Primaires LR et course à l’Élysée : Michel Barnier, l’homme qu’on n’attendait pas…
La rumeur bruissait déjà depuis au moins trois semaines. Alors que tous les commentateurs de la chose électorale - l’auteur de ces lignes en premier - avaient les yeux rivés sur les sondages concernant les potentiels candidats LR, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, un jeune maire issu de la vieille maison gaulliste vint remettre tout ceci à niveau, lors d’un de ces dîners où se croisent parfois journalistes politiques et hommes politiques tout court.
En substance, notre homme disait que celui qui sortirait du chapeau de la primaire des LR serait Michel Barnier. Mieux : qu’il serait le meilleur pour affronter Emmanuel Macron, ayant de fait vocation à devenir le prochain président de la République. On vous laisse imaginer les mines perplexes de ses interlocuteurs. Et pourtant, tout paraît se dérouler tel qu’annoncé…
Tout d’abord, la question de la primaire. Aurait-elle lieu et, surtout, serait-elle « ouverte » ou « fermée » ? Christian Jacob, soucieux de ramener les brebis égarées au bercail, penchait pour la seconde solution. Et celui que tout le monde raillait a fini par faire montre d’autorité avec une primaire réservée aux seuls militants à jour de cotisation. Soit une élection « fermée » faisant fi de la prime aux sondages… Car là, du 2 au 4 décembre prochains, ce sera la base qui votera et non point les politologues et les journalistes.
Et notre interlocuteur de poursuivre : « Michel Barnier a un handicap, c’est le plus européiste du mouvement. Mais, malgré son ralliement à Édouard Balladur en 1995, il est toujours demeuré fidèle au parti de Jacques Chirac, alors que Xavier Bertrand et Valérie Pécresse en ont claqué la porte après les dernières élections européennes, quand LR était dirigé par Laurent Wauquiez, pour cause de "dérive droitière". »
Pour faire son trou et répondre à sa base électorale, souvent plus réactionnaire que celle du Rassemblement national, Michel Barnier a donc besoin d’appuis. Ces derniers ne demandent d’ailleurs qu’à l’appuyer. Laurent Wauquiez au premier chef, à en croire cette déclaration du député Xavier Breton, dans La Croix : « Laurent Wauquiez incarne un autre profil psychologique que Michel Barnier, ce qui prouve que celui-ci est capable de rassembler des gens différents. »
À propos de « gens différents », Éric Ciotti se laisserait bien tenter, alors que Nadine Morano, naguère porte-voix du sarkozysme de combat, vient de franchir le pas en apportant son soutien à l’outsider dans Le Figaro : « Il y a une considération et un respect réciproques entre [Barnier et Wauquiez] . » En même temps, comme dirait l’autre, Michel Barnier pourrait à la fois satisfaire les demandes de sa base – ce n’est pas pour rien qu’il affirme qu’en matière d’immigration, les lois nationales doivent primer sur les textes européens. En attendant, il poursuit sa tournée des popotes, allant se faire adouber par Édouard Balladur et François Fillon. Quant à Nicolas Sarkozy, dont la présence, à la fois tutélaire et fantomatique, plane sur cette précampagne, il ne dit rien, quoique n’en pensant probablement pas moins.
Au final des courses et à l’heure où tout cela s’apprête à être mis en ligne, c’est la course aux parrainages. Valérie Pécresse en aurait 250 et Xavier Bertrand 427. Éric Ciotti 400 et Philippe Juvin 271. Denis Payre, lui, ne parviendrait pas aux 250 signatures exigées pour pouvoir concourir. Quant à Michel Barnier, les compteurs montent à 702. De quoi donner corps aux pronostics de notre commensal : « Il les bouffera tous ! » Vrai ou pas, plausible ou non, tout semble aller aujourd’hui en ce sens.
Michel Barnier en 2022 ? Naguère donnée pour invraisemblable, cette hypothèse mériterait désormais qu’on y réfléchisse de plus près. Ce ne serait pas la première fois qu’une élection présidentielle nous réserverait une surprise de derrière les fagots.
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