[Point de vue] LOPMI : demain une police cyborg ?

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Aux lendemains du vote de la LOPMI (loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur), il est pointé le fait qu’un montant de 38 millions d’euros de grenades, entre autres lacrymogènes, a été commandé pour nos forces de l’ordre ; 10 millions d’unités, rapprochement facilement fait avec le risque de réaction à la réforme des retraites en 2023…

Cette loi fixe les moyens du ministère, et de nos forces, pour les cinq prochaines années (8.500 créations de postes de policiers et gendarmes, 15 milliards de crédits supplémentaires), mais avec quelques sujets qui éveillent la vigilance et l’interrogation malgré de nombreux garde-fous exprimés dans cette marche vers toujours plus de « cyber ».

Beaucoup de points sont positifs sur l’aspect sécuritaire et préventif pour notre pays. Le délai est porté à 72 heures pour plainte d’un professionnel en cas de cyberattaque, la saisie des actifs numériques par un officier de police judiciaire, à l’identique des avoirs bancaires, est rendue possible et sont ouvertes les conditions de remboursement en cas de cyber-rançonnage.

Le RRF (Réseau radio du futur) est présenté pour contrer l’obsolescence des réseaux de communication internes (téléphone, échange de médias) utilisés aujourd’hui par les agents du ministère en utilisant toujours les infrastructures des opérateurs privés mais avec conditions de priorité d’utilisation.

Policier, gendarme, pompier et agent « augmentés »

En revanche, le rapport annexé à cette LOPMI et décrivant une « révolution numérique profonde » soulève quelques craintes sur les dérives de la dotation en matériel et en logiciels connectés et « intelligents » des agents et des services.

Si, d’une part, la systématisation du numérique est présentée pour libérer des tâches de bureau nos policiers et gendarmes, d’autre part, ces outils devraient favoriser leur présence sur le terrain, sur les théâtres de faits, ce qui est une bonne chose pour la communauté.

En revanche, policiers, gendarmes et pompiers deviendront des agents « augmentés », avec même évocation explicite d’exosquelettes interconnectés, des caméras piéton embarquées avec, sans doute, un fichage et une reconnaissance faciale… La dotation en drones est aussi présente dans ce rapport avec les matériels novateurs. Il est même précisé que ces équipements seraient en souveraineté française !

Seule la NUPES, emmené par LFI, a voté contre la LOPMI pour des raisons dogmatiques et idéologiques. Sur cette même mouvance « à gauche », les représentants de ces idées, à savoir la Quadrature du Net, le Syndicat des avocats de France (SAF), le Syndicat de la magistrature, entre autres, membres de l’OLN (l’Observatoire des libertés et du numérique), avaient signé, il y a quelques semaines, un communiqué « invitant les députés à voter la suppression de l’article 1 » évoquant la « cybernétisation » de l’agent avec une déshumanisation du contact avec le citoyen, des conséquences sur le durcissement répressif et la surveillance.

D'une certaine façon, en donnant un blanc-seing au gouvernement, on installe une surveillance universelle où même le parfait citoyen vertueux pourra être tracé à tout moment et pour nombre de ses actes courants, dans la rue, dans les commerces, lors de manifestations... La plus grande vigilance sur les moyens « cyber » automatiques et de surveillance généralisée doit donc être de mise pour, chose inespérée en 2022, des moyens, encore une fois, dits souverains du ministère de l’Intérieur sans entrevoir une mainmise de l’Union européenne sur ces affaires… intérieures.

Lionel Mazurié
Lionel Mazurié
Vice-président de Debout La France, chargé du Numérique

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Nul doute que ces nouvelles prescriptions ne visent pas la racaille ou les black blocs qui sont tous bien connus de la police et de la justice… alors qui ?!

  2. Si cet arsenal technologique n’est utilisé que contre la délinquence, drogue, attentats et autres, pourquoi pas. Malheureusement, il est difficile de croire que nos excellents politique n’en réserve pas l’usage à quelque « flicages », ou encore à la lute acharnée contre la fantasmagorique « essstrrêmm drôate ».

  3. Les citoyens « normaux » n’ont rien à craindre. Si cela peut diminuer la criminalité et autres infractions, avec de vraies sanctions pas des simulations, alors je suis pour

    • C’est là que le bât blesse ! Parce que nous pourrions être surveillés pour établir des statistiques mais pas pour être protégés! Parce que si nous avons toujours aussi peu de place de prison et des tribunaux encombrés avec des juges récidivistes , cela ne changera rien à l’affaire !
      Si au moins cela pouvait nous débarrasser des milices anti fa et autres casseurs black blocs, en mettant en lumière, toute l’hypocrisie qui entoure l’impunité dont dispose ces groupes de factieux !!

    • Bonjour Marianne,
      Si le but avait été de réduire la criminalité, ne fut-ce qu’un seul jour, depuis l’avènement de MM. Badinter et Mitterrand, soit plus de quarante ans, la société ne serait pas dans l’état de décomposition qui est le sien.
      Cette situation est indiscutablement souhaitée dans un but destructeur.
      Et malheureusement rien n’indique un quelconque changement, ni dans les projets de la classe à l’origine de la situation en question, ni dans le comportement de ceux qui soutiennent cette classe, le plus souvent sans en avoir conscience.
      Mais ,
      Bonne journée à vous.

  4. Il y a déjà des signes nets qui indiquent que la notion de vie privée devient un luxe, avant d’être, demain, un délit, puis un crime.

  5. Beaucoup de journalistes tournent en dérision les applications de la Chine en matière sociétale. Il serait peut-être plus judicieux de s’en inspirer, d’analyser leur expérience. Ce sera notre devenir dans peu de temps. C’est déjà dans les tuyaux. Il suffit de prendre la peine de tracer votre smartphone, dans toutes ses applications, vernales, écrites et en déplacements. La puissance de l’I.A. et de ses supports le permettra dans peu de temps.

  6. Cela existe déjà en Chine avec une certaine efficacité semble-t-il. Il n’y a que la gauche qui est pour la liberté de frauder.

  7. Français, soyez rassuré, la macronie utilise l’argent de vos impôts pour vous brimer, au présent et dans la futur. Les délinquants n’en payant pas,, ne seront pas ciblés.

  8. Je crains de connaitre la suite. On en a déjà eu un avant goût avec les radars automatiques et la vidéo-verbalisation. La parfaite usine à cash mise en place par Sarkozy, continuée par Hollande et modernisée par Macron semble-t-il. Le Français moyen aura toujours des dealers dans sa cage d’escalier, se fera bruler sa voiture quand les FDO oseront contrôler un scooter fou dans la cité, se fera égorger par des « déséquilibrés », agresser par des « mineurs isolés », dépouiller dans les transports en commun. Les Françaises continueront à sa faire harceler dans les rues, s’obligeront à adopter des tenues vestimentaires type baskets-sac-à-à-patates pour ne pas attirer les regards et pouvoir s’enfuir, éviteront certaines rues à certaines heures, et malheureusement se feront violer tout de même par des innocents « qui n’ont pas les codes ». Le meilleur des mondes pour les envahisseurs, l’enfer pour les Français pris en tenaille entre un état policier aveugle qui ne protège plus, mais sanctionne le moindre écart, et des criminels totalement désinhibés.

  9. Il y a gros à parier que ça ne va pister que les gens honnêtes, les petits malins et les malfrats trouveront vite le moyen de contrer les machines , ce qui est certain par contre c’est que nous perdons tous les jours un peu de liberté et que Big Brother gagne du terrain. Nous sommes déjà totalement dépendants de l’électricité et de l’informatique et pas la peine de fabriquer des bombes, celui qui tiendra les machines et autres robots d’un pays aura gagné la guerre.

  10. L’homme n’est pas un robot et nous devons nous méfier de tout système déshumanisé. A bien y regarder, c’est plus la surveillance de l’honnête citoyen qui est recherchée que l’arrêt de la criminalité. Le système de gouvernement par la peur a de beau jour devant lui. A nous citoyens de refuser ce système et de retrouver notre liberté.

  11. Ces moyens ne seront utilisés que contre les français qui manifestent pacifiquement comme les giltes jaunes , les racailles peuvent donc continuer , en toute impunité à casser , agresser et massacré les forces de l’ordre . Ces élus commencent ils à craindre un mouvement de masse venant du peuple français pour s’équiper ainsi ?

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