Procès du meurtrier présumé d’Éric Masson : « Il avait choisi de servir la France »

Eric Masson police

Trois ans et un visage que l’on n’oublie pas. Celui d’Éric Masson, brigadier de 36 ans, abattu à Avignon, le 5 mai 2021, lors d’un banal contrôle anti-stupéfiants. Ce jour-là, Éric et ses collègues interviennent pour un différend de voisinage. Le calme rétabli, ils décident de se mettre en planque aux abords d’un point de deal connu de la cité des papes. Rapidement, ils surprennent une transaction entre un jeune dealer et une consommatrice. Éric Masson décide de contrôler la femme. À ce moment-là, le revendeur de shit et un autre jeune homme s’approchent et lancent : « Vous faites quoi, les gars ? Vous charbonnez ? » Au moment où le brigadier tente de l’interpeller, le dealer aurait alors sorti une arme. Deux coups partent. Éric Masson, touché au thorax, s’effondre. « Police », hurle son coéquipier, avant d’ouvrir à son tour le feu. Réfugié derrière une voiture, il essuie un tir. Les dealers s’enfuient. Quelques instants plus tard, Éric Masson est déclaré mort. Il laisse derrière lui une épouse, deux petites filles et des collègues meurtris.

Procès aux assises

Au terme de près de trois années d’instruction, le procès du meurtrier présumé, Ilias A., s’ouvre ce 19 février devant la cour d’assises du Vaucluse. Le jeune voyou, déjà condamné six fois pour trafic de stupéfiants et violences volontaires, comparaît pour « meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique » et « tentative de meurtre sur une personne dépositaire de l’autorité publique ». À ses côtés, deux autres prévenus sont poursuivis pour « soustraction d’un criminel à l’arrestation ou aux recherches ». Devant les jurés, Ilias, alias l’Excellent, persiste encore à nier sa responsabilité dans les faits qui lui sont reprochés. L’audience, qui doit se tenir jusqu’au 1er mars, devra donc établir la culpabilité du jeune dealer dans la mort d’Éric Masson. Par ailleurs, les jurés devront déterminer, au vu des témoignages, si Ilias avait connaissance de la qualité de policier du brigadier - circonstance aggravante - au moment des faits. Il encourt la perpétuité.

40 policiers blessés chaque jour

Ce procès est attendu par les proches du policier, promu commandant à titre posthume, et ses collègues. « Ce procès est une étape », annonce le conseil des parents et frères et sœur d’Éric Masson, à l’ouverture de l’audience. Sa famille réclame que justice soit faite.

À l’époque des faits, quelques jours seulement après l’assassinat de Stéphanie Monfermé, égorgée par un islamiste à Rambouillet, la mort d’Éric Masson déclenche une vague d’émoi national. Les policiers se rassemblent en masse devant l’Assemblée nationale. Au cri de « Payés pour servir, pas pour mourir », ils réclament davantage de reconnaissance et une justice moins laxiste. Trois ans plus tard, l’émotion est toujours présente. Ce « procès est très attendu par le peuple […] sans surprise, l’accusé présentait déjà, à 19 ans, six condamnations », écrit Matthieu Valet, fonctionnaire de police et membre du Syndicat indépendant des commissaires de police. « Tu manques cruellement à Laura et Anaïs, tes deux filles que doit désormais élever seule ton épouse. Éric [fils d’un major de police et frère d’une policière], ta famille a toujours fait le choix de servir la France, de protéger les Français. Aujourd’hui, à notre pays de rendre la justice à ta famille en condamnant à vie celui qui a tiré sur la République en abattant le policier si fier que tu étais », poursuit le policier. Un sentiment partagé par tous ses collègues. « La justice doit être rendue », clame ainsi le syndicat Alliance, présent à l’audience. Tout comme Unité SGP Police qui demande à la justice de « ne pas trembler ».

Et Abdoulaye Kanté, fonctionnaire de police, de rappeler : « Un contrôle de police n’est jamais banal. Chaque jour, des policiers mettent leur vie en danger pour la population. » En effet, à l’instar d’Éric Masson, policiers et gendarmes sont chaque jour pris pour cible dans l’exercice de leurs fonctions. En 2023, le nombre de policiers blessés en exercice continue d’augmenter (+4,1 %). Avec 15.150 policiers blessés l’an passé, ce sont plus 40 fonctionnaires de police pris pour cible chaque jour sur le territoire national. Neuf policiers ont perdu la vie pendant leurs heures de travail. Et quand ils ne sont pas directement visés, leurs familles sont alors prises pour cible, comme cette épouse de policier, agressée la semaine dernière dans une rame du RER A. L’uniforme fait désormais des policiers et gendarmes une cible.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

18 commentaires

  1. Mais c’est bien connu, le Français moyen doté d’un minimum de bon sens devrait avoir honte de se laisser aller à un « sentiment » d’insécurité. Heureusement que nous avons des pouvoirs publics qui à grand renfort de dénis de réalité soutiennent mordicus que 1+1 ne font pas deux, sinon ce serait à désespérer des miracles que toute la macronie accomplit jour après jour à grands coups de com pour nous affirmer que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

  2. Sur le coup la cliente qui achetait la drogue est complice de meurtre, le fait de fréquenter un dealer lors d´un meurtre conséquence de cette fréquentation, elle doit etre sur le banc. Avec un accord avec la Russie contre du gaz, J´espere qu´il va prendre un max si possible dans une prison Russe des contrées froides (tres efficace), considérant que les US ont des prisons en Pologne et en Lithuanie, Guantanamo étant trop petit.

  3. Les policiers devraient toujours être protégés par un gilet pare-balles ! Si ce policier l’avait porté le jour de l’intervention, il n’aurait pu être tué. Beaucoup de regrets et de chagrin pour lui et sa famille… Et si la vermine était resté en prison, au lieu de poursuivre ses activités criminelles, ce drame aurait été évité. Responsabilité donc de la justice laxiste.

  4. Voilà pourquoi il est important de soutenir par nos dons, même modestes, l’Association ORPHEOPOLIS, oeuvrant au bénéfice des orphelins de policiers, plutôt que RSF.

  5. Toujours les mêmes délinquants récidivistes et multirecidivistes et aucune sanction lourde à l égard de ces criminels voilà la France progressiste n est pas monsieur Badinter qui avait plus de compassion pour les délinquants que pour les victimes

  6. Je ne me fais, hélas, aucune illusion quant à la peine prononcée contre cet assassin. La peine de mort a été aboli par un homme que le résident de l’Élysée veut, tiens à panthéoniser, dommage, pas pour l’hommage, pour la peine !!

  7. j’espère que la justice laxiste gauchisse va bien faire son job, sinon je crains le pire , la colère est partout en France !

    • La colère, c’est comme les promesses, ça ne sert à rien. Ce qu’il faut, ce sont des actes. Et pourquoi ne pas demander à tous les paysans de tourner le dos au passage du président dans les allées du Salon de l’Agriculture ?

  8. Éric Masson est un prénom et un patronyme de plus dans la litanie des drames qui endeuillent la France, oh pardon, la Macronie au quotidien.
    Les français ont la sensation de vivre dans une bande dessinée, un film crapuleux, dans lesquels tout est permis à la crapule de quartier.
    Ces gens-là ne sont jamais responsables, comme on dit à la Nupes, ce sont les forces de l’ordre qui sont coupables.
    La justice n’en parlons même pas, elle fait de la figuration.
    À propos, et la cliente dans tout ça ?
    S’il y a des dealers, c’est qu’il y a aussi des consommateurs, l’un ne va pas sans l’autre, les deux sont liés, si non responsables.

    • « Les français ont la sensation de vivre dans une bande dessinée, un film crapuleux, dans lesquels tout est permis à la crapule de quartier. » Plus exactement dans le monde d’Alice, où l’irréel veut devenir la norme.

  9. Y en a marre des hommages et des fleurs et des discours de ministres et autres politocards !!!
    Quand est-ce que les policiers pourront tirer sans demander la permission aux criminels et autres bandits de grands chemins ???

    • Aux USA quand un policier vous contrôle si vous vous approcher à moins de deux mètres il vous met en Joue avec son arme.

  10. Déjà condamné 6 fois , si la justice avait fait son travail ce policier serait encore en vie comme tant d’autres qui ont laisssé leur vie pour les mêmes raisons . Combien de victimes innocentes par la faute de ces élus qui laissent entrer des assassins sur notre sol , qui n’applique pas les OQTF et qui ne punit pas le laxisme de la justice . Tous complices , tous coupables .

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