la Chine, pays à la civilisation multimillénaire n’en finissant plus de tailler des croupières commerciales à l’ancienne « hyper-puissance » américaine. D’où l’obligation impérieuse, pour Washington, de resserrer les boulons et de se rabibocher avec des « alliés » si souvent malmenés ; nous, en l’occurrence. Là, Donald Trump, reconnaissons-lui au moins ce mérite, sait faire.
Résultat ? Jean-Claude Juncker peut plastronner à peu de frais : "J’avais l’intention de parvenir à un accord aujourd’hui. Et nous avons un accord aujourd’hui." Lequel ? On ne le sait pas trop. De son côté, Donald Trump fait lui aussi le beau en affirmant : "Nous nous sommes mis d’accord pour travailler vers l’objectif d’avoir zéro droit de douane, zéro barrière non tarifaire et zéro subvention sur les biens industriels, hors automobile."
"Hors automobile", nous y voilà. Car il faut malgré tout épargner cette industrie allemande employant près d’un million d’ouvriers outre-Rhin et contre laquelle un géant tel que General Motors n’a finalement que peu à opposer, hormis des Cadillac hors de prix, réservées à l’aristocratie du show-biz et des pick-up constituant l’ordinaire des bouseux locaux. Soit rien qui puisse rivaliser, en matière de technologie et de chic, avec les puissantes berlines teutonnes. Il s’agissait, pourtant, d’une des traditionnelles marottes de Donald Trump. Mais, en bon négociateur, il sait que, sur le sujet, il n’avait d’autre choix que d’en rabattre.
Ce qui ne l’empêche pas de vouloir, au passage et à tout prix, refourguer à l’Europe ces millions de tonnes de soja transgénique que, heureusement, nos instances européistes persistent à refuser par on ne sait quel heureux miracle. Voilà qui pourrait être bientôt chose faite, grâce ou à cause d’un forcing américain qui nous obligerait, au passage, à acheter du gaz américain, sachant que l’Europe a pris la mauvaise habitude de trop se fournir auprès des Russes.
Donald Trump, donc, se réjouit de ces possibles changements d’approvisionnement : "Nous allons les faciliter, mais ils vont devenir des acheteurs massifs." Là, ferrés aux pattes, les Européens ne pourront plus dire qu’ils n’ont pas été prévenus. Puis, cette Chine, où l’espionnage industriel règne à grande échelle. Et Le Monde de citer les propos trumpesques visant à lutter contre « des pratiques commerciales inéquitables, notamment le vol de propriété intellectuelle, le transfert forcé de technologie, les subventions industrielles ». À propos de ces dernières, on notera que les Américains ne sont pas les derniers à faire de même de leurs industries locales, à en croire les millions d’euros déversés sur un monde agricole persistant à vouloir nous vendre de force leur « malbouffe ». Sans négliger un semblable « espionnage industriel » dont nous sommes les victimes plus ou moins consentantes depuis des décennies.
Quitte à décevoir une certaine frange un peu réactionnaire, même chez nos lecteurs les plus assidus, rappelons que l’histrion en question n’est pas exactement le meilleur ami d’une France pour laquelle il n’éprouve, finalement, que mépris souverain. Autrement, comment pourrait-il oser pareille sortie ? "Ce que nous fait l’Union européenne est incroyable. Ils ont l’air gentils, mais ils sont durs !" Ah, ben ça, c’est la meilleure… Car dans le même temps, le même Donald Trump tente de nous refourguer les accords du TAFTA dont on sait à quel point ils seront avantageux pour notre continent…
Avec de tels amis, comme on dit, plus besoin d'ennemis.
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