Pour les féministes, Miss France est discriminatoire… et ça se règle aux prud’hommes !

miss france 2021

Naguère, l'élection de Miss France était ce qu'on appelle un moment de télévision populaire. Les familles se mettaient devant la télé, un samedi soir de décembre, pour regarder défiler, venues de tout le pays, les jeunes filles réputées être les plus belles de France. Il y avait un peu de chauvinisme régional par-dessus tout ça, dans les discussions (« Miss Provence fait cagole », « Miss Pas-de-Calais est toute pâlote »...), d'autant plus que ces belles jeunes filles ne défilaient pas seulement en maillot de bain, contrairement à ce qu'un raccourci facile voudrait nous faire accroire. On les voyait aussi en costume régional - ces costumes venus d'une culture française qui n'existe pas. Il y avait des entretiens d'embauche avec le présentateur (moments parodiés par Helmut Fritz dans sa chanson « Miss France » : « Je suis actuellement... en BTS esthéticienne... dans le but de devenir... esthéticienne...»), un présentateur qui fut très longtemps l'inoxydable Jean-Pierre Foucault. Bref, une fois de plus, le dieu Lare de la télévision donnait un peu de sel à l'enchaînement des jours de la France populaire, moquée par les médias.

Cela ne pouvait, on s'en doute, pas durer. Tous ces beaufs ne se rendaient pas compte qu'aimer son pays, ses régions et rendre hommage à la beauté des jeunes filles, c'était en soi un problème. Culture du viol ? Repli régionaliste nauséabond ? Probablement un peu de tout ça. Mais surtout, selon le collectif Osez le féminisme !, discrimination odieuse. En effet, le règlement du concours Miss France stipule que les candidates doivent mesurer au moins 1,70 mètre et être « représentatives de la beauté ». Ça alors ! Le collectif a donc porté plainte pour discrimination à l'embauche sur la base du droit du travail. Le jugement sera rendu aux prud'hommes le 6 janvier prochain.

La production avait pourtant fait un effort sur les critères en cessant d'exiger que les candidates fussent célibataires et sans enfant. Le concept de « Miss », qui signifie « Mademoiselle », est devenu flou avec les années, d'autant que la société a changé. En revanche, 1,70 mètre semblait une norme intangible facile à comprendre, notamment du fait du port de robes de créateurs (faites pour les grandes) lors de la soirée.

En revanche, le second critère, « représentatives de la beauté », me semble plus périlleux en ces temps relativistes. Le temps du nombre d'or, des profils classiques, des silhouettes harmonieuses et d'une représentation univoque de la beauté est révolu. Il n'y a qu'à voir la spectaculaire évolution des campagnes de publicité féminine entre les années 2000 et nos jours. Ce flou artistique n'a pas contenté Fabienne El Khoury qui, au nom d'Osez le féminisme !, a déclaré : « Est-ce qu’en 2022 on peut encore mettre en concurrence des femmes sur des critères sexistes, sur des diktats et injonctions irréalistes ? La société n’a plus envie de ça, ça devient ringard. » C'est qu'au fond, Mme El Khoury doit bien savoir que la beauté est objective et qu'elle obéit à des invariants.

Essayons de répondre à la question de Mme El Khoury.

Oui, en 2022, on peut encore mettre en concurrence des femmes. C'est ce que les femmes elles-mêmes font tous les jours avec les hommes, même si ça ne se passe pas à la télé. C'est le jeu de la vie. Ainsi, dans la pub, quel gros monsieur chauve pourrait exiger représenter une ligne de sous-vêtements sur un panneau en 4x3 ? Deux poids deux mesures. Quant à savoir si ces critères sont sexistes... Disons que oui, dans la mesure où ils sont masculins. Mme El Khoury et ses copines peuvent bien déconstruire tout ce qu'elles veulent, la majorité des hommes préférera toujours Natalie Portman à Marilou Berry. C'est ainsi.

Ensuite, « la société n'a plus envie de ça, ça devient ringard ». Voire ! Pour des quadras parisiennes CSP+ aigries qui, après avoir multiplié les aventures, finiront par malaxer des chatons devant Netflix, peut-être. Pour un couple de Français moyens, peut-être moins. Je crois au contraire que la société française, la vraie, le peuple en somme, a envie de beauté, y compris de la part de ses enfants.

Nous devrions attendre avec impatience le 6 janvier pour savoir s'il est ou non discriminatoire de recruter de belles jeunes femmes pour un concours de beauté. Et même pour savoir s'il est ou non répréhensible d'organiser des concours de beauté. La question, en fin de compte, est de savoir si la beauté objective, y compris des corps, a encore droit de cité, puisqu'elle est une vivante discrimination. On connaît bien la phrase de Dostoïevski : « La beauté sauvera le monde. » Son corollaire est évidemment que le monde accepte de sauver la beauté.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

43 commentaires

  1. Il est urgent de se débarrasser de tous ces mouvements qui polluent l’ensemble des institutions françaises.
    Par ailleurs, il est surprenant que la justice prud’homale se prononce sur ce style de conflit qui ne regarde nullement des juges qui ne manquent jamais de déplorer l’encombrement des rôles judiciaires.

  2. Il serait temps de se rappeler que la capacité à discriminer est une qualité intellectuelle majeure. L’aptitude à distinguer le bien du mal, le beau du laid, le faux du vrai, l’utile de l’inutile, le futile de l’important, le sain du toxique, etc., fait toute la différence entre les imbéciles et les autres.

  3. Bonjour ! Juste en passant par là , je souhaitais vous dire que j’étais petit , gros , chauve , que ça m’allait très bien et que personne ne s’en plaignait , pas même moi ! Par contre , je ne me suis jamais posé la question de me présenter à Monsieur Univers !

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